jeudi 2 décembre 2021

Iran : Durant le massacre de 1988, le monde est resté silencieux

 CSDHI – Alors que le procès de l’ancien responsable des prisons iraniennes Hamid Noury se poursuit toujours en Suède, la procédure a été brièvement expédiée en Albanie afin d’entendre les témoignages des survivants du massacre de 1988 en Iran. Durant celui-ci, 30 000 prisonniers politiques ont été condamnés à mort pour avoir été des partisans du groupe de résistance iranien, l’Organisation des moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI/MEK).

Témoignage d’une victime du massacre de 1988

Les autorités suédoises ont arrêté Noury en 2019, en vertu du principe de compétence universelle, en raison de son implication dans le massacre de l’été 1988. Il était alors un agent de la prison de Gohardasht, en Iran.

L’ancien prisonnier politique Mohammad Zand a livré son témoignage lors du procès. Il a déclaré : « On m’a dit que je serais la première personne à témoigner en Albanie. Je me suis donc rendu au tribunal de district de Durres. Lorsque je suis entré dans la salle, je me suis soudain souvenu de ces jours terribles des années 1980, principalement de l’été 1988, lorsque mes amis ont été exécutés rapidement. »

Reza Zand, condamné à mort sur la base de la fatwa de Khomeiny

Mohammad Zand était étudiant en 1981 lorsqu’on l’a arrêté pour avoir soutenu le MEK. Il en était à ses débuts à l’époque. Il a été condamné à 11 ans de prison. De son côté, son frère Reza, arrêté à peu près à la même époque pour les mêmes motifs, a été condamné à 10 ans. Alors que Mohammad est sorti libre à la fin de sa peine, Reza est devenu l’une des victimes du massacre de 1988 qui ont été soudainement condamnées à mort en réponse à une fatwa émise par le Guide suprême de l’époque, Ruhollah Khomeini.

Zand a déclaré : « Lorsque mon tour est venu de me présenter devant la commission de la mort, j’ai demandé à ses quatre membres pourquoi ils avaient exécuté mon frère alors que le tribunal pénal lui avait déjà infligé une peine moins lourde. On ne m’a pas répondu. Toutefois, il est apparu plus tard que l’objectif même de la commission de la mort était d’éliminer toute personne qui, selon eux, était encore attachée aux principes démocratiques du MEK. »

Zand pense que son frère était conscient de son sort, car Reza lui a remis ses effets personnels. Il lui a fait comprendre qu’ils ne se reverraient plus. Il a également exprimé la même idée à leur mère lors de sa dernière visite à la prison pour voir ses deux fils.

Les prisonniers pressentaient ce qu’il allait se passer

Avant que les atrocités ne commencent à se produire, les prisonniers se seraient doutés de ce qui allait se passer lorsque les journaux ont cessé d’être livrés et que les téléviseurs ont été retirés des cellules. À tel point qu’avant que la prison ne soit fermée, les prisonniers ont ressenti le besoin d’informer leurs amis et les membres de leur famille de leurs soupçons afin de faire passer le message au monde extérieur.

Zand a déclaré : « Il est donc profondément bouleversant de savoir que personne n’a pris de mesures pour y mettre fin. La communauté militante iranienne n’aurait pas pu faire grand-chose à elle seule. Mais certains membres de cette communauté ont contacté leurs amis et leurs familles au sein de la diaspora iranienne. Ils les ont exhortés à tirer la sonnette d’alarme sur l’émergence d’un crime contre l’humanité. »

Les puissances occidentales, alertées par le massacre, continuent de préserver ses relations amicales avec le régime iranien

Lorsque la Résistance iranienne a apporté des preuves du massacre aux puissances occidentales, ses préoccupations ont été ignorées par ces gouvernements. Ces derniers cherchaient davantage à apaiser le régime iranien pour conserver des relations amicales. Malheureusement, cette stratégie se poursuit encore aujourd’hui, alors que le régime continue de dissimuler ses crimes brutaux contre l’humanité.

En juin de cette année, l’ampleur de cette dissimulation a atteint son paroxysme lorsque l’élection fictive d’Ebrahim Raïssi a été orchestrée par de hauts responsables du régime. Raïssi était l’un des pires auteurs du massacre de 1988, l’un des quatre responsables qui ont siégé à la « Commission de la mort » de Téhéran, condamnant à mort des milliers de prisonniers.

Zand a déclaré : « Le refus des puissances occidentales de condamner le rôle particulier de Raïssi dans le massacre de 1988 représente une toute nouvelle dimension de leur trahison des principes humanitaires partagés. Heureusement, cette inaction collective est quelque peu contrebalancée par les efforts de groupes de défense des droits comme Amnesty, et surtout par les différents législateurs et le seul gouvernement européen qui s’est réellement engagé à inverser des politiques de négligence de longue date. »

Source : Iran Focus (site anglais)

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