Ces derniers mois, l’intensification de la mise en œuvre par le gouvernement iranien de sa campagne sur le hijab et la chasteté, appelée plan « Noor » (Lumière), n’a pas seulement échoué à réprimer la dissidence, mais a déclenché de nouveaux troubles et protestations.
Cette campagne, qui vise à faire respecter strictement le code vestimentaire islamique pour les femmes, a mis en lumière les divisions profondes au sein du régime et le refus de la société dans son ensemble de s’opposer aux pratiques oppressives.
Les femmes iraniennes, qui constituent déjà un groupe fortement marginalisé, sont devenues le visage de la résistance, participant activement aux soulèvements et défiant l’autorité du régime au péril de leur vie.
Le 26 avril, Ahmad Khatami, membre éminent du Conseil des gardiens, a appelé à l’unité dans les rangs du régime lors d’une séquence télévisée de la prière du vendredi à Téhéran, mettant en garde contre la création d’une « bipolarité » dans la gestion de la question du hijab. Il a souligné la nécessité d’un discours rationnel plutôt que de tactiques d’application, qui, selon lui, n’ont servi qu’à creuser les divisions sociales.
Cet appel à l’unité révèle les fractures sous-jacentes au sein du régime lui-même, les différentes factions n’étant pas d’accord sur l’approche à adopter pour faire appliquer ces lois. Le débat public et l’incapacité du régime à présenter un front uni sont révélateurs d’une crise de légitimité plus large, le gouvernement luttant pour garder le contrôle sur une population de plus en plus défiante.
Pour compliquer encore les choses, le 27 avril, Ahmad Alamolhoda, un autre religieux influent et chef de la prière du vendredi à Mashhad, a critiqué le rôle passif des hommes dans les efforts de préservation culturelle et a souligné le rôle des femmes dans l’élaboration de l’avenir de la société.
Ses remarques, rapportées par le journal d’État Setareh Sobh, soulignent l’isolement du régime dans sa poursuite de l’application du plan Noor. Les médias d’État présentent souvent la dissidence comme une ingérence étrangère, accusant des forces extérieures de tenter de déstabiliser l’Iran en corrompant la jeunesse.
Cependant, le discours interne, comme en témoignent les publications récentes et les déclarations publiques des responsables du régime, brosse le tableau d’un gouvernement en désaccord avec lui-même et avec son peuple. La réaction de la société a été amplifiée par le contexte historique des manifestations de décembre 2017, d’octobre 2019 et de l’automne 2022, qui ont montré que des mesures sévères conduisent souvent à une agitation sociale plus importante.
Alors que le régime iranien continue de mettre en œuvre ses politiques d’oppression, la réaction de la société reste forte, portée par une population lasse des restrictions et désireuse de changement. Les luttes en cours au sein du régime et de la population marquent un tournant décisif pour l’Iran, aux prises avec des divisions internes et un mécontentement généralisé.
Source : Stop au Fundamentalism/CSDHI
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