lundi 13 septembre 2021

Des lauréats du prix Nobel écrivent à l’ONU concernant le massacre de 1988 en Iran

 Dans une lettre au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, 25 lauréats du prix Nobel ont exprimé leur solidarité et leur sympathie avec les parents et amis des personnes exécutées lors du massacre de prisonniers politiques en 1988  en Iran. Les lauréats du prix Nobel « soulignent la nécessité de mettre en place une commission internationale des Nations Unies pour enquêter sur cet énorme crime ».

Ils ont cité des déclarations d’Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains selon lesquelles « Ebrahim Raisi, alors procureur adjoint de Téhéran, faisait partie de la Commission de la mort de trois membres à Téhéran. Cette commission a exécuté des milliers de prisonniers membres de l’OMPI ainsi que plusieurs centaines de prisonniers affiliés à d’autres groupes dans les prisons d’Evine et de Gohardasht ».

Les lauréats du prix Nobel ont écrit au Secrétaire général des Nations Unies : « En l’absence de responsabilité internationale, le génocide et les crimes contre l’humanité persistent en Iran. Parmi ceux-ci figurent la poursuite des exécutions politiques et le meurtre d’au moins 1 500 jeunes manifestants en novembre 2019. Les tentatives du régime de dissimuler le sort des victimes à leurs familles, de minimiser le nombre d’exécutions et de cacher l’affiliation des victimes avec l’OMPI, ne font qu’ajouter au casier judiciaire des mollahs. »

Le texte intégral de la lettre des lauréats du prix Nobel au Secrétaire général des Nations Unies

Le 8 septembre 2021
Son Excellence António Guterres
Secrétaire général
Les Nations Unies
New York, État de New York 10017

Excellence,

Nous, les lauréats du prix Nobel signant cette lettre, à l’occasion du 33e anniversaire du massacre des prisonniers politiques en Iran, réitérons notre solidarité et notre sympathie aux parents et amis des personnes exécutées ainsi qu’au peuple iranien. Nous soulignons la nécessité de mettre en place une commission internationale des Nations Unies pour enquêter sur cet énorme crime.

Il y a trente-trois ans, Khomeini, le fondateur de la dictature religieuse en Iran, a publié une fatwa de sa propre main, qui disait : Tous les prisonniers fidèles aux Moudjahidine du peuple (OMPI – le principal mouvement d’opposition iranien) sont considérés Mohareb ( en guerre contre Dieu) quel que soit le stade de leur peine de prison, et ils doivent être exécuté.

Sur la base de cette fatwa, 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés en plusieurs semaines après avoir été interrogés par la soi-disant commission de la mort pendant deux ou trois minutes. Ceux qui refusaient de condamner l’OMPI ont été immédiatement envoyés dans la salle d’exécution. Plus de 90 % des personnes exécutées étaient des membres et des partisans de l’OMPI. En raison de leur « immunité » contre les sanctions, les membres de ces comités, qui étaient les principaux auteurs du massacre, occupent certains des postes les plus élevés du régime iranien.

Le fait qu’Ebrahim Raisi, le nouveau président de l’Iran, soit l’un des principaux auteurs de ce massacre, renforce la nécessité de la formation d’une commission d’enquête internationale. Selon diverses autorités des droits de l’homme, dont Amnesty International, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et d’éminents experts internationaux des droits de l’homme, et selon une bande audio appartenant à l’ayatollah Montazeri, l’ancien successeur désigné de Khomeiny,  Ebrahim Raïssi alors procureur adjoint de Téhéran, faisait partie de la commission de la mort de quatre membres à Téhéran. Cette commission a exécuté des milliers de prisonniers membres de l’OMPI ainsi que plusieurs centaines de prisonniers affiliés à d’autres groupes dans les prisons d’Evin et de Gohardasht.

En l’absence de responsabilité internationale, le génocide et les crimes contre l’humanité persistent en Iran. Parmi ceux-ci figurent la poursuite des exécutions politiques et le meurtre d’au moins 1 500 jeunes manifestants en novembre 2019. Les tentatives du régime de dissimuler le sort des victimes à leurs familles, de minimiser le nombre d’exécutions et de cacher l’affiliation des victimes avec l’OMPI, ne font qu’ajouter au casier judiciaire des mollahs.

Signataires :

Professeur Harvey Alter, Prix Nobel, Médecine 2020, États-Unis
Professeur Barry Barish, Prix Nobel, Physique 2017, USA
Professeur Georg Bednorz, Prix Nobel, Physique 1987, Allemagne
Professeur Thomas Cech, Prix Nobel de Chimie 1989, USA
Professeur Elias Corey, Prix Nobel, Chimie 1990, USA
Professeur Joachim Frank, Prix Nobel, Chimie 2017, USA
Professeur Sheldon Glashow, Prix Nobel, Physique, 1979, États-Unis
Professeur Roger Guillemin, Prix Nobel, Médecine 1977, USA
Professeur Dudley Herschbach, Prix Nobel, Chimie 1986, USA
Professeur John Lewis Hall, Prix Nobel, Physique 2005, États-Unis
Professeur Oliver Hart, Prix Nobel, Économie 2016, États-Unis
Professeur Alan Heeger, Prix Nobel, Chimie 2000, États-Unis
Professeur Roald Hoffmann, Prix Nobel, Chimie 1981, USA
Professeur RobertHuber, prix Nobel de chimie, 1988, Allemagne
Professeur Roger Kornberg, Prix Nobel, Chimie 2006, USA
Professeur Fynn Kydland, Prix Nobel, Économie 2004, Norvège
Professeur John Mather, Prix Nobel, Physique 2006, USA
Professeur Paul Modrich, Prix Nobel, Chimie 2015, USA
Professeur John Polanyi, Prix Nobel, Chimie 1986, Canada
Monsieur. José Ramos-Horta, Prix Nobel, Paix, 1996, Timor oriental
Professeur Richard Roberts, Prix Nobel, Médecine 1993, USA
Professeur Randy Schekman, Prix Nobel, Médecine 2013, États-Unis
Professeur Danny Shechtman, Prix Nobel, Chimie 2011, USA-Israël
Professeur Wole Soyinka, Prix Nobel, Littérature 1986, Nigéria
Professeur David Wineland, Prix Nobel, Physique 2012, USA

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