mardi 31 août 2021

Une vie de dignité, de courage et de liberté pour l’Iran

 Les femmes à la direction de la Résistance iranienne

Les femmes sont devenues indispensables au mouvement d’opposition iranien dans sa lutte pour un changement de régime et instaurer la démocratie en Iran.

Ainsi, à chaque jonction cruciale, les femmes ont-elles joué un rôle majeur. Un de ces moments décisifs s’est déroulé le 1er Septembre 2013, à Achraf.

Ce jour-là, alors que le régime iranien se préparait à s’asseoir à la table des négociations nucléaires à Genève, ses assassins ont massacré 52 civils innocents non armés et protégés par la loi internationale au camp d’Achraf, siège trente années durant en Irak de l’opposition démocratique iranienne, l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI).

Déclenché à 5 heures du matin, l’assaut a duré jusqu’à la fin de l’après-midi. Les forces spéciales irakiennes et des commandos iraniens ont abattu d’une balle dans la tête des réfugiés sans défense, les mains attachées derrière le dos, ou exécutés dans la clinique du camp. Un nouveau crime contre l’humanité. Des treize femmes qui dirigeaient le camp, six ont été tuées et six autres prises en otage. Une seule a survécu. Les 52 victimes faisaient partie des cent personnes restées à Achraf sur la base d’un accord quadripartite passé entre les habitants d’Achraf, les États-Unis, les Nations Unies et le gouvernement irakien, pour protéger les biens des Achrafiens. Chacun avait le statut de personne protégée en vertu de la Quatrième Convention de Genève et était classés comme « personne vulnérable » jouissant d’une « protection internationale » par le HCR. Ils étaient restés dans le camp sur la  base des assurances données par l’ONU, les USA et le gouvernement irakien. Le régime iranien a cherché à porter un coup dur à sa principale opposition, l’OMPI, avant les négociations de Genève où il allait renoncer à son programme d’armes nucléaires en échange de la levée des sanctions. Trois mois plus tôt, fruit des querelles internes, Hassan Rohani avait pris ses fonctions. En Irak, le pouvoir soutenu par les mollahs d’Iran réprimait violemment les protestations populaires et le monde entier condamnait le bombardement chimique des populations syriennes par un autre homme de main de Téhéran, Bachar Assad. L’attaque d’une extrême lâcheté contre les Achrafiens avait donc été lancée pour occulter les faiblesses de la dictature religieuse à un moment crucial. Au troisième anniversaire de cette tuerie ignoble, souvenons-nous des grandes femmes qui ont donné leur vie pour donner l’exemple de la force, de la ténacité et du dévouement à la cause de la liberté en dépit de toutes les difficultés et de tous les dangers.

Zohreh Ghaemi, 49 ans, était secrétaire générale adjointe de l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI). Elle dirigeait le camp d’Achraf le jour du massacre. Elle était connue pour sa force, sa maîtrise de soi, son humilité et sa tolérance. Elle avait été emprisonnée durant cinq ans en Iran pour ses activités politiques dans les années 1980. Dans une attaque précédente sur Achraf par les forces irakiennes en 2009, elle avait été grièvement blessée à la jambe. Elle était comme toutes les femmes de la Résistance, déterminée à mettre fin à l’oppression des Iraniennes.

 

 Guiti Guivechinian, 55 ans, était secrétaire générale adjointe de l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) et présidente de la commission de la Sécurité et de la Lutte contre le terrorisme du Conseil national de la Résistance iranienne. Elle était diplômée en psychologie et luttait contre les mollahs depuis 34 ans. Elle était aussi connue pour ne pas hésiter devant le risque, pour sa patience, sa tolérance, sa force et de nombreuses qualifications dans divers domaines.

 

 

 Mitra Bagherzadeh, 54 ans, était un cadre supérieur du Conseil de direction de l’OMPI. Elle avait étudié la gestion et luttait dans le mouvement depuis 34 ans. Elle était originaire d’Abadan dans le sud de l’Iran. Elle était connue pour sa détermination et sa foi inébranlable dans la cause de la liberté. Elle était chargée de la gestion des affaires juridiques d’Achraf au moment de l’attaque.

 

 Jila Tolou, 53 ans, était membre du Conseil de direction de l’OMPI. Elle était originaire d’Azerbaïdjan et avait rejoint le mouvement pendant ses études universitaires. Elle comptait 34 années de résistance. Elle travaillait en étroite collaboration avec Zohreh Gha’emi et avait la responsabilité des communications à Achraf au moment du massacre.

 

 

Fatemeh Kamyab, 52 ans, ancienne prisonnière politique de la ville de Racht dans le nord de l’Iran, était membre du Conseil de direction de l’OMPI. Elle luttait dans le mouvement de la résistance deuis 30 ans. Elle était connue pour son altruisme et son honnêteté. Elle était en charge de la logistique d’Achraf au moment du massacre. Deux de ses frères avaient déjà été exécutés par le régime des mollahs.

  

 Maryam Hosseini, 49 ans, membre du Conseil de direction de l’OMPI, avait été prisonnière politique pendant quatre ans. Elle résistait depuis 31 ans. Elle était chargée de la protection d’Achraf. Ses assassins l’ont menottée avant de l’exécuter froidement.  Dans une interview pour la Journée internationale des Femmes en 2001, et publiée sous la forme d’un ouvrage intitulé « Le prix de la liberté », la présidente élue du CNRI, Maryam Radjavi, décrit brièvement le processus parcouru par les femmes dans la Résistance iranienne contre le fascisme religieux afin d’instaurer la liberté. « Une femme doit gagner ses droits, explique-t-elle, personne ne va lui donner la liberté et son émancipation … elle doit résister, pour ouvrir et paver le chemin de la liberté … La première étape est de croire que nous le pouvons … On peut et on doit lutter pour devenir libres. Telle est la réalité et l’esprit qui coule dans les veines de cette résistance et de tous ses hommes et femmes … Mais il ne faut jamais oublier qu’il y a un prix à payer pour la liberté. » Aujourd’hui, nous nous souvenons que le prix est souvent très élevé. Ces six sœurs, et les six qui sont toujours portées disparues trois ans après, ne sont plus là, mais le rêve d’un Iran libre est plus vivace que jamais. Ces femmes sont des exemples de noblesse d’âme, de dignité, de liberté et de courage. En fait, elles ne sont pas mortes, mais se sont multipliées dans des centaines d’autres femmes qui porteront le flambeau jusqu’à sa destination finale. Le sacrifice de nos sœurs garantit aussi l’égalité des droits et des libertés des femmes dans l’Iran libre de demain.

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