Mesdames et messieurs, chers amis, le monde change terriblement. Pas toujours pour le meilleur. Je crois qu’il faut rappeler à l’opinion publique internationale, et c’est votre tâche et c’est votre rôle, que le peuple iranien mérite mieux que les dirigeants qu’il a que les dirigeants dont ils souffrent. Je sais que l’agitation, les protestations, les sacrifices sont grands en Iran en ce moment. Je sais que le peuple proteste contre ce régime, ce régime d’assassins qui est représenté d’une façon scandaleuse par le président Raïssi. Je sais que le président Raïssi a été en 88 et dans toutes les années qui ont suivi, un représentant de la barbarie, un représentant des exécutions, des tortures.
Je sais que des milliers d’Iraniens sont morts parce que ce président actuel a décidé qu’il meure, parce que les mollahs et parce que surtout Monsieur Khomeini, j’ai du mal à dire Monsieur Khomeini parce que les religieux, les dirigeants avaient décidé de la mort de dizaines de milliers, de torture de milliers d’Iraniens. Et voilà qu’il est élu et qu’il représente un régime qui entend parler aux autres présidents et aux autres grands blocs de civilisations comme s’il était comparable.
Il n’est comparable à rien. Cet homme, le président Raïssi, est un assassin. Amnesty International qu’on peut évoquer avec neutralité, des gens remarquables qui font des enquêtes remarquables, ont décidé qu’ils devaient répondre de crimes contre l’humanité. Et voilà qu’il est président d’un pays dont la population est admirable. Ça, il faut le rappeler en permanence. Je parle des protestations parce qu’elles se multiplient.
Les gens sont très courageux de descendre dans la rue, parce qu’ils risquent beaucoup. Et ces protestations, ces démonstrations, ces manifestations se multiplient. On sent, nous savons, nous sentons que l’ensemble du peuple iranien proteste contre ce gouvernement des religieux. Je vous donne un exemple qui m’a frappé.
Lorsque le covid a régné sur les populations mondiales et en particulier je parle de l’Iran – j’ai failli dire République d’Iran, mais République, cela sous entend des choses qui n’ont rien à voir avec l’Iran actuel – on n’a pas pu vacciner le peuple iranien parce que les dirigeants iraniens savaient, tout le monde savait que les premiers vaccins efficaces venaient des États-Unis, de l’Angleterre. Et on a attendu.
Et beaucoup de gens sont morts du Covid 19 Parce que le régime iranien n’avait pas voulu que ces vaccins efficaces pour sauver des vies, soient utilisés. Et ça, c’est quand même une manifestation tellement bête, tellement primitive, tellement anti humaine. Voilà comment dans la vie quotidienne ça se passe avec ce régime là ? Il faut se souvenir que le peuple iranien a protesté aussi contre le chah, a protesté aussi contre la police du Shah qui s’appelait la SAVAK.
Et que c’est une manifestation pour la démocratie. À chaque fois, c’est une manifestation pour signifier à tous ceux qui nous écoutent, et pas seulement ici aujourd’hui, mais ceux qui nous écouteront, que ce sont les valeurs démocratiques auxquelles aspire le peuple iranien, c’est à dire des choses très simples.
Le vote le pluripartisme ? La décision qui appartient au peuple. Un Parlement qui voudrait dire quelque chose, qui aurait l’autorité de dire. Ce n’est pas pour comparer, l’Iran du Shah et l’Iran des mollahs, non. Je pense que le peuple rejette ces deux dictatures, ces deux intrusions dans la vie quotidienne de chacun de chaque famille. l’Iran veut être libre. Un par un, les Iraniens, femmes et hommes, veulent absolument la liberté.
Et cette liberté est d’abord une liberté politique pour exiger toutes les autres libertés. C’est un besoin essentiel. C’est quelque chose de naturel. Il faut que les femmes et les hommes iraniens puissent vivre normalement ? Pour ça, il faut que l’oppression cesse. Il faut qu’ils puissent manifester ce désir de vie quotidienne libre, de possibilités de voyager ou de rester, d’être entendus dans des besoins élémentaires. C’est ça que veulent les Iraniens. Et c’est pour ça que le changement du monde actuel, avec ce qui se passe en Russie, ce qui passera demain en Chine, doit être considéré. (…)
Ce que je veux vous dire est simple, ce que je dis à chaque fois, il n’existe pas de meilleure oppression l’une l’autre. Le régime du Shah et le régime des ayatollahs ? Non. Ce que je dis, tout simplement ce qu’il y a une alternative démocratique, c’est ça qu’il vous faut choisir. C’est ça qu’il faut imposer. Vous avez un programme en dix points que Madame Radjavi vous a proposé, discuté de ces points.
Mais je voudrais vous dire très profondément, sincèrement, ce monde nouveau qui s’annonce devant nous – dont on voit déjà les dégâts – ce monde pour devenir meilleur a besoin de vous. Nous avons besoin tous de vous. La théocratie c’est un moyen moyenâgeux et le Shah était un dictateur. Nous n’avons pas à choisir entre les deux. Nous avons à mettre devant tous la nécessité de la démocratie, c’est à dire un homme, une voix sur des programmes précis. Vous avez déjà connu un régime démocratique et les héritiers de Mossadeqh sont encore là.
C’est quelque chose de naturel. Lorsque vous avez été libres, lorsque les pays qui ont influencé le Shah se sont dégagés un peu, vous avez déjà choisi la démocratie. Ce n’est pas autre chose que je souhaite maintenant. Mais la dictature est encore plus rude, les assassinats sont plus nombreux et cette oppression terrible de la vie quotidienne ne peut plus être supportée longtemps. Nous sommes dans un autre monde qui ne va pas vouloir perpétuer des régimes comme moyenâgeux. Les régimes religieux sont par essence moyenâgeux. Vous êtes braves, nous avons besoin de vous.
* Bernard Kouchner fut ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et européennes, ministre de la Santé.
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