Esmail Khatib sort de l’ombre, pratiquement inconnu de l’Occident. Or, le bilan de Khatib au cours des 43 dernières années a été lié à l’anéantissement des religieux modérés, des agents de renseignement et des gardiens qui ont osé constituer une menace pour le règne d’Ali Khamenei. Khatib a travaillé avec Hossein Taeb, le chef de l’unité de renseignement du CGRI, et son frère Mehdi Taeb, le chef du QG d’Ammar qui relève directement de Mojtaba Khamenei, le fils du Guide suprême des mollahs.
Lors d’une réunion entre Esmail Khatib et le chef de l’Unité de renseignement du CGRI, Hossein Taeb, le 6 septembre 2021, ont souligné la collaboration et la consolidation des efforts de renseignement
Né à Qaen, dans la province du Khorasan du Sud en 1961, Khatib avait 19 ans lorsque le clergé a pris le pouvoir en Iran à la suite de la révolution qui a renversé la dynastie Pahlavi. On dit que Khatib a étudié la jurisprudence islamique sous Ali Khamenei, l’actuel chef suprême.
Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a été fondé en 1980, dans le but de sauvegarder le règne du chef suprême. Même si Rouhollah Khomeini avait trié sur le volet les plus hauts gradés de l’armée conventionnelle iranienne (Artesh), il ne faisait toujours pas confiance à l’armée pour surmonter la principale menace pour son régime : la dissidence nationale.
Mohsen Rezaei, le premier commandant en chef de l’IRGC, a recruté Esmail Khatib et l’a placé dans l’unité de renseignement de l’IRGC où il a servi de 1985 à 1991. Plusieurs témoignages indiquent que Khatib a joué un rôle essentiel dans l’assassinat et l’oppression des dissidents kurdes au début des années 80.
Sa nomination en 1991 à la tête du « Département spécial des mouvements » au sein du bureau du MOIS à Qom est assez révélateur. Son mandat : espionner et éliminer les religieux modérés et tous ceux qui s’opposaient à l’élite dirigeante.
L’une des affaires les plus médiatisées sur Khatib était le complot visant à arrêter et exécuter Mehdi Hashemi, le frère de Hadi Hashemi, le gendre de l’ayatollah Montazeri. En charge de l’Unité des mouvements de libération au sein du CGRI – un équivalent de l’actuelle Force Qods du CGRI – Mehdi Hashemi était un proche de l’ayatollah Montazeri, qui était officiellement le chef suprême en attente. Tous deux vivaient à Qom, sous la « juridiction » de Khatib.
En 1986, alors que l’administration Reagan tentait de libérer les otages américains des mains des groupes mandataires du régime au Liban, le gouvernement des États-Unis a envoyé un envoyé spécial en Iran pour rencontrer secrètement Khomeini et son cercle intime le plus proche.
La réunion qui a abouti à un accord sur les ventes d’armes entre Téhéran et le « Grand Satan » a été divulguée par le bureau de l’ayatollah Montazeri par l’intermédiaire de Mehdi Hashemi. La fuite a provoqué un scandale majeur à Téhéran ainsi qu’en Occident, connu sous le nom de « Iran Gate » ou « Iran Contra Affair ».
Peu importait que Mehdi Hashemi soit ou non le lanceur d’alerte ; le régime a décidé de le destituer à tout prix. Malgré sa longue expérience au service des CGRI et du clergé, il a été détenu et exécuté en tant que traître.
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