Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), était l’oratrice principale de l’événement et s’est exprimé sur l’état actuel du soulèvement national iranien et sur ce que les démocraties occidentales peuvent faire pour soutenir sa quête de liberté.
Les interventions des députés
Dans son allocution d’ouverture, Mme Judy Sgro, membre du Parlement et ancienne ministre de l’Immigration, a présidé la conférence, a remercié Mme Radjavi pour ses remarques et a réitéré son soutien à la Résistance iranienne et au soulèvement national en cours. Elle a également souligné que le CNRI est la coalition démocratique iranienne de longue date des groupes d’opposition depuis 1981, qui recherche un Iran pluraliste, non nucléaire et démocratique. Elle a soutenu l’appel de Mme Radjavi à mettre le CGRI sur liste noire.
Le député Michael Cooper s’est adressé à l’événement. Il a remercié Mme Radjavi d’avoir donné un aperçu complet de la situation actuelle en Iran. « Le gouvernement du Canada a pris des mesures importantes, mais il reste encore du travail à faire. Parmi eux, c’est de répertorier le CGRI comme organisation terroriste et de veiller à ce que les agents du régime au Canada ne soient plus les bienvenus au Canada, mais qu’ils soient renvoyés chez eux et que leurs avoirs soient saisis », a-t-il ajouté, approuvant l’appel à l’action de Mme Radjavi.
« Plus largement, nous devons travailler avec nos alliés démocratiques pour imposer une pression maximale sur le régime et pour qu’ils soutiennent la résistance et documente les crimes énormes qui sont commis contre le peuple iranien« , a-t-il poursuivi.
Le député David Epp a qualifié la résistance actuelle en Iran d' »inspirante » et a partagé son expérience concernant sa visite à Achraf 3, le siège de l’OMPI en Albanie, en particulier ce qu’il a vu au Musée de la Résistance à Achraf.
J’ai été la première à la Chambre des communes à déposer une motion en faveur des droits des femmes en Iran, qui a été largement appuyée. Pour moi, il est important d’être solidaire avec vous. Nous sommes à vos côtés, et nous suivrons la situation de près.
La députée Andréanne Larouche était également parmi les participantes de la conférence du 22 novembre. Tout en soutenant la lutte des femmes iraniennes pour la liberté, elle a déclaré qu’elle avait été la première à la Chambre des communes à déposer une motion en faveur des droits des femmes en Iran, qui a été largement soutenu. « C’est important d’être solidaire avec vous. Nous sommes à vos côtés et nous suivrons la situation en Iran de près. »
L’intervention de Maryam Radjavi, présidente élue du CNRI
« Aujourd’hui, l’Iran traverse un moment critique de son histoire. Malgré la répression généralisée, un soulèvement national dure depuis plus de deux mois et s’est intensifié ces derniers jours. Au cours de cette période, au moins 625 personnes ont été tuées par les forces du régime.
Chaque jour, de nouveaux pans de la société rejoignent le soulèvement. La semaine dernière, le Bazar de Téhéran et de la plupart des villes ainsi que certaines catégories de travailleurs ont rejoint la grève.
Le rapport de force entre le peuple et la Résistance d’un côté et le régime des mollahs de l’autre a changé. L’Iran est à la veille d’un changement majeur.
Aujourd’hui, très brièvement, je voudrais aborder quatre sujets :
– Le soulèvement du peuple iranien a-t-il émergé du jour au lendemain ?
– A quoi aspire-t-il ?
– Quelle est la feuille de route pour réaliser cette aspiration et quels sont les obstacles ?
– Qu’attend le peuple iranien de la communauté internationale ?
La nature du phénomène
Le soulèvement actuel ne s’est pas produit du jour au lendemain. Il s’enracine dans 43 ans de répression. Les femmes sont à l’avant-garde de ce soulèvement car elles ont subi une double oppression. Elles ont été privées de tous leurs droits fondamentaux. Le soulèvement est fondé sur des conditions objectives.
En outre, il s’enracine dans une résistance de 40 ans avec 120 000 martyrs. Trente mille prisonniers politiques ont été massacrés rien qu’au cours de l’été 1988. Le courage des garçons et des filles en Iran, dont le monde est témoin aujourd’hui, s’inspire de ces sacrifices inscrits dans la mémoire historique de la nation.
L’aspiration du peuple iranien
L’aspiration du peuple iranien, en particulier des femmes, est mise en évidence dans les slogans. Il veut renverser le régime dans sa totalité.
Ayant tiré les leçons des expériences passées, notamment de la révolution antimonarchique de 1979, le peuple iranien sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Les Iraniens ne veulent pas de tyrannie religieuse. Ils ne veulent pas non plus revenir à la dictature du chah et à son système de parti unique. Le chah disait publiquement que quiconque n’était pas d’accord avec son parti devait être en prison. Aujourd’hui, des slogans comme « à bas le tyran, qu’il soit chah ou mollahs » et d’autres slogans similaires font partie de la culture révolutionnaire en Iran.
