Dans les rues et les ruelles animées d’Iran, un spectacle inquiétant est devenu d’une banalité déchirante : des enfants fouillant dans les ordures, leurs petites mains passant au crible les déchets à la recherche de tout ce qui a de la valeur. Ces enfants, qui font désormais partie du paysage urbain, sont les victimes d’un régime qui semble avoir fermé les yeux sur leur sort.
Une nouvelle forme d’esclavage
Le régime iranien semble ignorer délibérément les droits fondamentaux de ces enfants, droits qui devraient leur permettre de connaître l’innocence et la joie de l’enfance. Cette triste réalité a été comparée à une nouvelle forme d’esclavage, où des enfants vulnérables sont exploités à des fins lucratives. Bien que le gouvernement soit au courant de cette industrie cruelle, elle continue de prospérer, générant des millions de dollars pendant que le régime reste silencieux.
Ces travailleurs « bon marché » sont souvent poussés dans la rue par la pauvreté, à la recherche d’un semblant de sécurité au milieu du chaos. Pour beaucoup, la rue offre une meilleure alternative que les conditions difficiles des ateliers.
Rêves perdus dans l’or sale
Un rapport récent de l’agence de presse gouvernementale YJS met en lumière les conditions pénibles auxquelles sont confrontés les enfants ramasseurs d’ordures en Iran. Le rapport indique : « En raison d’une mauvaise gestion et de politiques malavisées, de l’inflation et de la montée en flèche des prix, au lieu de se reposer et de jouer sous la garde de leur famille, ces enfants sont contraints de fouiller dans les poubelles pour assurer leur subsistance quotidienne et leur avenir ».
Cette recherche de ce que l’on appelle « l’or sale » révèle une injustice sociale profondément ancrée. Une injustice qui a creusé le fossé entre les riches et les pauvres, laissant les promesses d’éradication de la pauvreté faites par le gouvernement sans être tenues. Le nombre croissant d’enfants qui travaillent est une preuve flagrante de cet échec.
Selon YJS, « les enfants qui travaillent représentent aujourd’hui 15 % de la population enfantine du pays ». Dans la province de Bushehr, la situation est particulièrement désastreuse. Bien qu’aucune statistique récente ne soit disponible, le directeur général de l’aide sociale a indiqué en 2022 que plus de 870 enfants travaillaient dans la province, dont 80 % étaient des garçons alphabétisés qui vendaient des fleurs, nettoyaient les vitres des voitures, transportaient des marchandises et ramassaient les ordures.
L’histoire de Nasser : Un aperçu du désespoir
L’un de ces enfants est Nasser, un garçon de 11 ans dont l’histoire est à la fois déchirante et emblématique de la situation de beaucoup d’autres. Nasser passe ses matinées et ses soirées à ramasser les déchets dans différents quartiers de Bushehr. Son travail l’expose à des matériaux sales, pollués et dangereux. Il raconte : « Plusieurs fois, ma main a été gravement coupée par du verre brisé. Une fois, j’ai eu besoin de points de suture. Mais quand mon père est parti, j’ai dû travailler pour alléger le fardeau de ma mère et de ma sœur ».
Nasser rêve d’un avenir meilleur. « Je veux grandir bientôt et trouver un travail honorable pour améliorer la vie de ma sœur et de ma mère », dit-il. Pour l’instant, il endure la puanteur suffocante et la chaleur torride, à la recherche de bouteilles, de bocaux, de récipients, de plastique et de carton. Bien qu’il soit tombé malade à plusieurs reprises, il estime qu’il n’a pas le choix.
Dans un moment poignant, Nasser explique pourquoi il porte un sac aussi grand. « Ce sac contient environ 40 kilos. Si j’avais une charrette à bras, je pourrais transporter 90 kilos et gagner plus, mais je n’ai pas les moyens d’en acheter une. Les maigres revenus qu’il tire de 40 kilos de déchets restent un secret bien gardé, car il craint de les révéler.
Le prix de la pauvreté
L’histoire de Nasser n’est qu’une parmi tant d’autres. Des milliers d’enfants comme lui sont pris au piège de ce cycle de pauvreté et d’exploitation, victimes des politiques économiques destructrices du régime qui ont poussé une grande partie de la population sous le seuil de pauvreté. Les experts en santé préviennent que les conditions difficiles auxquelles sont confrontés ces jeunes éboueurs réduisent considérablement leur espérance de vie.
En lisant les mots de Nasser et d’innombrables autres histoires comme la sienne, il est clair que ces enfants méritent beaucoup plus. Ils méritent une enfance à l’abri de la saleté et des dangers de la rue. Ils méritent d’avoir une chance de rêver, de grandir et de vivre dans la dignité.
Le sort des enfants iraniens ramasseurs d’ordures est un rappel brutal de la nécessité urgente d’un changement. En attendant, leur histoire reste un témoignage de résilience face à des difficultés inimaginables.
Source : INU/CSDHI
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