lundi 27 septembre 2021

EDITORIAL : L’intervention de Raïssi à l’ONU une tache honteuse sur la réputation de l’ONU

 Mardi, le président du régime iranien, Ebrahim Raïssi, a fait ses premiers pas sur la scène internationale en prononçant un discours virtuel virulent devant l’Assemblée générale des Nations Unies.

Ses propos ont montré l’attitude enhardie de Téhéran après l’échec de l’Occident, et en particulier de l’Europe, à adopter une politique décisive vis-à-vis du comportement déstabilisateur du régime iranien.

Le peuple iranien se moque souvent des mollahs pour leur impudence inégalée et leurs propos scandaleux. À aucun moment cette impudence n’a été plus claire que lorsque Raïssi a affirmé que les sanctions américaines contre la théocratie étaient des « crimes contre l’humanité. »

C’est certainement grotesque de la part d’un individu condamné par le peuple iranien et les organisations de défense des Droits de l’Homme comme un crime contre l’humanité pour son rôle clé dans le massacre de 1988.

Ebrahim Raisi, Chief Regime Henchman Vies for Iranian PresidencyMay 12, 2021https://youtu.be/ZRdE3fUwbkU

Depuis l’investiture de Raïssi à la présidence des mollahs, les condamnations et les appels croissants des organisations de défense des Droits de l’Homme en faveur de sa poursuite pour crimes contre l’humanité et génocide se sont multipliés.

En 1988, il faisait partie des « Commissions de la mort » chargées d’assassiner plus de 30 000 prisonniers politiques. Les victimes ont été enterrées dans des fosses communes secrètes sans épitaphes et, à ce jour, leurs familles n’ont même pas le droit d’organiser des cérémonies funéraires ou de commémorer leur souvenir.

La plupart des victimes étaient membres de la principale organisation d’opposition démocratique, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI). Les familles des victimes réclament justice depuis 33 ans.

La culture de l’impunité qui règne à Téhéran pour les criminels et les auteurs de violations des Droits de l’Homme a permis l’accession d’un meurtrier de masse à l’un des postes les plus élevés du régime théocratique.

Comme l’a déclaré le groupe mondial de défense des Droits de l’Homme Amnesty International, « le fait qu‘Ebrahim Raïssi ait accédé à la présidence au lieu de faire l’objet d’une enquête pour les crimes contre l’humanité que sont le meurtre, la disparition forcée et la torture, nous rappelle de manière sinistre que l’impunité règne en maître en Iran. »

L’absence d’enquêtes internationales sur le rôle de Raïssi dans le meurtre de milliers de civils innocents a enhardi le régime. Le silence de l’Europe à cet égard est assourdissant et honteux.

Avant d’être élu président à l’issue d’une élection truquée, le bilan de Raïssi était émaillé de violations flagrantes des Droits humains. En tant que procureur des provinces de Hamedan et de Karaj, il a supervisé la torture et l’exécution de milliers de prisonniers politiques.

Et en tant que chef du pouvoir judiciaire, au moins 1 500 personnes ont été abattues dans les rues. Des milliers d’autres ont été soumises à l’emprisonnement et à la torture en novembre 2019, écrit Amnesty International.

Au lieu de se voir offrir la chaire dans les forums internationaux, Raïssi doit être désigné, couvert de honte, faire l’objet d’une enquête et de poursuites. Les puissances européennes ne doivent pas accorder une légitimité à des meurtriers de masse dans l’intérêt de petits accords commerciaux. Cela reviendrait à trahir les valeurs et les principes pour lesquels des millions d’Européens ont sacrifié leur vie.

Raïssi figure sur la liste des sanctions américaines parce qu’il viole les Droits de l’Homme en série. Pourtant, son récent voyage au Tadjikistan pour assister au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) a été un rappel sévère à la communauté internationale qu’elle n’a pas respecté ses obligations.

De même, le discours de Raïssi à l’Assemblée générale des Nations unies est la continuation de la culture d’impunité pratiquée par l’Occident. Cela a donné à Raïssi l’occasion d’affirmer sans vergogne que ce n’est pas lui, mais d’autres qui commettent des « crimes contre l’humanité. »

Ce qui est passé est juste un prologue. Le régime a interprété les concessions et la conciliation comme des signes de faiblesse de l’Occident. La bonne politique consiste à regarder la théocratie en face et à l’affronter de manière décisive.

Aussi cruel qu’ait été le massacre de milliers de prisonniers politiques en 1988, offrir un forum à ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité et des génocides pour qu’ils puissent cracher leur vitriol venimeux, comme ce fut le cas avec le discours de Raïssi aux Nations unies cette semaine, est une honte, pour ne pas dire plus.

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