Le pouvoir judiciaire du régime iranien a annoncé ce qui pourrait être la plus importante affaire de détournement de fonds de son histoire, soit 6,6 milliards d'euros (7,4 milliards de dollars).
Comme beaucoup d'autres scandales de détournement de fonds au cours des dernières années, cette affaire se concentre sur des stratagèmes visant à contourner les sanctions imposées par les États-Unis, avec plus d'une douzaine de dirigeants et membres du conseil d'administration de sociétés pétrochimiques accusés d'avoir commis des crimes financiers entre 2010 et 2013.
Il s'agissait de créer des sociétés à l'extérieur de l'Iran qui vendaient des produits pétrochimiques à des clients étrangers afin de tirer profit du taux de change à plusieurs niveaux du pays. Il y a actuellement 11 suspects en détention pour « perturbation du système économique iranien », tandis que trois seront jugés par contumace, car on pense qu'ils sont à l'étranger.
Parmi les accusés on retrouve Marjan Sheikholeslami Aleagha, PDG de deux sociétés commerciales basées en Turquie, Reza Hamzelou, ancien directeur général de la compagnie pétrochimique commerciale iranienne (PCC), et Amin Ghorashi Sarvestani.
Sheikholeslami aurait transféré le produit de la vente de produits pétrochimiques iraniens, notamment d'entreprises affiliées au Corps des gardiens de la révolution islamique (pasdaran), aux comptes de ses sociétés commerciales, ce qui lui aurait rapporté près de 9 millions de dollars avant qu’elle ne s’enfuie au Canada.
Lors d'une audience tenue le 7 mars, un haut responsable du système judiciaire a déclaré que les accusés n'avaient pas payé l'intégralité du produit en devises étrangères, malgré les multiples avertissements du ministre du Pétrole, mais qu'ils avaient vendu les devises étrangères retenues au taux du marché noir pour trois fois le taux de change officiel.
Nemat Ahmadi, un avocat iranien, a déclaré : « L'affaire est très complexe. ... En vertu de la loi iranienne, les exportateurs doivent rapatrier leurs recettes en devises à la Banque centrale et recevoir l'équivalent en rial. La Banque centrale a actuellement le même problème avec un certain nombre d'exportateurs de produits pétrochimiques. »
L'administration Rohani a de moins en moins réussi à contraindre les exportateurs de produits pétrochimiques à restituer leurs recettes en devises fortes depuis que le rial a commencé à chuter l'an dernier et que le gouverneur de la Banque centrale du régime, Abdolnasser Hemmati, a averti que l’on devrait y « faire face ». De nombreuses sociétés pétrochimiques appartiennent au secteur dit semi-étatique, dont les actions sont détenues par des sociétés d'investissement publiques et dont la direction est nommée par le gouvernement, le Majlis et des tiers.
Cependant, il est important de rappeler que le régime des mollahs est intrinsèquement corrompu – c'est pourquoi il n'adoptera pas les lois nécessaires pour éviter d'être inscrit sur liste noire par le Groupe d'action financière internationale. Si les mollahs poursuivent ces suspects (et infligent la peine de mort en dépit du droit international), c'est parce qu'ils essaient de détourner l'attention des véritables criminels, ceux qui volent quotidiennement des milliards au peuple iranien : les mollahs.
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