Le peuple iranien souhaite une république démocratique fondée sur la séparation de la religion et de l’Etat, un système multipartite, l’égalité et les droits humains fondamentaux pour tous les citoyens. Il veut un Iran où personne ne jouira d’un quelconque privilège en raison de sa religion, de son origine ou de sa famille.
La feuille de route de cet objectif
Mais comment atteindre cet objectif et quels sont les obstacles ? Le moyen d’atteindre cet objectif est de renforcer la résistance. Le peuple iranien sait que personne ne lui offrira la liberté sur un plateau d’argent. Le principal obstacle est la répression brutale du régime et les complots visant à détruire son alternative politique. Le régime a récemment eu recours à une nouvelle tactique de répression.
Le 16 novembre, dans la ville d’Izeh, dans le sud-ouest de l’Iran, les agents du régime ont ouvert le feu sur les manifestants, tuant au moins dix personnes, dont trois enfants de moins de dix-huit ans, parmi lesquels se trouvait un garçon de dix ans, Kian. Mais le régime a prétendu que c’était l’œuvre de terroristes. Au cours des deux derniers mois, environ 60 enfants et adolescents ont été tués par les forces de répression.
Ces derniers jours, le régime a lancé des attaques sur Javanroud, Mahabad et d’autres villes avec des armes lourdes et des blindés, faisant plusieurs morts et blessés.
Certains se demandent comment les gens, en particulier les jeunes, sont encore dans les rues, malgré la répression brutale. La réponse est simple : Ils ne voient pas d’avenir avec ce régime. Ils disent clairement n’avoir rien à perdre. Pour le peuple iranien, la lutte contre le régime par tous les moyens, en dernier recours, est devenue inévitable.
Comme le dit le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression. »
Se référant aux unités de résistance affiliées aux Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), les responsables du régime ont annoncé avoir arrêté des centaines de « meneurs des protestations ». Les personnes arrêtées sont soumises à la torture et risquent d’être exécutées.
Dans une telle situation, la règle d’or pour le succès du mouvement populaire est d’être organisé. Ce n’est pas sans raison que le régime iranien s’en prend de plus en plus à l’OMPI, le seul mouvement de résistance organisé en Iran. Il s’en prend également au Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) dans tous les domaines comme étant son alternative politique.
Le régime iranien considère l’OMPI comme la seule menace à sa survie. La relation du régime avec les pays occidentaux est basée sur leur position vis-à-vis de l’OMPI. Le directeur du pouvoir judiciaire chargé des affaires internationales a déclaré en juin dernier : « Pas une réunion avec les ambassadeurs ou les délégations européennes n’a eu lieu sans que nous ayons abordé la question de l’OMPI. » Cela montre clairement que le régime craint la Résistance iranienne et qu’il est prêt à recourir à tous les crimes pour la détruire.
En plus de la répression intérieure, le régime a lancé une campagne de désinformation au niveau international et dans l’espace virtuel contre sa principale opposition. Les agents du régime agissent sous différentes couvertures, notamment celle de critique afin de justifier davantage de répression et d’exécutions d’opposants. Ce faisant, il veut donner l’impression qu’il n’existe pas d’alternative démocratique et organisée au régime. Et si le régime clérical est renversé, l’Iran et la région seront en proie à l’instabilité.
Mais c’est une grande imposture. Il existe une résistance à l’échelle nationale et une alternative politique démocratique en Iran. Le Conseil national de la Résistance iranienne (OMPI) est une coalition de différentes forces et tendances politiques qui promeuvent l’unité pour un changement de régime et l’instauration de la démocratie en Iran. Le CNRI est la coalition politique qui a la plus longue existence dans l’histoire moderne de l’Iran.
Le secret de la persévérance du CNRI réside dans son engagement envers ses principes, la transparence de ses positions et ses relations démocratiques. Le CNRI a déclaré à maintes reprises qu’il était prêt à coopérer avec toutes les autres forces sur la base de trois principes :
– Mettre fin à l’ensemble du régime,
– L’instauration d’une république,
– et la séparation de la religion et de l’état.
Car nous croyons fermement qu’une coalition sera stable si ses membres ont des principes communs.
Nous approchons de l’anniversaire de l’attaque aux missiles des pasdarans contre le vol 752, qui a tué 176 innocents. Le refus du régime d’assumer la responsabilité de ce terrible crime montre au monde entier sa véritable nature. Avec tous ces crimes, il est clair pour tous que ce régime ne comprend que le langage de la fermeté.
Dans une telle situation, notre peuple et nous-mêmes attendons du Canada :
1- qu’il reconnaisse le droit du peuple iranien à se défendre et sa lutte pour renverser le régime.
2- qu’il inscrive l’ensemble du ministère du Renseignement et l’ensemble du corps des pasdarans, les principales forces répressives de Khamenei, sur les listes des entités terroristes du Canada et des Nations Unies.
3- qu’il prive les agents du régime de leur citoyenneté et les expulse. »
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