Ce texte fournit un compte-rendu détaillé des conditions de vie dans le quartier des femmes de la prison de Lakan à Racht, mettant en lumière les luttes quotidiennes et les problèmes systémiques auxquels sont confrontées les détenues. Les informations sont basées sur des expériences et des observations de première main au sein de la prison.
Vie quotidienne et routine
La routine monotone des déplacements entre la salle exiguë et la petite cour extérieure marque la vie quotidienne des détenues. Cette répétition est un rappel constant de la vie qu’ils ont laissée derrière eux et de la liberté limitée qu’ils endurent maintenant. L’atmosphère suffocante de la salle contraste fortement avec le ciel ouvert, soulignant la dure réalité de leur enfermement.
Aménagement et conditions physiques
Le quartier des femmes de la prison de Lakan, le seul établissement de ce type dans la province de Gilan, fait office d’exil de facto en raison de sa distance de 250 kilomètres par rapport aux points les plus éloignés de la province. Cette distance rend les visites des familles rares et difficiles, d’autant plus que les conditions de voyage sont difficiles dans la province de Gilan, en particulier pendant la saison des pluies.
Le quartier comprend quatre couloirs étroits avec des lits métalliques à deux étages alignés le long des côtés, accueillant environ 30 détenues par couloir. La séparation des détenues en fonction de leurs crimes n’est pas strictement respectée, ce qui a pour effet d’accroître les tensions et les conflits entre des détenues ayant des antécédents et des niveaux d’anxiété différents.
Quarantaine et installations
La section de quarantaine, appelée “Kanon”, est destinée aux nouvelles arrivantes pendant leurs 10 premiers jours et aux détenues à court terme. Cette section comprend un espace extérieur de 50 mètres carrés. Un “jardin d’enfants” est également prévu pour les enfants qui accompagnent leur mère en raison de l’absence d’autres tuteurs, bien qu’il ne dispose pas d’installations adéquates pour les enfants.
Les autres sections sont les suivantes
– La section Etekaf : Destinée à l’origine aux femmes accusées de relations illicites, elle accueille aujourd’hui celles qui ont commis divers délits.
– Section Shakibayi : Généralement pour les délits financiers.
– Section “Kosar” (emploi) : Principalement pour les personnes condamnées à de longues peines ou ayant commis des délits graves, y compris de nombreuses détenues qui travaillent.
Procédures d’entrée et de sécurité
L’entrée du quartier des femmes donne sur une petite zone de réception où les nouvelles arrivées sont soumises à une fouille corporelle rigoureuse et humiliante, comprenant un déshabillage et des examens physiques. Ces procédures sont répétées pour tout retour d’audience ou de transfert externe, bien que cela soit contraire au règlement de la prison.
Conditions de vie
L’espace physique alloué au quartier des femmes est tout à fait inadéquat, ce qui reflète une marginalisation sociétale plus large. La nourriture fournie est de mauvaise qualité et en quantité insuffisante, en particulier pour celles qui ont des besoins alimentaires particuliers. Les rations hebdomadaires sont maigres et les produits frais sont rarement disponibles, à moins qu’ils ne soient achetés par les détenues à des prix exorbitants.
L’hygiène
Dans la prison de Lakan, au lieu d’installer des cordes à linge, on utilise de vieux vêtements, ce qui favorise la propagation de diverses infections.
La proximité des forêts polluées de Saravan a également des effets néfastes sur la santé des prisonnières.
L’eau de la prison a une odeur et un goût très désagréables et est insalubre. Seules les personnes ayant des moyens financiers peuvent acheter de l’eau en bouteille.
Le quota mensuel d’articles d’hygiène comprend un paquet de serviettes hygiéniques de mauvaise qualité, un demi-paquet de détergent à lessive, une brosse à dents, du dentifrice, du savon et une lame de rasoir. Des articles comme les sous-vêtements, les serviettes et les pantoufles ont été retirés de la distribution.
En raison de la négligence de la fumigation et de la conservation des objets sur le sol, la prison est pleine de cafards et de fourmis. La seule mesure d’hygiène est le balayage et le lavage quotidiens de la salle de bain, qui sont effectués par les prisonnières.
Travail et éducation
Les possibilités d’emploi dans la prison sont limitées à des activités telles que la peinture sur poterie, le tissage de tapis et la couture de blouses médicales. Ces emplois ne procurent qu’un revenu minime, sont souvent tardifs et insuffisants, et ne bénéficient pas des protections de base en matière de travail. Les ressources éducatives sont rares, avec une petite sélection de livres comprenant principalement des textes religieux et des romans de mauvaise qualité.
Interactions sociales et restrictions
Les appels téléphoniques et les visites sont sévèrement limités, avec des permissions brèves et peu fréquentes qui ne suffisent pas pour une communication significative avec les proches. La configuration physique des zones de visite limite encore davantage les interactions personnelles, ce qui accroît la pression psychologique sur les détenues.
Soins de santé
Les services de santé sont inadéquats, avec un accès limité aux médicaments et aux professionnels de santé nécessaires. Les soins d’urgence et les soins spécialisés sont difficiles à obtenir, et les besoins médicaux courants ne sont souvent pas traités. Les services dentaires de la prison sont rudimentaires et assurés par un personnel non qualifié.
Conclusion
Le quartier des femmes de la prison de Lakan donne une image brutale des dures réalités auxquelles sont confrontées les détenues. Les problèmes systémiques de la prison, des conditions de vie inadéquates aux soins de santé insuffisants et aux interactions sociales limitées, mettent en lumière les défis plus larges du système pénitentiaire.
Source: CNRI Femmes
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