Le mardi 3 août, le prochain président iranien sera investi. Mais l’investiture officielle d’Ebrahim Raïssi en tant que président est tout sauf normale. Il s’agit plutôt d’une investiture importante qui, selon toute vraisemblance, marque le début de la fin d’un régime barbare.
L’agonie de la théocratie est perceptible pour plusieurs raisons.
Le régime est plus illégitime et plus vulnérable que jamais. Les « élections » présidentielles fictives qui ont propulsé M. Raïssi à la présidence en juin ont été boycottées par le peuple iranien. Des sources crédibles de l’opposition ont estimé que moins de 10 % de la population s’est présentée aux urnes.
Dans ce contexte, le Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei, s’est lancé dans une campagne massive visant à annihiler les factions rivales. La base de son pouvoir continue de se réduire, ce qui le pousse à resserrer les rangs. Ses dernières décisions d’insvestir un meurtrier de masse au poste de président et un tueur professionnel du nom de Gholam-Hossein Eje’i au poste de chef du pouvoir judiciaire relèvent du désespoir et non de la force. Et son anxiété résulte des protestations et soulèvements croissants.
Malgré la pandémie du Coronavirus et la répression brutale du régime, des dizaines de villes iraniennes se sont soulevées pour la troisième semaine consécutive après que des manifestations ont éclaté dans la province du Khouzistan.
Le régime est embourbé dans des crises existentielles et se trouve effectivement en état d’urgence. De larges pans de la population nourrissent des griefs importants et croissants qu’ils attribuent à l’incompétence et à la corruption des dictateurs théocratiques. Outre l’inflation galopante et la pauvreté, la population est aux prises avec de vastes pénuries de produits de base comme l’eau et l’électricité.
Près de 350 000 personnes sont mortes à ce jour en raison de l’étonnante mauvaise gestion du Coronavirus en Iran par le régime, qui a notamment décidé d’interdire tout vaccin fabriqué par les États-Unis et le Royaume-Uni. Pourtant, moins de 3 % de la population a été entièrement vaccinée.
Cette situation n’est pas durable et le régime n’a pas d’autres solutions que les fusils et les balles ou la tentative de restreindre l’accès à Internet. Depuis décembre 2017, de multiples soulèvements de masse ont ébranlé le régime, et la théocratie craint que d’autres ne surviennent. Ainsi, Khamenei espère regrouper ses responsabes les plus loyaux derrière des personnes comme Raïssi et Eje’i pour faire barrière aux soulèvements. Mais il est trop tard.
Ebrahim Raïssi est particulièrement un paratonnerre de l’indignation populaire, en raison de son implication dans le massacre odieux de 1988, qui a suivi le décret de Khomeini selon lequel tous les prisonniers politiques affiliés à l’OMPI, qui sont restés fidèles à l’organisation et à leurs idéaux, doivent être exécutés. Connu comme « le sbire de 1988 », Raïssi faisait partie d’une « Commission de la mort » impliquée dans les exécutions et les disparitions forcées de plus de 30 000 prisonniers politiques en l’espace de quelques mois en 1988. Pour le peuple iranien, il est un rappel macabre de la nature vicieuse de la théocratie.
Comme l’a déclaré Mme Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), dans un discours prononcé lors du Sommet mondial Iran Libre le 10 juillet, « Seule la peur du régime face aux soulèvements et à la disparition politique du Guide Suprême peut expliquer l’entrée en fonction de Raïssi. »
Dans ces circonstances, le silence des gouvernements occidentaux est profondément troublant. Au lieu d’espérer renouer le dialogue avec le régime à Vienne au sujet de son programme nucléaire, la communauté internationale doit se rendre à l’évidence : le régime s’engage sur une voie dangereuse.
Il va intensifier la répression à l’intérieur du pays, faire avancer ses projets régionaux de manière plus agressive et poursuivre son programme clandestin d’armes nucléaires avec plus de vigueur.
Avec les appels indépendants et les appels en faveur des droits de l’Homme qui abondent, la communauté internationale doit faire en sorte que Raïssi et les autres meurtriers de masse qui ont prospéré dans la machine à tuer de Téhéran fassent l’objet d’une enquête et soient poursuivis.
Ne pas agir est à la fois immoral et politiquement contre-productif. Cela signifie simplement fermer les yeux sur la répression du peuple iranien et permettre aux criminels au pouvoir en Iran de massacrer davantage de personnes. Cela aura également des conséquences désastreuses pour la paix et la stabilité internationales.
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