« Au nom du Dieu et avec des milliers de salutations adressées à toutes les consciences libres,
Je m’appelle Sedigheh Moradi et je suis née en 1960. Dans les années 1980, sur l’accusation d’être une sympathisante de l’Organisation des Modjahédines du peuple d’Iran (OMPI), j’ai été arrêtée. J’ai été détenue dans la prison de Ghezel-Hessar, puis dans la prison d’Evine.
Durant ma détention, j’ai été témoin des exécutions massives des prisonniers politiques. Chaque soir, un grand de nombreux prisonniers étaient fusillés dans les prisons et c’est en comptant les coups de grâce que nous étions informés du nombre de personnes exécutés. Dans un premier temps, j’ai été libérée, mais en 1985, j’ai été arrêtée de nouveau.
En été 1988, j’ai été témoin du massacre des prisonniers politiques qui a duré deux mois. Dans le quartier de prison où j’étais détenue, un grand nombre de prisonniers politiques ont été exécutés, notamment : Azadeh Habib, Achraf Fadaï, Monireh Radjavi, Mansoureh Moslehi, Parvine Haeri, Mojgan Sorbi, Maryam Golzadeh-Ghafouri et beaucoup d’autres. Elles étaient tellement nombreuses que je n’ai pas pu mémoriser tous leurs noms. Parmi les personnes exécutées, il y avait des gens qui avaient déjà purgé leur peine. Même une personne qui souffrait de troubles psychologiques a été exécutée. Dans un quartier de la prison, seule une personne a survécu et tous les autres prisonniers ont été massacrés.
Je n’oublierai jamais ce que j’ai vécu pendant ces années-là. Ce niveau de barbarie et de bassesse est indescriptible. En 2011, j’ai été arrêtée pour la troisième fois et cette fois-ci, j’ai été condamnée à dix ans de prison. J’ai une fille de 18 ans et cela fait plus de 5 ans que je n’ai pas vu ma fille. Je suis toujours emprisonnée, alors que j’ai 56 ans et que souffre de nombreuses maladies. En tant qu’un témoin du massacre des prisonniers politiques en 1988, je demande à toutes les organisations de défenses des droits de l’Homme et à tous ceux qui sont à la recherche de vérité, de liberté et d’humanité de revendiquer la traduction devant la Justice des auteurs de ce massacre et poursuivre cette revendication jusqu’à obtenir gain de cause. »
Sedigheh Moradi – Prison d’Evine – Dimanche 6 novembre 2016
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