La nourriture servie au Grand Pénitencier de Téhéran (GTP) est insalubre et contient des excréments de rongeurs, rendant certains prisonniers malades, a déclaré la femme d'un prisonnier politique détenu sur place au Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI).
Le 26 décembre 2018, Mohammad Sharifi Moghaddam, un derviche soufi musulman de l'ordre persécuté des Gonabadi, maintenu en détention dans l'aile du service de la sécurité de l'établissement, a été soigné pendant des heures après avoir été intoxiqué par la nourriture, a déclaré son épouse Faezeh Abdipour au CDHI.
« La nourriture et les conditions sanitaires au GTP sont très mauvaises », a-t-elle déclaré. « Contrairement aux autres quartiers de la prison, l'aile de sécurité (destinée aux prisonniers politiques) manque d’appareils de cuisson (les prisonniers peuvent cuisiner pour eux-mêmes) et les détenus n'ont donc pas d'autre choix que de manger des aliments préparés par le personnel de la prison, chaque jour », a-t-elle déclaré.
« Il y a beaucoup de souris et d'insectes autour et à de nombreuses reprises, on a remarqué la présence d’excréments de rongeurs dans la nourriture », a-t-elle ajouté.
Abdipour a poursuivi : « Non seulement ces prisonniers se voient refuser des besoins essentiels, mais ils ne peuvent pas non plus recevoir de soins médicaux sans rencontrer des difficultés. Mohammad a dû s'entretenir longuement avec les autorités avant de recevoir l'autorisation de se rendre à la clinique de la prison ».
Les détenus de l'aile de la sécurité, contrôlés par le personnel pénitentiaire, sont également obligés d'acheter de l'eau en bouteille à des prix gonflés car l'établissement manque d'eau courante, a-t-elle ajouté.
Sharifi Moghaddam était l'un des huit musulmans soufis détenus en isolement pendant 105 jours avant d'être transféré dans la salle commune de l'aile de sécurité, le 13 décembre 2018, a annoncé son épouse au CDHI. Depuis lors, les prisonniers ont été autorisés à téléphoner à leurs familles, mais n'ont pas été autorisés à recevoir de visiteurs.
Ils ont été placés en isolement à titre de punition pour avoir pris part à un sit-in le 29 août 2018 afin d'exiger la libération des prisonnières soufies, détenues dans la prison de Gharchak, située au sud de Téhéran.
« Les familles ont demandé à plusieurs reprises aux autorités judiciaires de déplacer les prisonniers dans une autre aile, mais jusqu'à présent, elles n’ont reçu aucune réponse », a déclaré Abdipour.
Avec une capacité officielle de 15 000 détenus, le GTP, situé dans le district de Fashafouyeh, dans la province de Téhéran, à 20 km au sud-est de Téhéran, est le plus grand centre de détention du pays.
Reconnue pour ses conditions de vie « inhumaines », la prison a été construite en 2015 principalement pour mettre en détention des suspects et des détenus condamnés pour des infractions liées à la drogue, mais le pouvoir judiciaire l'a également utilisée pour incarcérer des militants et des dissidents.
« Tous les détenus, y compris les prisonniers politiques, font face à de graves problèmes de santé en raison de la consommation généralisée de la cigarette et de l'existence de toutes sortes de drogues illicites », a déclaré une source qui a demandé à ne pas être identifiée.
« En fait, les drogues sont la principale monnaie de la prison, mais étrangement, il n’y a ni surveillance ni contrôle pour empêcher le trafic massif qui y est pratiqué sous le nez de l’Organisation officielle des prisons », a ajouté la source.
Il incombe à l’Organisation officielle des prisons et au pouvoir judiciaire auquel elle se réfère de veiller au bien-être de tous les détenus en Iran.
Il incombe au pouvoir judiciaire de garantir une procédure régulière dans tous les aspects du processus de poursuite, et il est de la responsabilité de l'administration Rohani de protéger les droits des citoyens iraniens.
Selon l’Ensemble de normes minimales de l’ONU pour le traitement des détenus :
(1) Tout prisonnier doit recevoir de l’alimentation, aux heures habituelles, une nourriture de valeur nutritive, adéquate pour la santé et la force, de qualité saine, bien préparée et servie.
(2) Chaque prisonnier doit avoir accès à de l'eau potable chaque fois qu'il en a besoin.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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