Les autorités iraniennes ont averti les citoyens qu'ils seraient susceptibles être poursuivis en justice pour leurs messages postés en ligne au sujet des inondations qui ont provoqué des dizaines de morts et détruit des maisons et infrastructures dans plusieurs provinces du pays.
« Non seulement le gouvernement iranien a fait preuve de négligence, mais il a également menacé les familles des victimes et celles qui ont subi des pertes qu'elles seront poursuivies si elles dressent un sombre tableau de cette catastrophe naturelle et des opérations officielles en matière de secours », a souligné un avocat spécialiste des droits humains, Abdolkarim Lahiji, au Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI).
« Le gouvernement veut rejeter la faute sur la population et lâcher la police contre eux », a-t-il ajouté. « Nous avons affaire à un régime qui considère que c’est un crime que d'informer le public des catastrophes naturelles et de le critiquer ».
L’avertissement le plus sévère a été lancé le 27 mars 2019 par la cyber police officielle, désignée par l’acronyme FATA.
« Toutes les unités de police dans les provinces ont été chargées de surveiller les médias sociaux et d'agir rapidement contre ceux qui publient des images et propagent des rumeurs qui perturbent l'opinion publique et la paix dans la société », a déclaré Ramin Pashaie, chef adjoint du FATA, le 27 mars.
Pashaie a également accusé ceux qui avaient partagé des photos et des séquences vidéo sur des dégâts, en particulier dans la ville la plus touchée, Chiraz, dans la province de Fars, de l'avoir fait pour leur profit personnel.
« Nous demandons à nos chers citoyens de ne pas prêter attention aux nouvelles de sources inconnues sur les médias sociaux car beaucoup de ces personnes veulent profiter des récentes inondations pour augmenter leur audience et le nombre de personnes qui les suivent », a-t-il déclaré.
Selon l'organisation des services d'urgence financée par l'État, 44 personnes seraient mortes des suites des soudaines inondations dans les provinces de Fars, Mazandaran et Golestan le 25 mars, dont 21 personnes à Fars.
Le ministère iranien de l’Agriculture et du Jihad, qui gère et supervise l’industrie agricole du pays, a également annoncé le 28 mars que le secteur avait subi jusqu’à présent 2,4 billions de tomans (510 millions d’euros) de dommages.
L'article 18 de la loi relative aux infractions informatiques permet de poursuivre les personnes qui ont publié des contenus jugés inacceptables par les autorités et qui sont donc accusées de « diffusion de mensonges » (dans le but de troubler l’opinion publique).
Mais toutes les autorités iraniennes n'ont pas soutenu cet avertissement.
Lotfollah Dejkam, responsable de la prière de vendredi à Chiraz (il est également le représentant du Guide suprême Ali Khamenei dans la province de Fars), a déclaré que la population avait le droit d’être en colère contre les autorités pour avoir pris de mauvaises décisions en matière d’urbanisme, ce qui a aggravé les conséquences des inondations.
« Nous ne pouvons pas rester assis à regarder ce qui se passe », a-t-il déclaré lors d'une réunion avec des représentants de la province, le 27 mars. « Les gens ont le droit de nous critiquer et de nous lancer tous les mots méchants ».
« Les inondations ont débordé parce que la municipalité a construit des bâtiments au-dessus des ravins », a-t-il ajouté. « Pourquoi ont-ils bloqué le passage des eaux près de la porte du Coran ? Où étaient censées s’écouler les eaux des crues ? »
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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