jeudi 8 décembre 2022

CONFÉRENCE AU SÉNAT ITALIEN EN PRÉSENCE DE PARLEMENTAIRES ET DE PERSONNALITÉS

Conférence au Sénat italien en présence de parlementaires et de personnalitésMaryam Radjavi : Trois mois de soulèvement débordant de sacrifices, de sang et de souffrances, les raisons les plus élevées de la certitude du renversement du régime

Messieurs les sénateurs Giulio Terzi et Marco Scurria,
Honorables parlementaires italiens,
Chers amis !

Dans l’histoire de l’Iran, la date d’aujourd’hui, le 7 décembre, marque l’attaque des soldats du chah contre l’université de Téhéran en 1953 après le coup d’État contre le gouvernement nationaliste du Dr Mossadegh. Ce jour-là, trois étudiants ont été tués sur le campus, et cette date a été enregistrée dans l’histoire de l’Iran comme la Journée des Etudiants. Au cours des 69 dernières années, en cette journée, les étudiants et les jeunes ont protesté contre les régimes du chah et des mollahs.

La responsabilité de l’Italie et de l’Europe devant le soulèvement iranien

Dans de telles circonstances, votre initiative de tenir cette conférence et de soutenir le soulèvement du peuple iranien est des plus précieuses. Votre initiative est en fait une réponse à la question fondamentale : lorsque le peuple iranien se bat contre la dictature religieuse en sacrifiant des vies, quelle est la responsabilité de l’Europe en général et de l’Italie en particulier ?
Dans quelques jours, le soulèvement du peuple iranien entrera dans son quatrième mois. Trois mois débordant de sacrifices, de sang et de souffrances sont les raisons les plus élevées et les plus objectives du renversement inévitable de ce régime.

La situation irréversible du régime

Tous les événements confirment que le régime est entré dans sa phase finale de manière irréversible.
Ce soulèvement n’est pas un événement accidentel et sans racine. Au contraire, c’est le produit de la lutte du peuple iranien depuis quatre décennies, pour laquelle 120 000 héros de la liberté ont sacrifié leur vie.
Entre le soulèvement de 2017 à aujourd’hui, plusieurs grands événements ont accumulé une énorme colère explosive contre le régime dans la société iranienne. D’abord, le massacre d’au moins 1 500 manifestants en novembre 2019, suivi de la destruction intentionnelle d’un avion de ligne ukrainien par les pasdarans, puis la mort de 550 000 personnes en raison de la propagation du coronavirus, qui s’est propagé en raison des décisions de Khamenei.
Et enfin, la nomination du bourreau du massacre de 30 000 prisonniers politiques de 1988 à la présidence du régime, Ebrahim Raïssi.
Au cours de la dernière décennie, la croissance économique a été nulle, le taux d’investissement est négatif et la valeur de la monnaie nationale a diminué de 34 fois. Et au cours des cinq dernières années, la population pauvre du pays a triplé. La répression brutale des femmes et des jeunes et l’aggravation de la pauvreté et du chômage ont affligé l’ensemble de la population.
Le soulèvement actuel est l’éruption de la colère et de la douleur causées par ces facteurs. En conséquence, il est irréversible, impossible à mâter et se dirige très rapidement vers le renversement du régime.

Le chaînon manquant de la politique européenne

Or, dans une telle situation, la question est de savoir pourquoi l’Europe, au-delà des condamnations verbales, n’a pas encore su se libérer des chaînes des relations des quatre dernières décennies, c’est-à-dire du compromis et des concessions avec ce régime. Au cours des dernières semaines, l’Union européenne a mis sur liste noire certains responsables ou organes du régime, mais ce n’est pas à la hauteur du soulèvement qui a ébranlé les fondements du pouvoir des mollahs, ni proportionnel aux crimes du régime, dont l’assassinat de 70 enfants de 2 à 17 ans au cours des trois derniers mois.
Le chaînon manquant dans la politique européenne est la reconnaissance du désir du peuple iranien de renverser le régime des mollahs et d’établir une république démocratique.

Il semble que la politique actuelle de l’Union européenne soit le résultat de cette évaluation irréaliste selon laquelle les mollahs pourraient contrôler le soulèvement et poursuivre leur règne meurtrier.
La même erreur que l’Occident a commise à l’époque du chah se répète. La dictature du chah, qui se vantait d’avoir une armée de 400 000 hommes bien équipés, n’a pas tenu face à la volonté du peuple iranien. De même aujourd’hui, ni le Corps des pasdarans, ni la multitude de missiles et de drones, ni le terrorisme et les crimes en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen ne pourront sauver Khamenei.
Les ambassades du régime, qui sont des centres d’espionnage et de terrorisme, poursuivent leurs opérations, et même les agents du ministère du Renseignement et les agents de la Force terroriste Qods exercent librement leurs activités en Europe.

