L’une des graves lacunes du système judiciaire iranien est la négligence des enfants dans les processus de prise de décision, de législation et de mise en œuvre. Selon la Convention relative aux droits de l’enfant et les recommandations des experts et activistes des droits de l’enfant, les enfants devraient jouer un rôle central dans la prise de décision et l’exécution.
Cet article examine la condition des enfants et de leurs mères à la prison centrale de Machhad ou à la prison de Vakilabad, dans la province de Khorassan-e Razavi, au nord-est de l’Iran. Les femmes enceintes, les enfants et leurs mères sont détenus dans le quartier 4 de la prison de Vakilabad, connu sous le nom de “Erchad 2”.
Conditions de détention des femmes enceintes et des enfants
De nombreuses femmes tombent enceintes en prison lors de visites conjugales avec leur mari, et leurs enfants naissent en prison. Certains enfants sont le résultat d’un viol, et leurs mères, incapables de prouver l’agression et manquant de ressources financières pour engager un avocat, sont emprisonnées pour adultère et sont même menacées de lapidation.
Les enfants qui accompagnent leur mère emprisonnée ou qui sont nés en prison grandissent dans un environnement dangereux et n’ont pas accès à une éducation adéquate. Plus de 20 jeunes enfants, sans vêtements ni chaussures adéquates, errent à l’air libre ou sur des tapis sales dans la section réservée aux femmes enceintes et aux enfants de la prison de Vakilabad, à Machhad. Ils passent la plupart de leur temps dans des pièces exiguës, étouffantes et surpeuplées, mangeant de la nourriture carcérale de mauvaise qualité et manquant de compléments nutritionnels en raison des conditions économiques de leurs mères.
Conditions sanitaires et espace de vie
Le quartier 4 de la prison pour femmes de Vakilabad se compose d’un couloir et de 6 chambres avec des installations sanitaires communes. Les chambres sont exiguës et étouffantes, et accueillent des mères, des enfants et des femmes enceintes dans des conditions déplorables. L’air vicié et suffocant des chambres, particulièrement gênant pour les enfants, exacerbe un environnement de vie déjà difficile.
Les observations indiquent qu’entre 20 et 30 enfants et leurs mères, ainsi que des femmes enceintes, sont enfermés dans cette section de la prison de Vakilabad. Les jeunes enfants ne disposent pas d’installations récréatives et éducatives adéquates, ils passent leur temps dans une zone restreinte et ont des difficultés à se procurer des vêtements chauds et des chaussures.
Il n’y a pas de garderie dans cette prison et les enfants ne sont gardés que près du lit de leur mère.
Séparation des enfants des mères emprisonnées
L’article 523 du code de procédure pénale interdit de séparer les enfants de leur mère détenue avant l’âge de 2 ans. Les décisions concernant le maintien en prison des enfants jusqu’à l’âge de 6 ans sont prises par le conseil de classification de chaque prison. Après avoir atteint l’âge légal pour rester en prison, les enfants qui n’ont pas de famille à l’extérieur sont transférés à des organisations de protection sociale.
Les enfants qui atteignent l’âge de 2 ans sont séparés de leur mère. Le sort de l’enfant après sa remise à l’organisation de protection sociale reste incertain. Dans de nombreux cas, les mères ne savent pas comment retrouver leurs enfants après leur sortie de prison.
Le système judiciaire et légal du régime iranien n’est pas la seule entité à agir violemment contre les femmes, les mères et leurs enfants emprisonnés. L’absence d’un système de soutien et l’existence de lois misogynes ouvrent également la voie à d’autres préjudices pour les femmes par le biais de la famille et de la société.
Le rejet des femmes emprisonnées par leur famille, leur abandon par leur mari et la perte définitive de leur vie et de leurs enfants est une expérience partagée par un groupe de femmes incarcérées. Dans un cas, une femme libérée après 6 mois de prison pour avoir volé un paquet de macaronis et de pâte de tomate a découvert qu’elle n’avait plus ni maison, ni enfants, ni vie.
Source : CNRI Femmes
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