Le 30 avril 2018, l’appareil judiciaire iranien a ordonné aux sociétés de télécommunication, aux fournisseurs d’accès internet et aux opérateurs téléphoniques du pays de bloquer l’accès à l’application de messagerie Telegram.
L’ordre judiciaire indique : « Le blocage doit être mis en œuvre afin que le contenu de Telegram ne soit plus accessible, même via des programmes anti-censure. »
Tous ceux qui ont une petite connaissance du cyber espace iranien connaissent l’énorme impact de Telegram dans le pays.
Grâce à son haut niveau de sécurité et son interface simple, Telegram est devenu l’application de messagerie la plus populaire en Iran. Bien que le régime iranien ne veuille pas publier de chiffre, les dimensions d’une telle popularité vont bien au-delà de ce qui est caché ou même contrôlé.
70 pour cent des données échangées en tout sur Telegram sont liées à des utilisateurs iraniens. Les États-Unis se placent en deuxième position avec quatre pour cent, certainement à cause des Iraniens résidents dans le pays.
Telegram compte 40 millions d’utilisateurs en Iran. Il s’agit de la moitié de la population du pays et deux fois le nombre de sa population active (les chiffres officiels indiquent une population active de 22 millions.)
Les Iraniens détiennent le chiffre record d’utilisateurs Telegram de différentes façons : près d’un tiers des chaines Telegram sont en persan ; un utilisateur iranien est en moyenne membre de 18 chaines Telegram ; chaque chaine en persan a en moyenne 8500 membres, classant les utilisateurs iraniens en première place également dans cette catégorie.
Une grande partie des utilisateurs iraniens sont les jeunes et les adolescents du pays qui utilisent cette application pour couvrir environ 60 pour cent des divertissements nécessaires. Malgré les mises en garde du régime, les menaces et les mesures de restriction, l’utilisation de Telegram chez les jeunes en Iran n’a jamais décliné. Les dirigeants iraniens ont reconnu que plus de 30 millions d’Iraniens avaient utilisé des programmes anti-filtres pour accéder à Telegram pendant le soulèvement de janvier où le gouvernement avait interdit l’application. De plus, les utilisateurs n’étaient pas à ce moment-là préparés et n’avaient pas prévu l’interdiction de l’application.
Le rôle de Telegram sur le plan économique
Le nombre d’emplois liés directement ou indirectement à Telegram est estimé à 1,5 million. Créés à partir de 10 à 15 000 sociétés en ligne basées sur Telegram-instagram, ces emplois regroupent des domaines tels que les boutiques en ligne, les services et divertissements en créant des chaines Telegram populaires.
La vente directe de produits ou de services et la publicité ont fleuri ces dernières années et sont considérées comme les sociétés en ligne les plus importantes.
Les conséquences économiques directes de l’interdiction de Telegram
Le vice-président de la commission pour Internet et les technologies de l’information et de la communication de Téhéran a déclaré à la suite du blocage de Telegram lors du soulèvement de janvier : « Les sociétés en ligne, dont les boutiques en ligne, les sociétés de services et les sociétés de taxi ont souffert d’une perte financière de 500 milliards de tomans en quelques jours. »
De plus, le vice-président de la commission pour les sociétés basées sur les nouvelles connaissances à la chambre du commerce du régime a souligné le même jour : « Il existe 10 à 15 000 sociétés qui ne sont présentent qu’en ligne dans le pays et qui vont faire faillite si Telegram est interdit définitivement. »
Par ailleurs, le centre des médias numériques du régime, lié au ministère de la Guidance islamique, a annoncé que près de 9000 sociétés en ligne a été touchée lorsque Telegram avait été interdit, touchant ainsi l’économie du pays.
Le « dilemme de la suppression » du régime iranien a refait surface et cette fois sur internet. D’un côté, la nature du régime implique qu’il prend des mesures répressives pour contenir l’état d’ébullition de la société. D’un autre côté, de telles mesures ont un effet amplificateur sur le dégout envers le régime.
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