vendredi 4 juillet 2025

Les experts de l’ONU exhortent l’Iran à choisir la protection plutôt que la répression après le cessez-le-feu

 OHCHR – GENÈVE – Les experts de l’ONU* ont exprimé aujourd’hui leur inquiétude face à la répression en République islamique d’Iran depuis le début des hostilités le 13 juin 2025 et le cessez-le-feu qui a suivi.

« Les situations post-conflit ne doivent pas être utilisées comme une opportunité pour réprimer la dissidence et augmenter la répression », ont déclaré les experts. Reconnaissant l’impact des attaques militaires illégales menées par Israël et les États-Unis d’Amérique, les experts ont néanmoins exprimé leur inquiétude face aux informations faisant état d’exécutions, de disparitions forcées et d’arrestations massives.


Depuis le 13 juin 2025, au moins six personnes auraient été exécutées pour « espionnage pour Israël », dont trois hommes kurdes. Des centaines de personnes, y compris des utilisateurs de médias sociaux, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme, des ressortissants étrangers—en particulier des Afghans — et des membres de minorités ethniques et religieuses telles que les Bahaïs, les Kurdes, les Baloutchis et les Arabes ahwazis, ont été détenues pour des accusations de « collaboration » ou d’« espionnage ». Parmi les personnes détenues figurent le défenseur des droits humains Hossein Ronaghi et son frère. Pendant ce temps, le chercheur suédo-iranien Ahmadreza Djalali risque une exécution imminente sans qu’on sache où il se trouve. Le conflit a également considérablement exacerbé les déportations d’Afghans en provenance d’Iran, 256 000 étant retournés dans leur pays au cours du seul mois de juin en raison de graves préoccupations liées au refoulement.

Les experts de l’ONU ont exprimé leur inquiétude face aux déclarations officielles annonçant des procès accélérés sur des accusations d’espionnage, mettant les personnes en danger d’exécution sommaire ou de punition sans procédure régulière adéquate.

Ils ont également trouvé tout aussi préoccupants les rapports d’incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence dans les médias, qui ont qualifié des communautés minoritaires entières de traîtres et utilisé un langage déshumanisant tel que « rats immondes ». Cette rhétorique dans les médias persans et arabes liés à l’État aurait inclus des appels à la surveillance et au meurtre de Bahaïs, faisant écho aux atrocités de 1988.

Les experts de l’ONU ont averti que le Parlement iranien proposait simultanément une législation qui qualifierait les activités de renseignement ou d’espionnage menées pour des « gouvernements hostiles » de « corruption sur terre »—une infraction passible de la peine de mort.

« Criminaliser le partage d’informations dans un langage général viole les droits à la liberté d’expression et d’information », ont déclaré les experts. « Cette loi représente également une expansion inquiétante de la peine de mort qui viole le droit international des droits de l’homme. »

Les experts de l’ONU ont exhorté la communauté internationale à accorder la priorité à un soutien soutenu aux acteurs de la société civile iranienne, y compris une assistance technique et financière aux médias indépendants et aux groupes de défense des droits de l’homme. « La survie de l’espace civique dépend de la capacité à documenter les violations des droits humains, à préserver la mémoire collective et à coordonner l’action, ce qui est essentiel pendant cette période critique », ont-ils déclaré.

Les experts de l’ONU ont également condamné la détérioration des conditions auxquelles sont confrontés les prisonniers transférés de la prison d’Evine après les attaques israéliennes contre ses installations. Les prisonniers auraient été transférés au pénitencier du Grand Téhéran et à la prison de Qarchak et détenus dans des conditions épouvantables. Le sort et l’endroit où se trouvent certains prisonniers restent inconnus, les plaçant en dehors de la protection de la loi—une situation qui équivaut à des disparitions forcées.

« Suite au cessez-le-feu, le monde surveille de près la façon dont les autorités iraniennes traitent leur propre peuple. Ce sera une mesure déterminante de l’engagement du pays en faveur des droits humains et de l’état de droit, ont déclaré les experts.

« L’Iran ne doit pas permettre à l’histoire de se répéter en ayant recours aux mêmes schémas sombres de répression qui ont dévasté son peuple dans les périodes précédentes de post-conflit. »

Les experts de l’ONU ont été en contact avec les autorités iraniennes sur cette question.

*Les experts :

Mai Sato, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran,
Nazila Ghanea, Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction,
Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires sommaires ou arbitraires,
Nicolas Levrat, rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités,
Richard Bennett, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan,
Irene Khan, Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression,
Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme,
Gabriella Citroni, (Présidente-rapporteuse), Grażyna Baranowska (Vice-présidente), Aua Baldé, Ana Lorena Delgadillo Pérez, Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires,
Margaret Satterthwaite, Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats,
Laura Nyirinkindi (présidente), Claudia Flores (vice-présidente), Dorothy Estrada Tanck, Ivana Krstić et Haina Lu, groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles.
Procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne sont pas du personnel de l’ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Bien que le bureau des droits de l’homme des Nations unies agisse en tant que secrétariat pour les procédures spéciales, les experts siègent à titre individuel et sont indépendants de tout gouvernement ou organisation, y compris du HCDH et des Nations unies. Toutes les vues ou opinions présentées sont uniquement celles de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celles de l’ONU ou du HCDH.

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