CSDHI - La militante politique emprisonnée Hengameh Shahidi est détenue en isolement depuis six mois et n'a qu'un accès extrêmement limité à un avocat depuis le 26 juin 2018, le jour où elle a été emmenée à la prison d'Evine, à Téhéran, en Iran.
« … Elle n'a… reçu que deux visites de sa famille et de son avocat », a déclaré l'avocat Mostafa Tork Hamadani dans un message publié sur Instagram le 24 décembre 2018.
« Même après sa condamnation, je n’ai pas pu la rencontrer pour préparer notre requête devant la cour d’appel et elle n’a toujours pas la capacité de donner une réponse et de se défendre », a-t-il écrit. « Est-ce légal, religieux, moral ou honorable ? »
Le 10 décembre, Shahidi, ancienne conseilère principale de l'ancien candidat à la présidence, Mehdi Karroubi (assigné à résidence à titre extrajudiciaire depuis février 2011), a été condamnée à 12 ans et neuf mois d'emprisonnement, principalement pour avoir critiqué le responsable du pouvoir judiciaire Sadegh Larijani.
Shadidi, 43 ans, a également été bannie pendant deux ans des groupes politiques et d’activités sur les réseaux sociaux, selon le verdict rendu par le juge Abolqasem Salavati de la 15e chambre du tribunal révolutionnaire.
Sous la direction de Larijani (2009-2018), au moins 15 prisonniers politiques sont morts en détention en iran, et personne n’a été tenu responsable de ces morts. Les journalistes, les militants, les dissidents et toute autre personne accusée de critiquer les responsables ou la politique officielle ont été traités avec une poigne de fer, des milliers de personnes ont été arrêtées et des centaines condamnées à des peines de prison pour leurs actions pacifiques.
Un compte Twitter sous le nom de Shahidi a indiqué le mois où elle a été condamnée qu’elle aavait été emprisonnée pour avoir dénoncé le règne de Larijani en tant que chef du pouvoir judiciaire iranien, sans aucune responsabilité.
« Dans quelques jours, la cour d'appel rendra un verdict final concernant le cas de Hengameh Shahidi », a déclaré un tweet le 29 décembre. « Le juge Salavati a prononcé une lourde peine sur ordre de Larijani, en raison de ses critiques du pouvoir judiciaire et de ses demandes d’informations sur le travail de Larijani pendant 9 ans ».
Un article sur le compte Instagram de Shahidi a déclaré qu'elle souffrait d'une infection interne alors qu'elle était en détresse psychologique à cause de son maintien en isolement depuis plusieurs mois, avec plus d'une décennie de prison et la menace constante d’une pendaison.
« Aujourd'hui, vendredi 28 décembre 2018, 187 jours ou six mois et sept jours se sont écoulés depuis que Mme Hengameh Shahidi a été placée en isolement et privée des droits les plus élémentaires en tant que prisonnière et elle souffre d'infections rénales et intestinales à l'intérieur de la prison exclusive du chef du pouvoir judiciaire Sadegh Larijani », a déclaré le post.
« En raison des mois de solitude en isolement cellulaire, l’état psychologique de Mme Shahidi s’est gravement détérioré et elle doit prendre les psychotropes prescrits par les médecins de la clinique de la prison d’Evine », a poursuivi le post.
La fille de Shahidi, Parmiss Taherian, a décrit l’ « état mental et physique » de sa mère comme « aiguë », via Twitter, ajoutant : « Nous sommes inquiets pour sa santé » après une réunion restreinte de 30 minutes avec Shahidi à la prison d'Evine, le 22 décembre.
Shahidi a été empriosnnée pendant cinq mois en 2017 après avoir correctement prédit, dans une lettre ouverte, qu'elle serait arrêtée avant les élections présidentielles de cette année-là. À l'époque, elle était accusée de collaboration avec Amad News, une chaîne d'application de Telegram gérée par des iraniens vivant à l’extérieur du pays.
En plus d'être conseillère de Karroubi - qui ainsi que l’ancien candidat à la présidence, Mir Hossein Mousavi et Zahra Rahnvard - est assigné à résidence depuis février 2011, Shahidi a également travaillé comme journaliste pour le journal Norooz publié par le parti réformiste Etemad Melli (National Trust).
Elle a travaillé chez Norooz jusqu'à son arrestation en juin 2009, année où elle a été condamnée à six ans de prison pour « propagande contre le régime », « atteinte à la sécurité nationale » et « insulte au président ».
Shahidi a été libéré sous condition en juin 2012 pour des raisons médicales.
Source : Le Centre pour les Droits de l’homme en Iran
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire