mardi 3 juin 2025

Répression structurelle des avocats indépendants en Iran : Mohammad Najafi

 Mohammad Najafi, un avocat des droits humains de 49 ans originaire de Shazand, a été soumis à une persécution judiciaire implacable, à des accusations fabriquées sur la sécurité nationale et à de lourdes peines depuis 2016. Connu pour sa défense de la liberté d’expression, son exposition à la torture et sa représentation des familles des manifestants tués, il purge actuellement une longue peine dans la prison d’Evin. Son cas illustre l’effondrement de l’indépendance judiciaire et le démantèlement de la profession juridique en Iran.

Contexte : Le début de la persécution et les accusations fabriquées

La campagne menée par l’État contre Najafi a commencé en décembre 2017, lorsqu’il a poursuivi de manière indépendante la mort suspecte de Vahid Heydari, un manifestant détenu qui est décédé sous garde policière dans le 12e commissariat d’Arak. Alors que les fonctionnaires ont affirmé qu’Heydari s’était « suicidé », Najafi a recueilli des documents et des déclarations de témoins qui révélaient la mort par torture. Cette quête de la vérité a déclenché une série d’arrestations arbitraires, de poursuites et de restrictions professionnelles croissantes contre lui.

Processus judiciaire : Expulsion, emprisonnement et exil

Mohammad Najafi a été condamné à plus de 21 ans d’emprisonnement, 74 coups de fouet et une amende pécuniaire uniquement pour l’exercice de ses fonctions professionnelles. Plus récemment, en janvier 2025 (Dey 1403), la section 1 de la Cour suprême disciplinaire des juges a définitivement révoqué sa licence d’exercice du droit. Cette décision, fortement influencée par les services de sécurité et facilitée par l’Association du barreau de la province de Markazi, n’était ni équitable sur le plan procédural ni conforme aux principes internationaux d’indépendance juridique.

Trahison institutionnel : L’Ordre des avocats comme bras de la répression

Dans une lettre de prison, Mohammad Najafi a condamné le rôle du barreau de Markazi dans sa persécution :

« Dans le massacre brutal de l’indépendance du bar, ses dirigeants… a tenu l’audience disciplinaire de façon illégale et traîtresse à la Cour révolutionnaire d’Arak. »

Il décrit le barreau non pas comme un défenseur des droits légaux, mais comme un collaborateur dans la machine politique de répression.

Analyse des droits de la personne

Le cas de Mohammad Najafi implique des violations répétées et systématiques de plusieurs articles du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) :

  • Article 9 : Détention arbitraire et prolongée
  • Article 14 : Déni du droit à un procès équitable
  • Article 19 : Punition pour exercice de la liberté d’expression
  • Articles 22 et 23 : Exclusion politique des associations professionnelles
  • Articles 7 et 10 : Refus de soins médicaux et exposition à des conditions carcérales inhumaines

La voix de la prison : une position morale contre la tyrannie

Dans l’un des passages les plus poignants de sa lettre de prison, Mohammad Najafi exprime la réalité de la répression d’État en termes profondément poétiques :

« Ce régime ne peut tolérer aucune personne ou institution indépendante, pas même des juges ou des avocats.
L’indépendance du pouvoir judiciaire est essentielle à la justice, à la liberté et à la protection des droits fondamentaux, en particulier dans l’espace vital où le peuple affronte le pouvoir.
Dans cette confrontation — évidente depuis des années par le piétinement des droits et libertés —, je me suis tenu aux côtés du peuple.
Mon crime est de défendre les opprimés, les affligés et ceux qui ont osé dissentir.
Mon crime est de remettre en question les idoles que je devais adorer.
Oui, pour avoir osé être comme Abraham, j’ai été jeté dans le feu pendant des années.
Je brûle comme une bougie — non pour la teigne, mais pour la rose de mon peuple.
Je ne marchande pas pour le pain — mon père ne m’a jamais appris à manger à n’importe quel prix.
Servir aux côtés des bourreaux de Kahrizak — si ce n’est honteux, ce n’est certainement pas un honneur. »

Ces paroles ne sont pas simplement des protestations : elles sont un témoignage éthique profond d’un système juridique brisé, un puissant mélange de résistance, de dignité et de chagrin.

Réactions et soutien internationaux

Les organisations de défense des droits humains ont condamné à plusieurs reprises le traitement infligé à Mohammad Najafi. Amnesty International a demandé sa libération immédiate. Iran Human Rights a déclaré que M. Najafi était emprisonné non pas pour un crime, mais pour ses efforts légitimes de défense des droits des citoyens et que les accusations portées contre lui étaient fabriquées et injustes.

Conclusion et appel urgent à l’action

Mohammad Najafi n’est pas simplement emprisonné pour avoir dit la vérité ; il est puni parce qu’il se tient aux côtés du peuple. Son cas fait partie d’une campagne plus large visant à éliminer les avocats indépendants en Iran.

Nous exhortons les organismes internationaux de défense des droits humains à :

  • Exiger la libération immédiate et inconditionnelle de Mohammad Najafi;
  • Déclarer la révocation de sa licence légale illégale et illégitime ;
  • Surveiller son état de santé et les conditions carcérales de façon indépendante et régulière;
  • Plaider en faveur de l’indépendance structurelle de la profession juridique en Iran.

Dans un pays où les avocats sont persécutés, aucun défendeur ne peut espérer que justice soit rendue. Pour sauver Mohammad Najafi.

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