Lorsqu’il le fera, ce sera moins de deux ans après son rôle dans l’une des pires répressions contre ces mêmes valeurs ces dernières années. En outre, son entrée sans encombre à l’Assemblée générale de l’ONU renforcera sûrement son sentiment d’impunité concernant le pire crime contre l’humanité commis par Téhéran il y a plus de 30 ans.
En 1988, Raïssi a occupé le poste de procureur adjoint à Téhéran. Ce poste lui a permis très tôt de démontrer son zèle pour la peine capitale et d’autres formes de châtiments corporels, ainsi que sa brutale intolérance à l’égard de la dissidence.
Cela l’a mis sur la voie de devenir l’un des quatre responsables à siéger à la « commission de la mort » de Téhéran qui a été constituée en réponse à la fatwa du Guide suprême de l’époque, Rouhollah Khomeini. Il avait déclaré que tous les membres et partisans de l’OMPI sont considérés comme des mohareb ou « ennemis de Dieu » et condamné à mort.
Khomeiny a ordonné à ses subordonnés « d’anéantir immédiatement les ennemis de l’Islam », précisant qu’une peine capitale devrait être appliquée à quiconque maintient son soutien aux « Monafeghine ». Ce terme traduit par « hypocrites » était et reste le nom péjoratif du régime pour l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), la principale opposition au système théocratique et qui formait plus de 90 % des victimes du massacre.
Le nombre total de morts du massacre est de plus de 30 000 en l’espace d’environ trois mois. Ce chiffre reflète l’efficacité mortifère avec laquelle des personnages comme Ebrahim Raïssi ont exécuté la commande de Khomeini.
La commission de la mort a fonctionné en convoquant les prisonniers politiques et en leur demandant d’indiquer leurs noms et affiliations avant d’être soumis à un interrogatoire qui ne durait souvent que quelques minutes avant qu’une condamnation ne soit prononcée. Conformément aux directives de Khomeini, toute personne qui professait sa loyauté envers l’OMPI a été sommairement exécutée. Et au fil du temps, les critères se sont encore élargis.
Dans un cas qui a été cité dans une lettre à Khomeini de la part de son successeur potentiel et seul critique du massacre, le panel aurait exigé qu’un prisonnier condamne l’OMPI et s’engage à combattre sur le front de la guerre en Irak.
Le prisonnier a obtempéré dans les deux cas, mais on lui a ensuite demandé s’il s’engagerait également à traverser les champs de mines au nom du régime. Lorsqu’il a remis en question cette ligne d’enquête, son interrogateur a déclaré que le prisonnier tenait toujours à ses convictions et a donc ordonné son exécution.
Il existe d’innombrables histoires comme celle-ci. Beaucoup ont été transmis de seconde main par d’anciens prisonniers politiques et des proches des victimes du massacre dans des enregistrements vidéo et des événements en direct organisés pour protester contre l’ascension de Raïssi à la présidence.
Le Conseil national de la Résistance iranienne a organisé le mois dernier une conférence virtuelle sur le sujet avec plus de 1 000 anciens prisonniers politiques ainsi que divers décideurs politiques européens et spécialistes du droit international.
Ils ont plaidé pour que le massacre de 1988 soit qualifié de génocide en raison du fait que les membres l’OMPI avait été ciblée non seulement sur la base de leurs opinions politiques, mais également sur la base de leur identité religieuse, à savoir en tant qu’adhérents à une forme d’islam modérée et fondamentalement incompatible avec la théocratie extrême des mollahs. Geoffrey Robertson, un avocat britannique des droits de l’homme, a ajouté que si la qualification tient, la communauté internationale est obligée, en vertu de la Convention sur le génocide, de prendre des mesures pour tenir Raïssi et les autres auteurs responsables.
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