Le juge Ciuca a proposé la création d’un tribunal international ad hoc pour répondre aux graves crimes commis par le régime iranien, en établissant des parallèles avec les tribunaux établis pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda. Il a souligné l’importance cruciale d’un tel tribunal pour tenir le régime iranien responsable, compte tenu notamment de la non-adhésion de l’Iran à la CPI.
Il a détaillé la grave situation actuelle des droits de l’homme en Iran, notant qu’au cours du seul mois dernier, au moins 103 prisonniers ont été exécutés.
Le juge Ciuca a proposé cinq actions clés : créer un tribunal international ad hoc, sensibiliser aux atrocités du régime, soutenir le changement politique par des sanctions et des pressions diplomatiques, soutenir la société civile et les défenseurs des droits de l’homme, et promouvoir les valeurs démocratiques à travers l’éducation et les échanges culturels. Il a souligné que la communauté internationale a la responsabilité de soutenir le peuple iranien et de tenir le régime responsable de ses actes.
Le discours du juge Valerius Ciuca :
L’année dernière, j’ai plaidé en faveur de la manière la plus subtile d’aborder universellement la question des grands crimes commis presque quotidiennement en Iran. Ce problème peut être résolu en créant un tribunal ad hoc pour les crimes iraniens, semblable aux modèles de l’ex-Yougoslavie et du Rwanda, et j’espère qu’un tel tribunal sera également créé pour les groupes de Poutine à Moscou.
Ils se cachent tous derrière la fausse justification selon laquelle leur pays n’est pas membre de la Cour pénale internationale. La CPI a été formellement créée il y a plus d’un siècle, je dis formellement, donc pas en réalité, mais c’était le rêve d’un grand juriste roumain, Vespasien V. Pella. C’est sa création. Il n’était pas seulement un naturaliste ; c’était un juriste d’une grande stature universelle. Selon son modèle, même le Tribunal militaire international de Nuremberg a été créé.
C’est pourquoi nous, avocats roumains attachés à l’humanisme juridique et aux intérêts des victimes, soutenons un tel modèle. L’histoire n’est probablement pas très loin de notre période d’affirmation. L’histoire nous donnera raison.
Le mot de la réunion de ce soir se compose pour moi de deux phrases. Le fondement d’un État démocratique est la liberté, selon Aristote. Et la modération d’humeur est toujours une vertu, mais la modération en principe est toujours un vice, selon Thomas Paine.
C’est un honneur d’être ici aujourd’hui parmi ces éminents défenseurs des droits de l’homme, de la liberté et de la démocratie. Nous nous réunissons à Paris, une ville qui a longtemps été un phare de liberté, pour exprimer notre solidarité avec le courageux peuple iranien qui revendique courageusement ces droits et libertés fondamentaux.
La situation actuelle en Iran est très, très grave. Au cours des trente derniers jours, le régime iranien a exécuté au moins cent trois prisonniers, un témoignage effrayant des violations continues des droits humains et du mépris flagrant du régime pour le caractère sacré de la vie humaine. Ces exécutions ne sont pas que des statistiques.
Ils représentent la vie d’individus – fils, filles, mères et pères – chacun avec des rêves et des espoirs pour un avenir meilleur. Leurs décès nous rappellent de toute urgence la nécessité d’une intervention et d’une solidarité internationales plus profondes. Nous sommes ici aujourd’hui pour donner la parole à ceux qui ont été réduits au silence et pour amplifier les appels à la justice et à la liberté émanant des rues d’Iran. Le peuple iranien n’est pas seul dans sa lutte. Nous sommes à leurs côtés, déterminés à soutenir leur quête de démocratie, de droits de l’homme et d’État de droit.
Le courage du peuple iranien est inspirant. Malgré une répression sévère, des arrestations arbitraires, des actes de torture et même des exécutions, ils continuent de protester et d’exiger un changement. Ils témoignent de l’esprit humain indomptable qui aspire à la liberté. Il est de notre responsabilité, en tant que membres de la communauté mondiale, de soutenir leurs efforts et de tenir le régime iranien responsable de ses actes. Pour y parvenir, j’ai structuré cinq propositions dans une perspective rationnelle et pragmatique qui me semblent acceptables :
Justice internationale : Comme lors de mes interventions précédentes, je crois aujourd’hui que la meilleure façon d’obtenir justice pour les prisonniers iraniens est de créer un mécanisme international ad hoc.
Tribunal national pour les crimes politiques commis par le régime contre l’opposition et les manifestants depuis 1988 jusqu’à aujourd’hui.
Sensibilisation : Nous devons continuer à mettre en lumière les atrocités commises par le régime iranien. Grâce aux médias, aux réseaux sociaux et au discours public, nous pouvons garantir que le monde ne ferme pas les yeux sur les souffrances du peuple iranien.
Soutenir le changement politique : Les gouvernements et les organisations internationales doivent adopter une position ferme contre les violations des droits humains commises par le régime iranien. Cela implique d’imposer des sanctions ciblées contre les responsables d’abus et de faire pression pour la libération des prisonniers politiques.
Soutenir la société civile : Nous devons soutenir les défenseurs des droits humains, les journalistes et les militants iraniens qui risquent leur vie pour dénoncer l’injustice. Cela comprend un soutien financier, l’asile pour les personnes en danger immédiat et des plateformes pour amplifier leurs voix.
Promouvoir les valeurs démocratiques : Grâce à l’éducation et aux échanges culturels, nous pouvons contribuer à favoriser une compréhension plus profonde des principes démocratiques et des droits de l’homme en Iran. Fournir au peuple iranien les connaissances et les ressources nécessaires est crucial pour construire un mouvement durable en faveur du changement.
Aujourd’hui, nous nous souvenons des paroles du Dr. Martin Luther King jr. Il a déclaré que l’injustice, où qu’elle soit, constitue une menace pour la justice partout. La situation du peuple iranien n’est pas seulement un problème iranien, tout comme la situation du peuple ukrainien n’est pas seulement un problème ukrainien ; c’est un problème mondial.
Tant qu’une partie de notre monde souffrira de la tyrannie, aucun de nous ne pourra être véritablement libre. Engageons-nous dans cette cause avec une vigueur et une détermination renouvelée. Faisons en sorte que les sacrifices de ceux qui ont perdu la vie dans la lutte pour la liberté ne soient pas vains. Ensemble, nous pouvons contribuer à ouvrir la voie à un avenir où le peuple iranien pourra vivre dans la paix, la dignité et la liberté.
Merci beaucoup.
Source : CNRI
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