mardi 4 février 2020

EDITORIAL : Le Guide Suprême des mollahs au cœur des crises inextricable du régime iranien

EDITORIAL : Le Guide Suprême des mollahs au cœur des crises inextricable du régime iranien
À l'approche des élections législatives du 21 février en Iran, les crises internes du régime sont dirigées tout particulièrement contre le Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei.
L'intensification de cette crise au sein du régime sont la répercussion des soulèvements du peuple iranien contre la dictature en 2018, en 2019 et en janvier 2020. La crise a atteint le cercle interne du régime, et même les membres les plus proches du système en sont venus à remettre en question le principe du Guide Suprême. Lors des soulèvements, et notamment celui de janvier 2020, les slogans des manifestations populaires se sont concentrés sur Khamenei et le principe du pouvoir théocratique absolu ou « Velayat-e Faqih ».

« A bas Khamenei », « Nous n'avons pas sacrifié les martyrs pour faire l’apologie d’un Guide meurtrier », « Soleimani est un meurtrier, son chef est honni » et « A bas l'oppresseur, que ce soit le Chah ou le Guide » étaient les principaux slogans du soulèvement de janvier 2020. Faisant écho au massacre des manifestants sur ordre de Khamenei, le peuple a scandé : « 1500 sont nos martyrs de novembre ».
Élection ou « sélection » ?
Dans le régime des mollahs, où aucune opposition n'a droit au chapitre, la meilleure expression pour désigner une élection est « sélection ». Même les membres des différentes factions du régime doivent être contrôlés par le Conseil des gardiens, nommé par le Guide Suprême ; et tous les candidats doivent prouver leur loyauté absolue envers le Guide Suprême pour pouvoir participer. Mais à chaque fois, avec l'« ingénierie électorale » et l'accord des deux principales factions du régime, un taux élevé de participation à l'élection est annoncé, pour donner une apparence de légitimité au régime.
Mais cette fois, les crises internes du régime ont intensifié le conflit entre les factions. Le régime est si faible et instable qu'il n'est même pas capable de résoudre ce qu'ils appellent « querelles familiale » car les candidats de plus de la moitié des circonscriptions n'appartiennent qu'à une seule faction. Les autres ayant été disqualifiés.
La position la plus ridicule, cependant, est celle du président du régime, Hassan Rohani. D'une part, il affirme qu'il n'y a pas de place pour la compétition dans cette élection et la compare à la « sélection » sous la dictature du Chah. D'autre part, pour « préserver le système », il appelle à participer à cette soi-disant élection.
Aujourd'hui, la fronde sociale s’est transformée en crise politique au sein du système, et même les éléments les plus proches du régime remettent en question la légitimité du Guide Suprême.
Mostafa Tajzadeh, ancien ministre de l'Intérieur, a identifié le Guide Suprême comme la racine des problèmes du régime : « La révolution islamique était-elle inévitable ? Le pouvoir théocratique n'aurait pas dû être incluse dans la constitution » ... « Lorsqu'une maladie est si aiguë qu'elle ne peut être résolue que par la chirurgie, toute personne raisonnable passe par la chirurgie pour continuer à vivre. Parce qu'elle sait que si elle ne le fait pas, elle aura tôt ou tard des ennuis. Le fait est que notre système a atteint un point où il ne peut plus continuer sauf après avoir subi des opérations chirurgicales majeures. La chirurgie la plus importante est la réforme constitutionnelle. Nous devons nous tenir debout. Le fait que je sois en désaccord avec mes amis est que je crois maintenant que l'importance d'être ou de ne pas être au Parlement est que nous devons dire aux gens qu'après 40 ans, si nous ne modifions pas notre constitution, nos problèmes ne seront pas résolus. »
Mahmoud Sadeghi, membre du Majlis (Parlement des mollahs) a dit : « Je crois qu'aucun responsable n'est à l'abri de la critique et de la surveillance ». « Sur la base de ma croyance dans le principe du Velayi-faqih, je crois que le Guide Suprême est suprême dans ses qualités. Une personne n'est pas suprême, ce n'est pas un poste à vie puisque personne ne pourrait conserver les qualités de toute une vie ».
Ces types d'attaques contre le Guide Suprême se sont tellement multipliées que son entourage a dû le défendre. Le mollah Hossein Rashidian, lors du sermon de la prière du vendredi 24 janvier, a déclaré: « La première caractéristique d'un hypocrite politique est qu'il abandonne le Guide. La deuxième caractéristique est qu'ils insultent le Guide de l'époque. »
Un autre mollah, Elahi-e Rad, lors d'une émission télévisée, a avoué le lâchage de Khamenei par certains mollahs: « Certains mollahs ne défendent pas le Guide Suprême et disent que ce n'est pas mon affaire. »
Dans le même temps, le mollah Mohammad-Mehdi Mandegari, lors du sermon de la prière du vendredi, a tenté de persuader les partisans du régime que Khamenei n’est pas la cause des problèmes du pays. « N'ayez pas peur des ennemis. La nation qui soutient le Guide Suprême ne sera pas intimidée par l'ennemi. Mais si vous abandonnez le Guide, vous devriez avoir peur de Dieu. Nous avons dit à plusieurs reprises que les problèmes ne sont ni liés au Guide Suprême, ni à la révolution, ni au système sacré de la République islamique. Ces problèmes sont dus à nos choix. Nos ennemis veulent changer l'opinion des gens sur la révolution et répandre la peur dans le cœur de la population. Alors, faites attention », a-t-il déclaré.
Ces faits montrent à quel point le principe de Guide Suprême est au cœur des problèmes qui engloutissent l'ensemble du régime dans le marécage des crises. Une impasse que même les Bassidj et les Gardiens de la révolution (pasdaran) contemplent avec impuissance et effroi et voient déjà le précipice au bout de la route le régime moribond.

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