Malheureusement, en plus des avantages économiques à court terme, la politique de l’Union européenne a été ajustée dans l’espoir de parvenir à un accord nucléaire avec les mollahs. La politique de dialogue et de complaisance avec ce régime n’a pas fonctionné depuis le début, mais aujourd’hui elle est plus destructrice que jamais.

Les demandes du peuple iranien et de sa résistance

Ce n’est qu’avec une politique de fermeté que l’on pourra contrer les efforts de ce régime pour obtenir la bombe atomique, ses agressions régionales et le terrorisme international. L’indicateur le plus important est la réactivation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Deux pays de l’Union européenne et quatre pays du groupe G7 ont le pouvoir d’activer ces résolutions. L’Italie est membre des deux groupes.
L’Italie, en tant que l’un des 54 membres du Conseil économique et social des Nations Unies, peut voter pour expulser le régime de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies et retirer le régime misogyne des mollahs de ce siège, à la réunion du 14 décembre de ce Conseil.

Ce régime, qui en plus de tuer des enfants, a emprisonné et torturé des centaines d’adolescents de moins de 18 ans ces derniers mois, doit être destitué en tant qu’Etat membre de l’UNICEF. L’Italie peut prendre l’initiative d’une telle action.
Une autre action déterminante, qui relève de la responsabilité de l’Union européenne en général et de l’Italie en particulier, est d’inscrire les Gardiens de la Révolution sur la liste des entités terroristes. Nous souhaitons que le Sénat italien oblige le gouvernement à poursuivre cet objectif en adoptant une résolution contraignante.

Vers une république démocratique

Mesdames et Messieurs,

Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), en tant qu’alternative à ce régime, se bat depuis 41 ans pour son renversement et l’instauration d’une république fondée sur le vote du peuple et la séparation de la religion et de l’Etat.
Ces mêmes demandes que réclament des millions d’Iraniens descendus dans la rue aujourd’hui.
Nous défendons fermement les libertés et l’égalité des droits des minorités ethniques iraniennes et soulignons le droit à l’autodétermination dans le cadre de l’intégrité territoriale de l’Iran.
L’OMPI est au centre de cette coalition et a dénoncé et condamné dès le début les abus de l’islam par ce régime en défendant un islam authentique, tolérant et démocratique.
Si notre mouvement a pu résister à la dictature misogyne des mollahs au cours de ces décennies, c’est grâce à sa foi en la liberté et l’égalité.

Nous avons toujours dit, non à la religion obligatoire, non au voile obligatoire et non au gouvernement obligatoire.
Et d’autre part, oui à la séparation de la religion et de l’Etat, oui à la liberté vestimentaire et oui à la république et à la démocratie.
La première fois, après que le régime a imposé le voile obligatoire en mars 1979, c’est-à-dire moins d’un mois après l’arrivée au pouvoir de Khomeiny, les femmes Moudjahidine qui portent le foulard se sont élevées pour protester et manifester contre le voile obligatoire, aux côtés des autres femmes. J’étais moi-même présente dans cette manifestation.
Notre résistance a ouvert la voie dès le premier jour à l’entrée des femmes dans la lutte et à remplir leur rôle déterminant, d’avant-garde et leur force de changement dans tous les domaines de la résistance.
Je crois et je l’ai dit à maintes reprises que les femmes iraniennes seront à l’avant-garde de la défaite de la dictature religieuse.

Ce que le monde voit clairement dans les rues d’Iran aujourd’hui, c’est la poursuite de cette lutte longue, douloureuse, sanglante et glorieuse.
Le Conseil National de la Résistance iranienne, qui est le parlement en exil de la résistance, et qui est composé de diverses tendances politiques, compte 57% de femmes.
Selon le programme du CNRI, après le renversement de ce régime, un gouvernement provisoire prendra en charge l’administration des affaires et durera au maximum six mois.
Au cours de cette période, des élections libres conduiront à une l’Assemblée constituante et législative qui s’attèleront à la rédaction de la Constitution de la nouvelle république.

Chers amis,
Je terminerai mon discours en honorant la mémoire de Mohammad Hossein Naghdi, le représentant du CNRI en Italie.
Il a été tué par les terroristes envoyés par le régime à Rome sur ordre de Khamenei. Les auteurs de ce crime, comme ceux d’autres crimes du régime, sont restés impunis. Aujourd’hui, des milliers de jeunes Iraniens poursuivent sa voie dans la lutte contre la tyrannie et c’est une révolution dont la victoire est inévitable.

Je vous remercie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire