vendredi 14 mai 2021

Les forces de sécurité répondent par la force aux protestations des lycéens iraniens

High-School-Protests-Iran

CSDHI – Syndicat des enseignants : « De quel droit la police peut-elle traiter les enfants de notre pays avec une violence aussi brutale ? » À l’approche des examens de fin d’études secondaires en Iran, les lycéens de tout le pays ont protesté contre la décision du ministère de l’éducation de faire passer des tests en présentiel aux élèves de neuvième et de douzième année, malgré la pandémie de la COVID-19 qui fait rage.

À la mi-mai 2021, les étudiants ont organisé des rassemblements dans plus de 20 villes iraniennes. La police en a violemment réprimé certains et elle les a qualifiés de menace pour la « sécurité nationale. »

Pourquoi les étudiants protestent-ils ?

Le ministre de l’éducation, Mohsen Haji-Mirzaei, a défendu la décision du ministère d’organiser des examens en présentiel en déclarant que les examens virtuels permettaient davantage de tricheries.

Lors des manifestations, les lycéens ont répondu par des chants. On pouvait les entendre chanter : « il ne peut y avoir d’examens en présentiel avec la COVID » et « nous ne voulons pas d’examens en présentiel. » Tous avaient répondu présents lors de rassemblements organisés devant les départements de l’éducation à Téhéran, Ispahan, Karaj, Tabriz, Chiraz, Foulad-Shahr, Ahwaz, Yazd, Qazvin, Zanjan, Semnan, Birjand, Khorramabad, Shahr-e Kord, Dezful, Boroujerd, Ardabil et de nombreuses autres villes entre le 3 et le 10 mai.

Les étudiants et leurs parents affirment qu’il est dangereusement irresponsable de la part des autorités d’insister sur les examens en présentiel alors que les chiffres d’infection et de décès par la COVID-19 par habitant en Iran sont parmi les pires au monde.

Un régime incapable d’anticiper et protéger sa population

Le ministère de la santé a signalé 366 décès et plus de 18 000 nouveaux cas le 12 mai. Mais le nombre réel est certainement beaucoup plus élevé. Au total, plus de 76 000 Iraniens sont morts de la maladie, selon le décompte officiel. 45 villes iraniennes sont actuellement en « rouge » (le plus grand nombre de cas), 264 en « orange », et 139 en «  jaune. »

On a critiqué, à la rentrée de septembre 2020, le ministère de l’éducation. Forcément, il n’a pas anticipé l’accessibilité limitée à l’enseignement en ligne. En effet, de nombreuses familles sont incapables de s’offrir des ordinateurs ou des appareils mobiles pour leurs enfants. En effet, cela a contraint un pourcentage élevé d’entre eux à abandonner l’école. Certains ont même invoqué cette inaccessibilité avant de se suicider.

L’article 27 de la Constitution iranienne garantit non seulement le droit d’organiser des manifestations pacifiques. Mais en plus, l’article 30 exige également que le gouvernement « fournisse à tous les citoyens une éducation gratuite jusqu’à l’école secondaire. »

Manifestations violemment réprimées

Les médias locaux ont décrit les réactions violentes de la police lors de certains rassemblements d’étudiants.

« Malheureusement, dans certaines villes, comme Qazvin, Yazd, Foulad-Shahr et Ispahan, la police a eu recours à la violence pour disperser des rassemblements pacifiques d’étudiants. » C’est ce qu’a déclaré l’Association iranienne du commerce des enseignants, dans un communiqué, le 8 mai 2021.

Elle a ajouté : « L’utilisation de la force, du gaz poivré et des matraques pour intimider et arrêter les étudiants et les jeunes mineurs est une violation choquante du comportement humanitaire et civil. C’est une erreur d’utiliser la violence pour faire face à des rassemblements aussi simples. Au contraire, les autorités devraient plutôt engager la discussion et apprendre aux lycéens comment se comporter de manière civile. »

« De quel droit la police traite-t-elle les jeunes enfants de notre pays avec une violence aussi brutale ? », peut-on lire dans le communiqué.

Une grave menace pèse sur l’avenir des manifestations de lycéens

Il s’agit de la première manifestation nationale importante de lycéens depuis l’instauration de la République islamique d’Iran en 1979. Elle a rejoint ainsi d’autres secteurs tels que les enseignants, les travailleurs et les retraités. Tous réclament activement des salaires plus élevés d’un pays confronté à de graves problèmes économiques.

« Notre pays ne prête aucune attention au rôle de la génération Z dans l’élaboration de nos futures politiques intérieures et étrangères », a estimé le 7 mars 2021 Sobhe Sadegh. Il s’agit d’un site d’information officiel en Iran entretenant des liens étroits avec les pasdarans.

Il a ajouté : « Certaines caractéristiques de la génération Z, notamment en ce qui concerne Internet, montrent clairement que gouverner sur eux ne sera pas aussi facile que pour les générations précédentes. »

Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran

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