lundi 5 décembre 2022

28 potentielles exécutions en lien avec les manifestations nationales

 Amnesty International – Au moins 28 personnes, dont trois enfants, risquent d’être exécutées en lien avec les manifestations nationales, les autorités iraniennes utilisant la peine de mort comme outil de répression politique pour susciter la peur au sein de la population et mettre fin au soulèvement populaire. Au moins six personnes ont déjà été condamnées à mort lors de procès fictifs.

Amnesty International craint qu’en plus des 28 personnes identifiées, de nombreuses autres risquent d’être exécutées, compte tenu des milliers d’actes d’accusation émis. Ces inquiétudes sont renforcées par les appels officiels à des procès rapides et à des exécutions publiques. Sur les neuf hommes jugés par différents tribunaux révolutionnaires ou par le tribunal spécial de Téhéran fin octobre ou début novembre, seul Mohammad Ghobadlou est poursuivi en relation avec la mort d’un fonctionnaire de police. Mohammad Boroughani est accusé d’avoir participé à un incendie criminel et d’avoir attaqué un agent de l’État lors des manifestations nationales. Les sept autres hommes sont inculpés pour des actes présumés de vandalisme, d’incendie criminel et de destruction de biens publics et privés. Il s’agit d’une nouvelle violation grave des obligations des autorités iraniennes au regard du droit international, qui prévoit que les crimes capitaux doivent être limités aux  » crimes les plus graves  » impliquant un homicide volontaire.

Mohammad Ghobadlou a été torturé ou autrement maltraité en détention, notamment par un isolement prolongé et le refus de lui donner ses médicaments. Un rapport médico-légal daté du 20 octobre fait également état d’ecchymoses et de blessures sur son corps subies en détention.

Le procès collectif de 15 autres personnes pour  » inimitié envers Dieu  » (moharebeh) s’est ouvert le 30 novembre devant la branche 1 du tribunal révolutionnaire de la province d’Alborz, en lien avec les manifestations nationales. Les autorités ont attribué à tous les accusés, collectivement, l’agression mortelle d’un agent de la force paramilitaire Bassidj, sans préciser l’implication présumée de chacun dans l’incident.

Parmi les personnes jugées figure un couple marié, Farzaneh Ghare-Hasanlou et Hamid Ghare-Hasanlou, qui est médecin. Selon une source informée, les autorités ont torturé le couple pour arracher des « aveux » à Hamid Ghare-Hasanlou et contraindre Farzaneh Ghare-Hasanlou à faire des déclarations incriminantes contre lui. Le 6 novembre, deux jours après leur arrestation, les médias officiels ont diffusé des vidéos décrivant le couple et d’autres personnes qui y figuraient comme des  » meurtriers  » et diffusant leurs  » aveux  » forcés.

Le 1er décembre, il a été retiré de l’hôpital, où il avait été opéré pour une hémorragie interne, et emmené au tribunal pour y être jugé alors qu’il était lourdement sédaté et en convalescence, puis renvoyé à l’hôpital. Les deux premiers avocats du couple ont retiré leur plainte après avoir été menacés par des agents des services de renseignement et de sécurité.

Le procès de Majidreza Rahnavard pour  » inimitié envers Dieu  » (moharebeh) s’est ouvert devant un tribunal révolutionnaire le 29 novembre. Les autorités l’accusent d’avoir mortellement poignardé deux bassidjis à Mashhad, dans la province de Khorassan-e Razavi, le 17 novembre, douze jours seulement avant l’ouverture de son procès. Avant son procès, les médias officiels ont diffusé des vidéos montrant Majidreza Rahnavard interrogé par des fonctionnaires et des journalistes des médias officiels alors qu’il avait les yeux bandés et faisait des déclarations auto-incriminantes sous la contrainte. Il est qualifié de « meurtrier » dans ces vidéos, en violation de la présomption d’innocence. Dans les vidéos, son bras gauche apparaît lourdement bandé et plâtré, ce qui fait craindre des actes de torture.

Le rappeur dissident Toomaj Salehi a été arrêté dans la province de Chaharmahal et Bakhtiari le 31 octobre. Il est accusé d' » inimitié à l’égard de Dieu  » (moharebeh) et de  » corruption sur terre  » (efsad-e fel arz), toujours en lien avec les manifestations nationales.

Il dénonce les pratiques injustes des institutions de la République islamique et réclame la liberté et les droits de l’homme pour le peuple iranien. Son dossier a été transmis au tribunal révolutionnaire d’Ispahan.

Selon une source informée, il a été torturé en détention.

Amnesty International a recueilli des informations indiquant qu’Ebrahim Rigi et Akbar Ghafari sont également passibles de la peine capitale, mais aucune annonce officielle n’a été faite par le système judiciaire iranien concernant leur cas, contrairement aux 26 autres. Akbar Ghafari, qui a été arrêté après avoir hébergé des manifestants au domicile de sa sœur à Téhéran, est accusé d' » inimitié envers Dieu  » (moharebeh) en lien avec la mort d’un agent de sécurité à Téhéran. Selon un prisonnier qui a été brièvement détenu à ses côtés à la prison d’Evine, Akbar Ghafari, qui ne sait pas lire, a été contraint sous la torture de signer une déclaration dont il a découvert par la suite qu’elle l’incriminait faussement dans le meurtre. Il est maintenant détenu au secret dans le pénitencier du Grand Téhéran, également connu sous le nom de prison de Fashafouyeh. Ebrahim Rigi, qui appartient à la minorité baloutche d’Iran, a été arrêté le 13 septembre à Zahedan, dans la province du Sistan-Baloutchistan.

Pour en savoir davantage : https://www.amnesty.org/en/documents/mde13/6271/2022/en/

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