mardi 6 décembre 2022

Iran : Les manifestations à Zahedan déjouent la répression et les complots du régime

 Trois mois après le début du soulèvement national iranien, les villes de la province du Sistan-Baloutchistan, dans le sud-est de l’Iran, ont montré l’extraordinaire courage des habitants, principalement de la minorité baloutche opprimée, qui ont rejeté les efforts du régime pour les dépeindre comme des séparatistes.

Malgré la répression sévère des manifestations précédentes dans cette province et le meurtre de plus de 130 manifestants non armés, les manifestants sont descendus dans la rue vendredi en scandant des slogans contre la théocratie iranienne au pouvoir, en particulier contre le Guide Suprême Ali Khamenei.

Ce vendredi encore, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants non armés et ont tenté de disperser la foule à l’aide de tirs aériens et en faisant voler des hélicoptères au-dessus des villes. Néanmoins, elles n’ont pas réussi à étouffer les manifestations.

Les manifestations de vendredi dans la province du Sistan-Baloutchistan ont été suivies de dizaines d’autres manifestations à travers l’Iran, notamment à Arak et à Izeh, où les habitants se sont rassemblés pour rendre hommage aux martyrs. Ils auraient juré de poursuivre leur lutte pour la liberté en scandant : « Nous nous battrons et reprendrons l’Iran ».

Ces manifestations ont eu lieu quelques jours après que Khamenei a envoyé son principal homme de main, le commandant des Gardiens de la révolution (pasdaran) Hossein Salami, dans la province du Sistan-Baloutchistan, pour tenter d’intimider le public tout en parlant de « réformes ».

Salami était le deuxième représentant que Khamenei envoyait dans cette province rétive au cours des trois derniers mois. En tant que représentant spécial de Khamenei, Mohammad Javad Haj Ali Akbari s’est rendu à Zahedan, la capitale du Sistan-Baloutchistan, et s’est entretenu avec les religieux sunnites dans le but de faire baisser les tensions et de présenter le conflit dans les villes à dominante sunnite comme une « erreur ».

Mais quelques jours plus tard, les Iraniens sont descendus dans la rue pour démentir les affirmations de réforme du régime ou les efforts futiles pour minimiser le meurtre de sang-froid de civils innocents.

Les manifestations de vendredi dernier, au cours desquelles des personnes ont interpellé l’ensemble du régime, témoignent de la vigilance croissante et de la prise de conscience de la population. On a entendu des habitants scander : « Nous n’avons pas sacrifié des martyrs pour négocier avec le dirigeant meurtrier », en référence à Khamenei.

Les manifestations du vendredi ont démontré une étonnante unité nationale, les manifestants baloutches tenant des panneaux et des pancartes et scandant des slogans de solidarité avec d’autres régions d’Iran, notamment leurs frères kurdes. En déclarant que « les Kurdes et les Baloutches sont frères ; ils sont l’ennemi de Khamenei », ils ont une fois de plus souligné que l’ennemi commun est la théocratie au pouvoir.

Mais ce qui a rendu les manifestations de vendredi dernier dans la province du Sistan-Baloutchistan uniques, c’est la présence généralisée de femmes baloutches sur les lignes de front des manifestations. Parmi les régions les plus conservatrices d’Iran, les femmes de cette province ont gagné leur place de pionnières du soulèvement en prenant la tête des manifestations de vendredi. On les a entendues scander : « Avec ou sans hijab, en avant vers la liberté. »

Leur présence, ainsi que leur slogan, rejette la théorie du régime iranien et de ses pontes selon laquelle les revendications de la révolution démocratique iranienne, en particulier celles des femmes, sont réduites à quelques besoins fondamentaux plutôt qu’à la liberté, la démocratie et le changement de régime.

Depuis le début du soulèvement national, le régime iranien s’est efforcé de cibler l’unité nationale ou de vulgariser ce que beaucoup considèrent comme la révolution iranienne en décrivant les manifestants comme des agents étrangers, des séparatistes et des pervers. Pourtant, l’unité nationale du peuple et son objectif commun de parvenir à la démocratie ont bel et bien déjoué les efforts pathétiques du régime.

La poursuite des manifestations, contre toute attente, ne montre pas seulement la détermination inébranlable du peuple à changer de régime, mais annonce le début d’une nouvelle ère en Iran et que la peur s’est déplacée dans le camp du régime.

Dans son dernier discours, le 26 novembre, Khamenei a affirmé que les demandes du peuple étaient celles criées par ses agents payés lors des manifestations organisées par l’État. Ainsi, les slogans populaires tels que « A bas Khamenei » et « A bas le dictateur » l’ont effectivement interpellé.

Cette bravoure, au milieu des complots et des violences sans fin du régime, mérite un soutien international plus concret et des moyens pratiques pour mettre fin à la brutalité du régime, comme la reconnaissance du droit du peuple iranien à l’autodéfense et la rupture de tous les liens avec Téhéran. Ces actions envoient certainement un message de force à Khamenei, poussant son régime au bord de la déchéance.

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