CSDHI – La femme d’un dissident iranien emprisonné a critiqué les dirigeants iraniens pour avoir ordonné l’emprisonnement de leur fils qui avait manifesté contre la destruction par l’armée iranienne en janvier 2020, d’un avion de ligne ukrainien. Elle a affirmé que ce sont les mauvaises personnes qui se trouvent derrière les barreaux.
Fatemeh Maleki a annoncé dans un post sur Instagram le 11 août 2020 que les autorités avaient convoqué son fils Ali Nourizad à la prison d’Evine de Téhéran pour purger sa peine de prison.
Le mari de Fatemeh Maleki, Mohammad Nourizad, est un cinéaste et journaliste iranien qui est emprisonné depuis août 2019. Il a signé une lettre ouverte appelant le Guide suprême, Ali Khamenei, à démissionner. Dans son post sur Instagram, Mme Maleki a déclaré que le gouvernement a convoqué son fils en prison pour faire pression sur son mari. Ce dernier proteste contre sa propre détention et celle d’autres prisonniers politiques.
L’avion de ligne abattu
Le tribunal de Téhéran a condamné le jeune Nourizad à trois ans et demi de prison en avril 2020 pour « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale. » Il avait été arrêté le 12 janvier pour avoir manifesté pacifiquement contre la destruction d’un avion de ligne ukrainien. Les manifestants ont vivement conspué le pouvoir qui a reconnu tardivement son acte meurtrier quatre jours plus tôt, tuant de nombreux Iraniens.
Ali Nourizad a été libéré sous caution le 2 février 2020.
L’Iran a d’abord nié toute responsabilité dans l’abattage, le 8 janvier 2020, de l’avion ukrainien, peu après son décollage de Téhéran à destination de Kiev.
L’incident s’est produit alors que les forces iraniennes étaient en alerte craignant des représailles américaines. Elles avaient bombardé une base américaine en Irak quelques heures plus tôt. Le régime iranien voulait ainsi réagir à une attaque aérienne américaine qui avait tué le commandant iranien Qassem Soleimani à Bagdad le 3 janvier.
Après trois jours de démenti, les responsables avaient admis que le corps des gardiens de la révolution (les pasdarans), avait abattu l’avion ukrainien le prenant pour une menace ennemie. Les 176 personnes à bord avaient tuées, pour la plupart des Iraniens.
Un porte-parole de la justice iranienne a déclaré en juin que six personnes avaient été arrêtées en relation avec l’abattage de l’avion mais que trois d’entre elles avaient été libérées sous caution. Aucune poursuite n’a été annoncée.
Aucun responsable n’a été sanctionné
Dans une interview accordée jeudi à VOA Persian, Fatemeh Maleki a noté que les autorités iraniennes n’avaient pas encore traduit en justice les responsables de l’accident d’avion. « Ce sont nos enfants, qui ont allumé des bougies et scandé des slogans dans les rues en signe de sympathie pour les victimes du crash, qui doivent purger une peine de prison », s’est-elle insurgée.
Mme Maleki a déclaré qu’en convoquant son fils en prison, les autorités iraniennes essayaient d’envoyer un message à la population pour la dissuader de manifester contre le pouvoir. « Mais quand on considère que les vagues de protestations de ces dernières années se sont étendues dans tout le pays et que de plus en plus d’Iraniens y prennent part, on ne peut que constater les torts du régime », a-t-elle ajouté.
Il n’y a aucune mention dans les médias officiels de l’assignation d’Ali Nourizad à purger une peine de prison. Mme Maleki n’a pas déclaré publiquement si son fils avait été incarcéré à Evine avant la date limite de dimanche.
Mme Maleki a également déclaré à VOA que les autorités de la prison d’Evine ont interdit à son mari d’utiliser le téléphone pour contacter ses proches. Elle a déclaré que les membres de sa famille n’avaient aucune information sur son état en prison depuis plusieurs semaines.
En mai, Mme Maleki avait dit Radio Farda, que l’avocat de son mari lui avait rendu visite à Evine. Il avait vu qu’il avait tenté de se suicider, avec des bandages sur la main et le visage. Mohammad Nourizad avait envoyé un message audio depuis la prison le mois précédent, disant vouloir se suicider pour protester contre le harcèlement de sa famille par les forces de sécurité.
Source : VOA
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