Avec l’AFP – La condamnation historique d’un diplomate iranien à 20 ans de prison pour un projet d’attentat à la bombe en France en 2018 est devenue définitive en Belgique, après son refus d’être rejugé.
Selon le parquet fédéral belge, compétent en matière de terrorisme, le diplomate, Assadollah Assadi, 49 ans, s’est « désisté » de son appel par la voix de son avocat lors d’une audience mercredi à Anvers (nord).
« J’ai confirmé aujourd’hui que M. Assadi ne souhaitait pas faire appel« , a dit pour sa part à l’AFP cet avocat, Me Dimitri de Béco, en réaffirmant que son client contestait depuis le début la légitimité des tribunaux belges.
Un attentat à la bombe devait viser le 30 juin 2018 à Villepinte, près de Paris, le grand rassemblement annuel du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), une coalition d’opposants au régime de Téhéran dont la principale composante est l’organisation des Moudjahidine du peuple (MEK / OMPI). Le jour même, un couple de Belgo-Iraniens domiciliés à Anvers est arrêté par la police belge près de Bruxelles en possession de 500 grammes d’explosif TATP et d’un détonateur dans sa voiture.
La justice antiterroriste est saisie et les enquêteurs remontent rapidement au commanditaire présumé, Assadollah Assadi. Ce diplomate, alors en poste à l’ambassade d’Iran à Vienne, est arrêté le 1er juillet en Allemagne où il ne bénéficie plus de son immunité.
Jugé en 2020 après deux ans d’enquête, Assadi a été condamné le 4 février dernier par le tribunal d’Anvers à vingt ans de prison pour « tentatives d’assassinat à caractère terroriste » et « participation aux activités d’un groupe terroriste« . Il était jugé avec trois complices (le couple belgo-iranien et un ancien poète dissident réfugié en Belgique), qui ont été condamnés à des peines allant de 15 à 18 ans de prison.
« Une manche perdue »
A l’encontre du diplomate iranien il s’agit de la peine maximale, conformément à ce qu’avait demandé l’accusation lors du procès fin novembre. Le parquet fédéral n’avait d’ailleurs pas fait appel de cette condamnation, souhaitant uniquement que les trois complices soient rejugés.
Le diplomate, qui a toujours nié les faits, a été décrit dans le jugement comme un agent du renseignement iranien ayant agi « sous couverture diplomatique » pour coordonner ce projet d’attentat et fournir la bombe.
Ce dossier, mêlant espionnage et terrorisme, a suscité des tensions diplomatiques entre Téhéran et plusieurs capitales européennes, dont Paris.
Lors du verdict en février, l’Iran avait de nouveau fustigé une procédure « illégale et en violation flagrante du droit international » en raison de l’immunité diplomatique dont aurait dû bénéficier Assadi à ses yeux. Les opposants ciblés, de leur côté, ont dénoncé un projet relevant du « terrorisme d’Etat », qui aurait pu provoquer « un bain de sang » alors que des milliers de personnes assistaient au meeting de Villepinte.
Le CNRI s’est constitué partie civile dans la procédure avec une vingtaine de personnalités qui y assistaient, dont la Franco-Colombienne et ex-otage des FARC Ingrid Betancourt. « Pour nous, le procès est gagné en grande partie parce que la justice a établi que le projet d’attentat avait été inspiré par l’Etat iranien, et que ce jugement devient définitif« , a réagi mercredi Me Georges-Henri Beauthier, un des avocats belges du CNRI. « Mais on peut craindre une volonté de l’Etat iranien de mener d’autres actions en Europe, puisqu’il a perdu cette manche-là », a-t-il affirmé à l’AFP.
Concernant le dossier dit de Villepinte, le procès en appel des complices présumés devrait se tenir à Anvers à la mi-novembre.
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