Jafar Azimzadeh, Esmail Abdi et Mahmoud Beheshti-Langroudi, qui avaient tous été précédemment emprisonnés pour leur activisme pacifique et libérés sous caution en 2016 après avoir fait de longues grèves de la faim, ont été renvoyés en prison en octobre 2016. Abdi, le secrétaire général de l'Association commerciale des enseignants iraniens, a confirmé à la Campagne internationale pour les droits de l'homme en Iran que la section 36 de la cour d'appel de Téhéran avait confirmé sa peine de six ans d'emprisonnement le 7 octobre 2016 et lui a ordonné de repartir en prison.
"Deux jours plus tard, le 9 octobre, j'ai été contacté trois fois par les autorités de la prison d'Evine et m'on dit de retourner en prison. Mais je leur ai dit que les sommations verbales ne comptent pas et qu'ils devraient me convoquer par écrit", a déclaré Abdi.
Beheshti-Langroudi et Azimzadeh ont également été convoqués par téléphone les 23 et 24 octobre respectivement et on leur a ordonné aussi de repartir en prison, à Evine.
"D'un côté, en accusant les activistes de crimes contre la sécurité nationale et en les emprisonnant, la république islamique veut mettre en garde les nouveaux dirigeants de l'Association commerciale des enseignants qu'ils subiraient le même sort s'ils commencent à défendre les demandes des enseignants", a déclaré un membre de l'Association qui a demandé à rester anonyme, à la campagne. "D'autre part, cela dissuadera les enseignants de chercher à prouver leurs revendications légitimes lors de l'élection présidentielle (en mai 2017)".
"Esmail Abdi et Mahmoud Beheshti n'avaient aucune activité politique. Ils ne se battaient pas pour le pouvoir ou une position ministérielle. Ils sont complètement innocents", a déclaré la source. "Ils ont été élus par leurs collègues pour ne chercher rien de plus que leurs droits énoncés dans la Constitution, des choses comme l'assurance et le logement pour les enseignants. Ils sont illégalement incarcérés même s'ils n'ont fait que défendre pacifiquement leurs droits [stipulés] dans la Constitution ".
Azimzadeh, président du Syndicat libre des travailleurs d'Iran, a été libéré le 30 juin 2016 après une grève de la faim qui a duré près de deux mois. Il a été condamné à six ans de prison en 2015 pour "réunion et collusion contre la sécurité nationale" et "propagande contre l'État".
Beheshti-Langroudi, membre du conseil d'administration de l'Association des enseignants iraniens, a obtenu sa libération conditionnelle le 11 mai 2016 après une grève de la faim de 22 jours. Il a été condamné à 14 ans de prison dans trois affaires distinctes pour ses activités syndicales pacifiques.
Les syndicats indépendants ne sont pas autorisés à exister en Iran, les travailleurs sont systématiquement licenciés et risquent d'être arrêtés pour grève, et les dirigeants syndicaux sont poursuivis en justice et condamnés à de longues peines de prison.
Depuis sa création en 1998, des dizaines de membres de l'association professionnelle iranienne des enseignants et des militants indépendants des droits des enseignants ont été arrêtés et emprisonnés pour des peines allant de quatre à quinze ans pour leur activisme pacifique.
Dans une interview accordée à la Campagne en septembre 2016, M. Abdi a déclaré que, conformément à l'article 10 de la loi sur les partis et les associations, le ministère de l'intérieur sous la présidence du président Hassan Rouhani avait délivré des permis pour plus d'une douzaine de groupes professionnels de défense des droits des enseignants et a demandé à ce que leurs opérations soient limitées aux branches provinciales locales plutôt qu'à celles des entités nationales.
"Apparemment, ils veulent que les organisations professionnelles se développent et soient actives dans chaque province. Mais ... ce qu'ils essayent vraiment de faire, c'est de nous empêcher d'avoir une organisation nationale ... Je pense que ce plan a été injecté au ministère de l'Intérieur par les forces de sécurité afin que nous ne soyons pas efficaces dans toutes les villes proches et lointaines », a-t-il dit.
Source : Campagne internationale pour les droits de l'homme en Iran
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