vendredi 13 novembre 2020

Iran : 400 ans d’emprisonnement et 787 coups de fouet pour les défenseurs des droits humains

 CSDHI – Le nouveau compte-rendu d’IHR dresse le profil de 53 défenseurs des droits humains, collectivement condamnés à près de 400 ans de prison et à 787 coups de fouet.

La situation des défenseurs des droits humains (DDH) en Iran est plus grave aujourd’hui qu’elle ne l’a été au cours des trois dernières décennies. Le document sur les défenseurs des droits humains en Iran 2019-2020 fournit un aperçu de la situation des 53 défenseurs des droits de l’homme. Ce sont des avocats qui défendent leurs clients. Des syndicalistes qui revendiquent leurs droits. Puis, des écologistes qui défendent la préservation de la faune et de la flore. Des militants des droits de l’enfant, entre autres.

Le compte-rendu montre que la plupart des défenseurs des droits de l’homme ont été victimes de persécution, de détention. Ils subissent aussi de longues peines de prison uniquement pour avoir exercé leur liberté d’expression. C’est un droit qui leur est accordé par les conventions internationales des droits de l’homme, ainsi que par la Constitution iranienne.

Intensification de la répression contre les DDH

Commentant le document, le directeur d’Iran Human Rights, Mahmood Amiry-Moghaddam, a souligné que « l’intensification de la répression contre les défenseurs des droits humains est allée au-delà de ceux qui critiquent les violations des droits de l’homme commises par les autorités.  Toutefois, elle inclut maintenant essentiellement toute personne qui, même dans le cadre juridique du régime actuel, a fait un pas vers la protection des droits de l’homme. La situation des défenseurs des droits humains en Iran est critique. Elle exige une attention internationale urgente ».

Peines et violations des droits contre les 53 DDH

Ce document présente 53 défenseurs des droits humains (DDH). Le régime les a condamnés collectivement à près de 400 ans de prison et 787 coups de fouet. En outre, tous ont été victimes d’un large éventail de violations. Plusieurs d’entre eux, par exemple, ont été licenciés de leur emploi ou interdits d’exercer leur profession. Tous les DDH ont subi des procès inéquitables. Il sont accompagnés de violations flagrantes de leur droit à un procès équitable par les tribunaux révolutionnaires. Les pressions économiques et les menaces à l’encontre des membres de la famille font partie des moyens utilisés pour les faire taire .

Les autorités ont soumis les DDH à un isolement cellulaire, placés sous la contrainte et contraints de faire des aveux télévisés. Elles les ont torturés psychologiquement et physiquement. Le défenseur des droits des travailleurs Esmaeil Bakhshi a écrit sur son séjour en prison : « Ils m’ont torturé à mort ou presque. J’ai reçu des coups de poing et de pied au point de ne plus pouvoir bouger pendant 72 heures. Ils m’ont tellement battu que j’avais même du mal à dormir. Après presque deux mois passés depuis ces jours difficiles, je ressens toujours des douleurs dans mes côtes. J’ai mal aux reins, à l’oreille gauche et aux testicules. »

Le manque et le refus de soins médicaux, la surpopulation, les conditions d’hygiène déplorables, ainsi que le maintien des DDH auprès de prisonniers condamnés pour des crimes graves tels que des meurtres, sont d’autres méthodes systématiques de pression sur les DDH. Certains souffrent de graves problèmes médicaux. Plusieurs sont malades de la COVID-19, mais ils restent derrière les barreaux.

Répression des avocats

La répression des avocats, défenseurs des cas politiques et sécuritaires, et de minorités est l’une des tendances les plus alarmantes de ces deux dernières années. Le régime a arrêté des avocats comme Amirsalar Davoudi. Puis il l’a condamné à 30 ans de prison et à 111 coups de fouet en relation avec sa chaîne Telegram, « No Retouch »., C’est là qu’il a évoqué les violations des procédures judiciaires, le harcèlement judiciaire des avocats et les violations des droits humains.

Les femmes viennent gonfler les rangs des DDH

Les autorités iraniennes ont aussi persécuté les défenseurs des droits des femmes en grand nombre. Ces dernières années, un nombre croissant de femmes ont rejoint le mouvement contre le hijab obligatoire. A cause de cela, les femmes en Iran sont condamnées à de lourdes peines de prison. Des femmes comme Saba Kordafshari, une jeune femme de 22 ans, arrêtée pour avoir enlevé son voile en public, purge actuellement une peine de 24 ans. Quelques jours avant la publication de ce document, la justice iranienne a rejeté la demande de Saba à un nouveau procès. Sa mère, Raheleh Ahmadi, est également incarcérée – mais dans une autre prison. Elle demande justice pour sa fille. Et elle s’oppose aussi au port obligatoire du hijab. Le pouvoir judiciaire l’a condamnée à 31 mois de prison.

Les 53 DDH présentés dans ce document ne représentent qu’une petite partie de tous les défenseurs des droits humains. Ils sont victimes de harcèlement ou ont perdu leur liberté au cours de la période couverte par le compte-rendu. Nous espérons donc que cet effort apportera de nouvelles perspectives sur la détérioration de l’état des droits humains dans le pays. Qu’il offrira des informations précises aux chercheurs et aux journalistes. Mais aussi qu’il aidera les défenseurs des droits humains et les citoyens concernés dans le monde entier à éduquer et à informer sur la force d’âme des Iraniens ordinaires, qui cherchent à améliorer la vie des autres, à leurs propres risques.

Lire le rapport en entier : https://iranhr.net/media/files/HRD_Report_Iran_Human_Rights_Eng.pdf

Source : Iran Human Rights

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