CSDHI - Le prix de 550 grammes de fromage blanc est d'environ 13 200 tomans (0.8 €). Une personne recevant la subvention du gouvernement (aide d'urgence) pourrait acheter 15 à 45 blocs de fromage par mois.
De nombreux téléspectateurs en ligne ont été frappés par la vidéo du vieux colporteur, qui affirmait devant la caméra qu'il avait été contraint de descendre dans la rue pour manger.
Ces derniers jours, une vidéo choquante a tourné en ligne en Iran. Elle présente un vieux colporteur, apparemment incapable de travailler en raison du coronavirus, qui prétend avoir été contraint de descendre dans la rue pour obtenir une croûte de pain halal à manger. Depuis deux jours, dit-il, ses enfants lui ont demandé de leur acheter du fromage et il n'a pas pu en acheter.
Les gens ont émis l'hypothèse que les affirmations du vieil homme sont probablement vraies. Mais quelle que soit la véracité des images, l'état de pauvreté misérable dépeint dans cette vidéo est extrêmement réaliste - et non moins choquant pour autant.
Selon les estimations officielles, plus de la moitié de la population iranienne est actuellement menacée par la pauvreté absolue, la faim et la malnutrition. Concrètement, cela signifie que leurs revenus ne suffisent pas pour leur permettre de se nourrir convenablement et de joindre les deux bouts.
En décembre 2018, un rapport compilé par le Centre de recherche du Parlement iranien a prédit qu'en 2019, les sept premiers déciles de revenus, englobant une population d'environ 57 millions de personnes, seraient en dessous du seuil de pauvreté et donc exposés à la malnutrition, voire à la famine, si le gouvernement ne fournit pas d'aide alimentaire.
À ce stade, il est sûr de supposer que le principal défi auquel sont confrontés de nombreux Iraniens dans leur vie quotidienne est d’avoir de quoi manger : pas forcément une alimentation de bonne qualité, mais les repas les moins chers et les plus rudimentaires, tels que du pain et du fromage, comme l’a souligné la vidéo virale.
Quelle est la pension du gouvernement pour les victimes du coronavirus ?
La vidéo du vieux colporteur a suscité une réaction rapide du premier vice-président Eshagh Jahangiri, qui a souligné que le gouvernement a alloué entre 200 000 et 600 000 tomans - ou entre 12.8 € et 36 €, sur la base des taux de change actuels - par mois pour soutenir trois millions de personnes vivant dans la pauvreté alimentaire. M. Jahangiri faisait référence à une décision prise par le cabinet lors de sa dernière réunion en mars 2020, qui stipule qu'un montant sera alloué aux familles les plus touchées - le paiement réel dépendant de la taille du ménage - au cours des quatre prochains mois.
Le coût de ce montant d'aide sera un coup dur pour les comptes du gouvernement de Hassan Rouhani, déjà en faillite et personne ne sait exactement d'où il proviendra. Mais dans quelle mesure cette mesure affectera-t-elle réellement la vie des pauvres ? Quelle est la valeur de 200 000 à 600 000 tomans (c’est-à-dire environ 13 à 36 €) pour une famille de quatre à cinq personnes ?
Quelle est l'utilité de cet argent pour le vieux colporteur dont le revenu insignifiant a été coupé en raison de l'épidémie du coronavirus ? Sur la seule base de cette allocation, combien de repas une famille peut-elle prendre ? Quelle quantité de fromage et de pain, cet argent peut-il acheter ?
Combien coûte un repas de pain et de fromage ?
Une recherche sur les sites Web des principaux supermarchés en ligne de Téhéran révèle que le prix moyen d'un bloc de 550 grammes de fromage blanc est d'environ 13 200 tomans, soit 80 centimes d’euros. Dans cette optique, une personne bénéficiant de la nouvelle allocation gouvernementale pourrait acheter de 15 à 45 blocs de fromage par mois.
Mais lorsque le coût du pain est pris en compte, l'image change. Il est recommandé que tout le monde mange 310 grammes de glucides sous forme de pain ou d'autres féculents par jour.
Le poids approuvé en octobre 2018 d'une miche de pain Sangak était de 450 grammes. Le pain Sangak est actuellement vendu dans les boulangeries de Téhéran jusqu'à 2 500 tomans ou 16 centimes le pain. Si nous supposons que le prix ordinaire d'une portion de pain est plus proche de 1500 tomans, ou 9 centimes, et que nous ajoutons deux portions pour un repas complet pour une famille de quatre à cinq personnes, le prix de chaque repas dépasse 15 000 tomans - environ un 92 centimes d’euros.
Dans un précédent article publié en janvier 2020, IranWire estimait le coût de préparation d'une omelette en Iran à 16 000 tomans ou 1 €. Cette nouvelle analyse montre que même sans ce complément plus nutritif, le coût d'un repas de base composé de pain et de fromage - insuffisant selon les normes de quiconque - est d'au moins 16 000 tomans.
En supposant que chaque membre d'une famille pauvre a besoin de deux portions de pain et de fromage par jour pour sa subsistance de base, le coût des repas quotidiens de la famille dépasse 32 000 tomans ou 2 € par jour, et environ un million de tomans ou 63 € par mois.
Ce chiffre est de 400 000 tomans – soit environ 25 € - de plus que le montant mensuel de l'aide gouvernementale. En d'autres termes, si le chef de famille a perdu son emploi à cause de la pandémie de coronavirus et n'a pas d'autre source de revenus que cette maigre allocation, il lui manque encore les 400 000 tomans nécessaires pour préparer une nourriture minimale, et on ne sait pas pour l'instant comment il pourra faire face à cette pénurie.
Qu'en est-il des dépenses non alimentaires des pauvres ?
La nourriture n'est pas la seule dépense quotidienne dont les familles pauvres doivent tenir compte. Selon les estimations du Centre des statistiques d'Iran, la proportion du décile des revenus les plus faibles des dépenses des ménages qui est absorbée par la nourriture est de 43 % - c'est-à-dire que plus de la moitié des revenus des familles pauvres sont consacrés à d'autres nécessités, et surtout à garder un toit au-dessus de leur tête.
Cela signifie que le montant du retard monétaire auquel sont confrontées les personnes dont la source de revenu est coupée en raison de l'épidémie de coronavirus, de la récession économique ou de toute autre circonstance inattendue est susceptible d'atteindre au moins 1 500 000 tomans, soit 94 euros, et probablement plus.
Mais alors que l'économie iranienne reste dans une situation désespérée, le gouvernement n'est pas en mesure de compenser de manière adéquate une situation qui - sur la base des seuls chiffres concrets - dépasse la limite de la tolérance humaine.
Source : IranWire
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