dimanche 9 mai 2021

Le régime détruit les preuves du pire crime contre l’humanité en Iran

 Plus de 150 experts juridiques et des Droits de l’Homme, dont 45 anciens responsables des Nations Unies, ont récemment signé une déclaration de l’organisation « Justice pour les victimes du massacre de 1988 en Iran ». Le document appelle le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU à «mettre fin à la culture de l’impunité qui existe en Iran en créant une commission d’enquête sur les exécutions de masse et les disparitions forcées en 1988».

Cette déclaration est apparue environ une semaine seulement après que les familles des victimes de ce massacre aient envoyé une lettre au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, appelant à des mesures pour empêcher les autorités iraniennes de mettre en œuvre son plan de démolition et de construction des fosses communes identifiées de manière informelle par les militants et défenseurs des Droits Humains. La lettre soulignait les récentes efforts visant à détruire un site au cimetière Khavaran à Téhéran et notait que le régime iranien avait auparavant «détruit ou endommagé les fosses communes des victimes de 1988 à Ahvaz, Tabriz, Machhad et ailleurs».

Au total, des fosses communes similaires auraient été identifiées dans au moins 36 villes par l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI / MEK). Ce mouvement a été la principale cible du massacre de l’été 1988. À ce moment-là, le chef suprême du régime, Rouhollah Khomeini, a publié une fatwa déclarant que les membres et partisans de l’OMPI étaient des ennemis de Dieu et donc devaient être soumis à une exécution sommaire.

En réponse, les établissements pénitentiaires de tout l’Iran ont convoqué des tribunaux connus sous le nom de «commission de la mort», qui ont interrogé les prisonniers politiques, en se concentrant sur les membres connus et présumés de l’OMPI, et ont ordonné la pendaison de tous ceux qui n’avaient pas fait preuve de fidélité au guide suprême des mollahs et au système théocratique. Dans de nombreux cas, les prisonniers ont été pendus en groupes puis emmenés dans des camions frigorifiques pour être enterrés dans les fosses communes. La diversité des emplacements de ces tombes témoigne de l’ampleur du massacre qui aurait fait plus de 30 000 morts.

Ce nombre de morts a naturellement laissé derrière lui une mine de preuves sous la forme de corps, de dossiers et de témoignages oculaires. Cependant, ces preuves n’ont jamais été recueillies ni examinées par les autorités internationales, même si les militants iraniens ont cherché à porter ce dossier à l’attention des décideurs du monde entier. Cet effort a réussi à inciter les Nations Unies à mentionner le massacre dans une résolution condamnant les violations des Droits Humains en Iran, mais les principaux États membres de l’ONU ont refusé de prendre d’autres mesures et renoncer aux politiques qui donnent la priorité aux relations avec les soi-disant modérés, plutôt que confronter les responsables de ces crimes contre l’Humanité.

Les conséquences de cette situation ont été décrites dans une lettre envoyée aux responsables iraniens par sept experts des Droits de l’Homme de l’ONU en septembre de l’année dernière. Le document notait qu’après le massacre de 1988, la question des exécutions massives «n’a pas été renvoyée au Conseil de sécurité et l’Assemblée générale des Nations Unies n’a pas donné suite et la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies n’a pris aucune mesure».

La lettre poursuivait: «L’incapacité de ces organes à agir a eu un impact dévastateur sur les survivants et leurs familles ainsi que sur la situation générale des Droits de l’Homme en Iran et a encouragé l’Iran à continuer de dissimuler le sort des victimes et de continuer à maintenir une stratégie de déni qui continue à ce jour. »

La destruction des charniers est un excellent exemple de cette stratégie, et l’absence persistante d’une réponse mondiale a renforcé le sentiment d’impunité parmi les autorités iraniennes. C’est précisément à cela que répondait « Justice pour les victimes du massacre de 1988 » avec son dernier appel à l’action du Conseil des Droits de l’Homme.

Lorsque la lettre a été publiée en décembre, elle signalait que les experts de l’ONU estiment désormais que la responsabilité de remédier à cette situation doit incomber à la communauté internationale. La déclaration a été mentionné par Amnesty International comme une «percée capitale» et un «tournant» dans la reconnaissance de la crise des Droits de l’Homme en Iran.

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