Les agricultrices iraniennes jouent un rôle essentiel dans l’économie et la production agricole, notamment dans la main-d’œuvre rurale et la sécurité alimentaire. Les femmes réalisent environ 70 % des activités agricoles en Iran. Bien que l’utilisation du potentiel des femmes rurales soit nécessaire pour accroître le développement et la productivité, leur travail reste pratiquement invisible car “la part des femmes dans le travail agricole rémunéré n’est que de 11 %.” (Agence ILNA – 22 octobre 2019).
Une grande partie de la population féminine travaille dans l’agriculture. Mais comme la plupart des femmes travaillent sur les terres familiales et dans le cadre de contrats informels, on ne les voit pas ou elles sont peu présentes dans les statistiques de recensement et de l’emploi.
En Iran, les agricultrices se divisent en deux groupes. Le premier groupe est constitué de propriétaires terriens qui travaillent sur leurs terres familiales. Le second groupe est celui des travailleuses journalières. Il y a plus de journalières que de femmes propriétaires de terres.
Les Iraniennes ont longtemps occupé une place particulière dans l’agriculture traditionnelle. Cependant, à mesure que l’agriculture s’est mécanisée, la main-d’œuvre féminine a diminué dans ce secteur. Les hommes sont devenus la force qualifiée pour utiliser les équipements et les machines agricoles modernes.
Si les femmes ont un grand potentiel pour participer au secteur agricole et aux industries connexes, l’utilisation de ce potentiel est un critère essentiel pour la croissance et le développement économiques.
Les agricultrices iraniennes privées de formation professionnelle
La formation professionnelle est l’une des ressources vitales du développement qui devrait être accessible aux agricultrices iraniennes afin de les rendre autonomes.
Une comparaison de l’accès des femmes et des jeunes filles à l’agriculture avec celui des hommes reflète leur situation défavorable. Les agricultrices doivent recevoir une formation et acquérir des compétences pour s’engager dans l’agriculture moderne. En l’absence de ces compétences, elles ne peuvent pas montrer leurs capacités dans l’économie agricole.
Les facteurs qui influencent le manque d’accès à la formation pour les femmes et les filles rurales comprennent le besoin des parents pour le travail des filles, le manque d’écoles ou de lieux appropriés pour la formation des femmes et des filles, les frais de formation et les mariages précoces.
Zahra Lashkari, qui travaille dans le secteur des légumes d’été et de serre, parle des obstacles à l’emploi des femmes dans le secteur agricole : “La discrimination sexuelle pose de nombreux défis aux femmes entrepreneurs en matière d’investissements. Les femmes entrepreneurs dans le secteur agricole rencontrent plus d’obstacles que les hommes pour obtenir des prêts. Elles doivent répondre à de nombreuses questions pour mettre en place une serre et une ferme modernes. Les marchés limités, le manque de propriété foncière, l’accès insuffisant aux connaissances et à l’information, le peu de capital et d’actifs pour la production sont d’autres obstacles au progrès des femmes entrepreneures agricoles.” (Journal Hamshahri – 2 août 2021)
L’oppression des agricultrices iraniennes
Les agricultrices qui travaillent pour faire vivre leur famille sont confrontées à de nombreux problèmes.
Zarrine Assadi travaille dans l’un des villages de la province de Kohguilouyeh-Boyer-Ahmad, dans le sud-ouest de l’Iran. Elle déclare : “De nombreuses agricultrices sont cheffes de famille mais n’ont pas de situation financière décente. Elles font tout, de la cueillette des citrons et des maïs à la récolte du blé et à la plantation du riz. Notre travail est exigeant et notre salaire est faible. Les employeurs, souvent des étrangers, accueillent notre main-d’œuvre parce comme nous avons besoin de travailler, ils savent qu’on ne se plaindra pas. Les employeurs paient bien les hommes parce qu’ils savent qu’ils iront chercher du travail dans un autre village si c’est le cas. Mais en tant que femmes, nous devons rester auprès de nos enfants et de notre famille. Pour le jardinage et l’agriculture, ils nous paient au kilo. Par exemple, pour chaque kilo de citron que nous cueillons, nous ne recevons que 1 000 tomans (0,36 $). Nous travaillons 14 heures par jour. Les épines des citrons nous blessent les mains et le visage, mais nous recevons 50 000 Tomans (1,8 $) pour la cueillette de 50 kg de citrons. Il en va de même pour la cueillette des concombres et des tomates.”
“Ainsi, une femme ne reçoit que 200 000 tomans (7,33 dollars) pour 14 heures de travail, alors qu’un homme reçoit 400 000 tomans (14,67 dollars) pour le même travail”, ajoute Zarrine.
Beaucoup de travailleurs journaliers sont des jeunes femmes qui ont l’air vieilles parce qu’elles travaillent dur un peu dans la chaleur et le froid pour gagner de quoi survivre. Leurs chances de se marier sont nulles, et elles sont condamnées à vivre la vie ennuyeuse du village. ( Journal Hamshahri – 2 août 2021)
30 % des produits agricoles iraniens sont gaspillés chaque année
La corruption généralisée des autorités et de leurs proches, le pillage des biens publics et la mauvaise gestion de l’économie ont engendré de nombreuses crises en Iran.
Les inondations, la sécheresse et les tremblements de terre, multipliés par la destruction de l’environnement, ont ruiné de nombreuses terres agricoles. Mais même les agriculteurs qui parviennent à surmonter ces problèmes et à faire fructifier leurs récoltes sont confrontés à un problème plus important, celui du marché. Dans la situation économique désastreuse de l’Iran, il n’y a personne pour acheter les produits des agriculteurs à un prix qui leur soit profitable.
Massoud Latifian, adjoint chargé de la lutte contre les parasites à l’Organisation des plantes, a déclaré que l’Iran produit en moyenne 100 millions de tonnes de divers produits agricoles chaque année, dont 16,5 millions de tonnes sont retirées du cycle de consommation en tant que déchets. (Agence ILNA – 18 août 2021)
La quantité de déchets et d’élimination de produits agricoles par an est la suivante :
Raisins – 34
Mandarine – 31 %.
Oranges, pêches et cerises – 30%.
Pommes – 28
Limes et citron doux – 26
Grenade – 25
Dattes – 20
Les paysannes dans la pauvreté
Les classes inférieures, comme les villageois, souffrent plus que tout de la corruption et du pillage des autorités cléricales. Les femmes rurales et les agricultrices subissent une double oppression, d’une part parce qu’elles sont rurales et d’autre part parce qu’elles sont des femmes.
De nombreux problèmes et obstacles entravent le progrès des femmes dans l’agriculture. L’une des raisons pour lesquelles elles sont de plus en plus piégées dans l’extrême pauvreté est le manque d’accès à l’agriculture moderne. Si ces femmes avaient accès aux ressources, aux informations, à la culture, aux technologies avancées et aux équipements autant que les hommes, la productivité agricole augmenterait de 30 %. (Journal Hamshahri – 2 août 2021)
Privées des droits les plus élémentaires, les femmes pauvres des zones rurales vivent dans plusieurs milliers de villages sans eau, en particulier dans les provinces du Khouzistan, du Sistan-Baloutchistan, et de Chaharmahal-Bakhtiari.
L’élimination par le régime clérical des capacités des femmes dans l’agriculture et le refus de leur apporter un soutien face aux inondations et à la pandémie, associés à l’inflation et au coût élevé des outils et des matières premières, exposent ces dernières à des pertes importantes. Elles ne bénéficient d’aucune assurance ni d’aucune sécurité d’emploi dans le secteur agricole et ses industries connexes.
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