Dans une déclaration publiée à l'occasion de la 40e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU qui se tient à Genève, le Centre européen pour le droit, la justice et les droits de l'homme dénonce le sort injuste fait à un pasteur en Iran.
Cette ONG appelle l'ONU à agir pour faire libérer ce chrétien victime de la dictature religieuse des mollahs.
Introduction
Il y a cinq ans, le pasteur Youcef Nadarkhani, un pasteur iranien condamné à mort pour « apostasie », a été libéré d’une prison iranienne. Le 22 juillet 2018, des sources ont signalé que des agents iraniens en civil ont fait irruption au domicile du pasteur et l'ont battu avant de l’arrêter pour « pratique de sa foi chrétienne ». La famille du pasteur Youcef a été informée qu'il devait être transféré à la prison Evine de Téhéran, une prison réputée pour détenir des chrétiens et des opposants politiques.
En tant que membre des Nations Unies, la République islamique d’Iran est tenue de respecter les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies exigeant que ses membres « obtiennent la coopération internationale en promouvant et encourageant le respect des droits humains et des droits fondamentaux et des libertés fondamentales, pour tous, sans distinction de religion. En détenant et en jugeant le pasteur Youcef à cause de son expression religieuse, la République islamique d’Iran viole ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies. Par conséquent, ces violations ne concernent pas seulement la République islamique d’Iran, mais également l’ensemble du Conseil.
En outre, la République islamique d’Iran continue de violer ses obligations en vertu de la Déclaration universelle des droits de l'homme (UNDHR), qui protège le choix et l'exercice de la religion, l'expression religieuse et le droit de se réunir pacifiquement à des fins religieuses. Outre la protection de la liberté de religion énoncée à l’article 18, l’article 19 protège le droit d’expression religieuse et l’article 20 protège le droit de réunion pacifique et le droit d’association.
Il est clair que la République islamique d’Iran a violé les principes de la Charte des Nations Unies ainsi que la Déclaration Universelle des droits de l’homme (UNDHR), via la détention répétée et illégale du pasteur Youcef qui a pacifiquement pratiqué sa foi chrétienne. Ce Conseil doit s’opposer à cette injustice et protéger les droits du pasteur Youcef et de quiconque cherche à pratiquer pacifiquement sa religion en Iran.
Contexte
L’Iran a violé pour la première fois les droits de l’homme du pasteur Youcef lors de son arrestation en octobre 2009. Cette arrestation a eu lieu après qu’il ait critiqué le monopole exercé par les autorités islamiques sur l'éducation en Iran ; en réponse à son affirmation selon laquelle la constitution iranienne ne justifie pas la promotion d'une religion à l'exclusion de toutes les autres par le biais d'un enseignement religieux obligatoire à l'école, Iran a menacé de l’exécuter et a failli le faire.
L’article 14 de la Constitution iranienne dispose : « Le gouvernement de la République islamique d’Iran et tous les musulmans ont le devoir de traiter les non-musulmans conformément aux normes éthiques. . . et de respecter leurs droits humains.
Malgré la protection accordée à la liberté de religion par la constitution iranienne, le pasteur Youcef a été accusé d'apostasie en septembre 2010, une accusation pour laquelle il a été condamné à la peine de mort. Le 5 décembre de la même année, il a interjeté appel de sa condamnation devant la Cour suprême d'Iran. Néanmoins, la Cour suprême a confirmé sa peine le 28 juin 2011.
Au cours de son emprisonnement, des officiers de police iraniens ont fait pression sur le pasteur Youcef afin de le faire renoncer à sa foi, pourtant il a résisté et a accepté son emprisonnement à cause de sa croyance dans le christianisme. Cependant, après l’indignation mondiale face au déni des droits les plus élémentaires du pasteur Youcef droits, il a été légitimement acquitté de l'accusation d'apostasie.
Trois mois plus tard, le 25 décembre 2012, le jour de Noël, il a été enlevé à son domicile par la police iranienne. Son deuxième emprisonnement fut la conséquence de son accusation d’évangélisation. Malgré le fait qu’il ait été acquitté de l’accusation d’'apostasie, l'Iran a continué à le persécuter pour sa foi en le condamnant à trois ans de prison, le relâchant seulement le 7 janvier 2013, en tenant compte du temps déjà purgé avant son acquittement. Il avait été alors condamné à purger les 45 jours restants en probation.
Il semblerait que l’Iran ait déjà fait tout ce qui était en son pouvoir pour causer des souffrances indescriptibles au Pasteur Youcef, et pourtant il a été enlevé par la police, pour la troisième fois, le 13 mai 2016 au cours de raids visant spécifiquement les chrétiens, et il a été accusé, avec quatre autres chrétiens, d’avoir reçu des fonds du gouvernement britannique.
Un tribunal iranien l’a déclaré coupable en juillet 2017 de « promotion du christianisme sioniste », et d’ « atteinte à la sécurité nationale ». Cette accusation est basée sur aucune preuve crédible et sa formulation parle d'elle-même. C’est la preuve que l’Iran est déterminé à forcer les chrétiens à garder le silence et à utiliser arbitrairement son système de justice pour le faire.
Le pasteur et les trois autres chrétiens ont immédiatement fait appel, mais leur appel a été entendu le 13 décembre 2017 par les juges Hassan Babaee et Ahmad Zargar, de célèbres juges partiaux, dont l'un a été accusé d'avoir perdu son impartialité judiciaire en 2014, et qui fait face à des sanctions en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord.
Malheureusement, mais sans surprise, cinq mois plus tard, le 2 mai 2018, leurs avocats ont été informés par un texte que leurs appels avaient été rejeté et que leurs peines de dix ans avaient été maintenues. Ce verdict a été appliqué avec la plus grande cruauté dans la nuit du 22 juillet 2018, car le Pasteur Youcef a été violemment enlevé de chez lui dans un cas honteux de brutalité policière.
Cette nuit-là, sa maison a été perquisitionnée par la police sans préavis. Sa porte a été brisée et il a été agressé avec des matraques électriques bien qu'il ne représentait aucune menace pour les forces de sécurité. Son fils a également été battu et frappé avec un Taser. Cette brutalité s'est produite devant l’épouse du pasteur et ses jeunes enfants, et c’est le dernier des actes de persécution infligés au Pasteur Youcef à cause de sa foi. Trois autres chrétiens convertis, reconnus coupables de « promotion du christianisme sioniste » avec le pasteur Youcef en 2017, ont été arrêtés les jours suivants.
Requête
Ce conseil doit exiger la libération immédiate du pasteur Youcef. L’objectif même de ce Conseil est de protéger les droits de l’homme des personnes vivant dans le monde entier. Il est impératif que cette mission soit prise au sérieux et que l’on rappelle à la République islamique d’Iran son obligation de protéger activement les droits du Pasteur Youcef afin que lui et d’autres puissent pratiquer leur religion pacifiquement sans crainte d’être arrêtés ou violentés par leur gouvernement.
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