jeudi 5 novembre 2020

Deux étudiants, violemment arrêtés, sont toujours privés d’avocats depuis huit mois

 CSDHI – En avril 2020, les forces de sécurité iraniennes ont arrêté, violemment, deux étudiants. Il s’agit d’Ali Younesi et Amir Hossein Moradi. Aujourd’hui, leur avocat affirme que les responsables judiciaires du régime continuent d’empêcher les deux étudiants de signer la procuration.

L’avocat Mostafa Nili a déclaré le mardi 4 novembre que le procureur-adjoint chargé de la supervision empêche les étudiants de signer la procuration. Il prétend qu’ils ont besoin de l’approbation du tribunal pour engager leur avocat.

Le droit international garantit à toute personne accusée d’un crime l’accès à un avocat à tous les stades de la procédure pénale, y compris pendant l’enquête, la procédure préliminaire et le procès lui-même. En vertu de l’article 1 des principes de base des Nations unies concernant le rôle de l’avocat, « toute personne a le droit de faire appel à l’assistance d’un avocat de son choix pour protéger et établir ses droits et pour le défendre à tous les stades de la procédure pénale. »

Nili avait précédemment déclaré que le tribunal avait désigné des avocats agréés par la justice pour les deux étudiants détenus.

Au cours des derniers mois, seuls les avocats désignés par la justice ont eu accès à une partie des dossiers des deux étudiants. Et ces avocats n’ont partagé aucune information avec les familles. Les avocats engagés par les familles des deux étudiants n’ont pas été autorisés à accéder aux dossiers.

Des étudiants d’élite violemment arrêtés sans mandat

Des agents en civil, qui n’avaient pas de mandat d’arrêt, ont violemment agressé, battu et arrêté les deux étudiants, le 10 avril 2020.

Amir Hossein Moradi a remporté la médaille d’argent aux Olympiades nationales d’astronomie en 2017. Il a complètement disparu. Ali Younesi, quant à lui, a remporté la médaille d’or aux Olympiades internationales d’astronomie et d’astrophysique en 2018. Les autorités l’ont arrêté arrêté. Puis, il est rentré chez lui ce soir-là avec des blessures et des marques de torture.

Quelques heures plus tard, les agents répressifs du régime ont arrêté Younesi à nouveau. Cette fois-ci avec ses parents. Ils l’ont ensuite interrogé pendant des heures sous pression.

Les étudiants de l’université Sharif ont organisé des manifestations, demandant à connaître le sort de leurs amis.

Le 5 mai 2020, le porte-parole du pouvoir judiciaire, Gholam-Hossein Esmaili, a déclaré que leurs agents avaient arrêté Moradi et Younesi pour leur soutien à la Résistance iranienne. Puis il a énuméré quelques fausses accusations de sécurité nationale. Celles-ci sont souvent portées contre les prisonniers politiques. Notamment, « des actions de diversion » et « la tentative de mener des opérations de sabotage. »

Le ministère du renseignement fait pression sur Younesi et Moradi

Le 12 juillet 2020, trois mois après leur arrestation, une réunion a eu lieu au Palais de justice de Téhéran en présence de Younesi et Moradi, ainsi que de représentants des étudiants, d’administrateurs de l’Université Sharif, d’universitaires, d’agents du ministère de la justice et du renseignement, ainsi que de deux agents qui ont interrogé les deux étudiants.

Sur la base de plusieurs récits publiés par les personnes présentes à la réunion, les responsables de la justice et de la sécurité ont tenté de forcer les deux étudiants à accepter certaines des accusations. La tentative a échoué après le soutien de leurs camarades de classe.

Dans un compte-rendu sur la réunion, l’Association islamique de l’Université Sharif a révélé que les étudiants détenus étaient privés du droit de rencontrer leurs familles. En outre, ils n’avaient pas accès à un avocat de leur choix.

Le 16 juillet 2020, Fars News, proche des pasdarans, a publié sa version de la réunion. Il a affirmé que les personnes présentes avaient montré de nombreux exemples. ceux-ci prouvaient que les deux étudiants avaient commis des actes de sabotage.

Ces publications ont provoqué la colère de nombreuses organisations étudiantes.

Ils veulent des aveux

Le 16 juillet 2020, le Conseil syndical des étudiants iraniens a condamné l’article controversé. Il a affirmé : C’est « une autre attaque dévastatrice contre l’indépendance des universités en Iran. »

Ali Younesi et Amir Hossein Moradi sont soumis à de fortes pressions de la part des autorités du régime iranien pour « avouer » des crimes qu’ils n’ont pas commis.

Dans un tweet du 5 septembre, Aida Younesi, la soeur d’Ali Younesi, a déclaré que les interrogateurs ont sommé son frère de coopérer à leurs demandes de commutation de sa peine de mort en prison à vie. Il est à noter que ni Ali Younesi ni Amir Hossein Moradi n’ont eu de procès. En plus, il semble que la justice iranienne ait déjà prononcé une condamnation à mort pour au moins Ali Younesi.

Le complot de l’Iran pour forcer les étudiants d’élite à avouer sous la contrainte

Aida a déclaré que les agents ont dit à son frère : « Nous allons décider du verdict du juge. Si nous le voulons, le verdict sera la peine de mort. Mais vous serez épargnés si vous acceptez de faire des aveux télévisés. » Le procès d’Ali n’a pas encore eu lieu. Pourtant, Aida a déclaré que les agents du ministère du renseignement ont dit à son frère qu’il lui incombait de décider de son sort, et non pas aux tribunaux.

Au même moment, les interrogateurs ont également tenté de transférer Ali dans un bâtiment. Ils prétendaient qu’il s’agissait de l’ambassade de Suède à Téhéran. Ils ont placé devant lui un homme portant un costume et une cravate.

Le 10 septembre 2020, Mostafa Nili a déclaré que la proposition était inhabituelle. En effet, l’ambassade suédoise n’avait pas connaissance d’une telle rencontre.

Il semblerait que les services de sécurité tentent de monter un dossier contre lui. Ils l’accusent de collaborer avec un gouvernement étranger, pour pallier l’absence de preuve de sa culpabilité.

Bien que le plan visant à organiser des « entretiens avec des fonctionnaires suédois » ait échoué lamentablement, les autorités poursuivent constamment leurs menaces et leurs mesures trompeuses contre Ali Younesi et Amir Hossein Moradi. Elles veulent obtenir leurs aveux sous la contrainte.

Iran Human Rights Monitor a souligné à maintes reprises que les Nations Unies et le Conseil des Droits humains des Nations Unies devraient prendre des mesures pour forcer le régime des mollahs à autoriser une délégation internationale à visiter ses prisons et à rencontrer ces deux étudiants.

Source : Iran HRM

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