mardi 7 décembre 2021

L’impasse de la censure d’Internet en Iran

 CSDHI – Les perturbations liées à la censure d’Internet enregistrées dans la ville d’Ahwaz, dans le sud-ouest de l’Iran, interviennent dans le cadre des manifestations contre les politiques gouvernementales de gestion de l’eau. Elles se sont concentrées autour d’Ispahan, où des utilisateurs ont également signalé des pannes. (Image source : Netblocks)

Ali Khamenei introduit un plan de censure d’Internet

En août 2021, le Parlement iranien a introduit un plan appelé « protection des droits des utilisateurs d’Internet ». Il est considéré comme un plan de censure d’Internet par le gouvernement. C’est le Guide suprême, Ali Khamenei, qui a introduit ce plan dans l’un de ses discours aux responsables du régime. Il a souligné qu’Internet n’était probablement pas géré et devait être contrôlé de manière plus précise.

Il a fait ces déclarations après les manifestations sanglantes de novembre 2019. Celles-ci sont devenues un cauchemar pour le régime et ont modifié la structure du pays.

De nombreux responsables du régime avertissent que la haine du peuple sur internet contre le régime augmente. Ce plan est devenu public très rapidement et s’est confronté à la colère du peuple. La vérité est que le régime n’a pas la capacité de contrôler, bloquer ou mettre en œuvre une censure d’Internet.

Des responsables mettent en garde contre une censure d’Internet

De nombreux responsables mettent en garde contre les conséquences d’une telle décision. Par conséquent, le cyberespace est devenu l’un des principaux défis pour le régime, qui expose ses mains dans chaque répression.

A tel point que le président du Parlement, Mohamad Bagher Ghalibaf, craignant la réaction de la population et le manque de possibilités techniques, a été contraint d’envoyer ce projet au centre de recherche du Parlement.

Le quotidien officiel Farhikhtegan s’est félicité de cette décision. Il a écrit : « Le fait que nous ayons l’intention de menacer et de faire pression sur les plates-formes étrangères avec les mains vides, sans alternative appropriée, n’est ni accepté par la société, ni logique et technique. Dans la situation actuelle, on doit éviter tout filtrage et toute censure d’Internet. »

Ce quotidien ajoute, « Le plan existant pour soutenir les utilisateurs du cyberespace – également connu sous le nom de plans de protection de la cybersécurité – est immature et a de nombreux pièges que les publics du cyberespace ne suivront certainement pas. Et c’est ce qui crée le problème, en raison des sensibilités. À cause de l’emploi des gens et de leurs entreprises, le gouvernement devrait être plus attentif à cela. Mais il semble que ce soit moins le cas. On peut dire que cela se produit à plusieurs reprises, et quelles en sont les conséquences ? » (Farhikhtegan, 2 décembre 2021)

Manque de capacité du régime pour mettre en place une censure d’Internet

Le quotidien officiel Resalat a crié au manque de capacités techniques du régime. Il a écrit :

« De nombreux professionnels des technologies virtuelles ont émigré du pays. Ceux qui restent souhaitent souvent travailler dans le secteur privé, et les connaissances des organismes responsables dans ce domaine sont faibles. Les cadres non spécialisés, qui sont arrivés au pouvoir principalement sur la base de leur expertise politique plutôt que technique, ont gravement compromis l’environnement de cybergouvernance du pays. Certains experts corrompus disposent encore de budgets importants avec des idées telles que le filtrage intelligent pour une meilleure censure d’Internet. De nouvelles générations d’Internet et de technologies virtuelles sont en route, qui rendent les concepts tels que le filtrage insignifiant. » (Quotidien officiel Resalat, 2 décembre 2021)

Le site Internet officiel Khabar-Fori, tout en soulignant le résultat destructeur de ce plan sur la vie des gens et des entreprises, a écrit :

« Alors que les gens ploient sous le fardeau de l’inflation et que les restrictions liées au coronavirus ont éclipsé de nombreuses entreprises au cours de l’année écoulée, les parlementaires cherchent à légiférer pour protéger les utilisateurs du cyberespace. Evidemment, l’idée a choqué la société. En raison de l’épidémie de la maladie Covid-19, des plates-formes commerciales ont été fournies dans le cyberespace. Et les gens ont peur qu’on frappe leurs affaires avec l’approbation du parlement à nouveau. (Khabar-Fori, 1er décembre 2021)

Des réactions de colère de la population face au plan de censure

Le plan présenté par le parlement du régime est si risqué que le président du parlement a été forcé d’affronter et de nier tout changement dans l’Internet du pays à la télévision officielle en raison des réactions en colère de la population.

« Soyez assurés qu’il ne s’agit pas du tout d’une question de filtrage. En tant que représentant du peuple et serviteur des parlementaires, je l’ai dit, et maintenant je précise ici qu’il n’en est rien. Une atmosphère négative a été créée. Je dis fermement qu’il n’en est rien. » (State TV, Channel One, 1er décembre 2021)

La raison d’un tel plan problématique, même pour le régime, est claire. Il suffit de regarder les dernières manifestations en Iran et tout deviendra clair.

Khamenei a exprimé à plusieurs reprises son inquiétude au sujet d’Internet.

« Tous les pays du monde gèrent le cyberespace. Mais dans notre pays, certains sont fiers que les autorités ne le contrôle pas. Pourtant, cette méthode n’est pas acceptable. » (Khamenei.ir, 1er mars 2021)

La vérité est que le régime a l’intention de mettre en œuvre un tel plan de censure d’Internet, mais il n’était pas en mesure de le faire jusqu’à présent.

Source : INU

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