La militante Narguesse Mohamadi, vice-présidente de centre des défenseurs des droits de l’Homme en Iran, a dénoncé les discriminations dont sont victimes les femmes prisonnières politiques en Iran.
Dans une lettre écrit depuis la prison à l'adresse du procureur de Téhéran, la célèbre militante des droits de l'homme s'est insurgée contre les conditions infligées aux femmes dans les prisons iraniennes et les acharnements dont elles sont victimes. Elle a dénoncé les intimidations et les atteintes à la pudeur des prisonnières politiques, autant d'actes de torture qu'elle a dû elle-même subir depuis son incarcération en mai 2015.
Narguesse Mohammadi qui souffre de plusieurs problèmes de santé, a dénoncé les conditions inacceptables imposées par les gardiens qui ne la quittent même pas à l'hôpital, dans la salle de bain ou la salle d'opération, où elle doit constamment porter des menottes. Elle n'aurait pu accomplir des examens dans endoscopie, de colonoscopie et de biopsie demandée par les médecins.
« Considérant mon expérience des dernières années, je constate les discriminations flagrantes et l'acharnement extrême à l'encontre des femmes prisonnières politiques et prisonnières de conscience (dans les déplacements, les conditions d’hospitalisation et de détentions). Je considère que ces discriminations s'inscrivent dans la suite des discriminations à l'encontre des femmes dans la société iranienne et je m'insurge contre cette situation ».
Les militants des droits de l'homme en Iran déplorent les pressions exercées par les autorités iraniennes contre de cette militante courageuse dont l’état de santé s'est détériorée ces derniers mois. Les conditions difficiles de la prison ont aggravé ses problèmes et ceux-ci ont été provoqués notamment à cause de ses multiples séjours en prison. , dont la première remonte à 2010 quand elle a été placée en isolement pendant plusieurs mois. Elle avait alors été accusée de “réunion et complot contre la République islamique”, “publicité contre le régime” et “collaboration avec le Centre des défenseurs des droits de l’homme” (interdit).
Le 29 juin dernier, 650 militants de la société civile et des personnalités culturelles et universitaires ont signé un appel pour la libération de Nargesse Mohammadi qui est lauréate de prix internationaux pour son combat courageux en faveur des droits de l'homme en Iran. Ses enfants ont dû fuir à Paris pour échapper aux représailles de la redoutable Vevak (police secrète).
Narguesse Mohamadi purge une peine de six ans de prison ferme. Une des principales causes de l'acharnement du régime à son encontre c'est avoir osé rencontrer la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, en 2012. Elle accompagnait la mère de Sattar Behechti, un jeune blogueur tué sous la torture pour avoir dénoncé les forfaitures du Guide suprême
Narguesse Mohamadi a entrepris une grève de la faim en mai 2015 pour protester contre son arrestation ill
égale et dans une lettre envoyée de la prison, elle s’est insurgé contre les juges islamistes qui intriguent pour la mettre à genoux : «On m’a menacée que le juge (Salavati) prononcerait un verdict très défavorable parce qu’on fait trop de bruit à mon sujet à l’extérieur. J'ai été arrêtée par les forces de sécurité du ministère du Renseignement. On m'a menti lors de mon interpellation en affirmant que ce n’était que pour un bref interrogatoire. On ne m’a pas autorisée à m'occuper de mes enfants. Je n'ai toujours pas vu le mandat d'arrêt me concernant. »
Le 3 mai 2015, elle a été convoquée devant la 15e chambre du tribunal de la révolution de Téhéran pour répondre des accusations telles que “action contre la sécurité nationale et publicité contre le régime” et pour ces “récentes activités”, notamment pour avoir participé aux différentes campagnes contre la peine de mort ou contre l’impunité en Iran.
L’arrestation de Narguesse Mohammadi a entraîné de nombreuses réactions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Ses compagnons de lutte, notamment la mère de Sattar Beheshti et le professeur Mohammad Maleki, figure universitaire emblématique en Iran, ont organisé un sit-in devant la prison d’Evine. Sarvnaz Chitsaz, présidente de la commission des Femmes du CNRI, a appelé les instances internationales et les défenseurs des droits humains et des droits des femmes de prendre des mesures efficaces pour la faire libérer au plus vite, ainsi que les autres prisonnières politiques.