mercredi 18 août 2021

Iran : Poursuite de la répression politique et annulation de la condamnation d’un responsable meurtrier, Saeed Mortazavi

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CSDHI – Les Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI / MEK Iran) et le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) ont rapporté que, mardi, la cour suprême a acquitté l’ancien procureur de Téhéran, Saeed Mortazavi. Il était jugé pour son rôle dans trois décès ayant suscité de nombreuses critiques lors des répressions gouvernementales pendant les manifestations de 2009.

La photojournaliste irano-canadienne

En 2003, la photojournaliste irano-canadienne Zahra Kazemi a été battue, violée et est morte à la prison d’Evine. Elle avait photographié des proches de prisonniers qui se rassemblaient devant le même établissement. Mortazavi avait alors fait l’objet d’une attention particulière de la part des puissances mondiales et des militants des droits humains.

Mortazavi doit faire face à la justice

À la suite de ce drame, il y a eu de nombreux appels pour que Mortazavi soit appréhendé s’il entrait en contact avec des représentants des forces de l’ordre occidentales. « Nous demandons à la communauté internationale d’utiliser tous les moyens légaux à sa disposition pour arrêter cet individu et le traduire en justice », a déclaré le Premier ministre canadien de l’époque, Stephen Harper, aux médias en 2006.

Cependant, rien ne prouve que Mortazavi ait jamais couru le moindre risque de voir sa demande acceptée par la communauté internationale. On le doit à la planification méticuleuse de ses voyages internationaux ainsi qu’à l’apparente détermination du régime iranien à le défendre durant des années après la tragédie de Mme Kazemi. Cette situation a semblé changer après les rassemblements du Mouvement vert, déclenchés par la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en tant qu’allié politique.

Cela ne veut pas dire que la protection de Mortazavi fut instantanément annulée. Il est plutôt devenu la cible de querelles entre factions. Ses ennemis ont aidé à son arrestation en février 2013. De plus, ses amis comme Ahmadinejad ont veillé à ce qu’il soit libéré le lendemain.

Mortazavi fut reconnu coupable d’au moins trois cas de mort par torture dans le feu des manifestations de 2009 après une enquête menée en 2011 par le Parlement iranien. Mais la procédure judiciaire a pris des années avant qu’il ne soit finalement reconnu coupable et condamné à deux ans de prison en 2017.

Influencer les choix du système judiciaire

Une relation antérieure avec le pouvoir en place semble être une condition atténuante qui influence effectivement les choix de la justice, sur la base de l’affaire Mortazavi. Cette idée a été renforcée dans les mois qui ont suivi la condamnation de Mortazavi, lorsqu’il s’est éclipsé au lieu de se présenter en prison pour commencer à purger sa peine et qu’il n’a reçu aucune sanction supplémentaire. En vérité, il n’a passé que 17 mois de sa peine de deux ans après son arrestation en avril 2018. On l’a libéré en septembre 2019.

Le moment de cette libération fut heureux, car il est survenu deux mois seulement après le début de l’une des pires répressions de l’histoire de l’Iran contre la dissidence. En novembre 2019, en réponse à un soulèvement national, les responsables du régime ont ouvert le feu sur des masses de manifestants, tuant 1 500 personnes. Ils ont également procédé à de vastes arrestations dans tout le pays. Ils ont incité le pouvoir judiciaire à lancer une campagne de torture systématique de plusieurs mois qui a touché des milliers de personnes.

Mortazavi était un fervent partisan de Raïssi

Mortazavi fut un fervent partisan de la campagne présidentielle d’Ebrahim Raïssi en 2017. Il l’a pourtant perdue face à Hassan Rouhani. Mortazavi a fait référence à la prochaine administration Raïssi comme son « rêve » pour la République islamique. Il a souligné le lien commun qui existe entre les autorités iraniennes engagées dans la suppression brutale de la dissidence.

Malheureusement, l’Union européenne et ses États membres n’ont rien fait pour démontrer leur solidarité avec le peuple qui réclame la liberté et la démocratie. Avec chaque nouvelle déclaration de soutien aux violations récentes et historiques des droits humains, l’inattention du régime à l’égard de l’agitation intérieure de l’Iran devient de plus en plus meurtrière. L’acquittement de Mortazavi devrait rendre cette action encore plus importante, car le jugement de la Cour suprême ne sert à rien d’autre qu’à donner le feu vert à une répression encore plus dure de la dissidence.

Source : Stop au Fondamentalisme

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