lundi 16 décembre 2019

La peur change-t-elle de camp en Iran ?


Leila Vaseghi manifestations iran Il lui a fallu moins de deux semaines pour que le régime fasse demi-tour. La peur qui étreignait le peuple, a changé de camp.
Lelya Vaseghi est le gouverneur de la région de Qods – une banlieue de Téhéran où se trouvait autrefois une vieille ville.

Le 1er décembre, elle a continué à se vanter d'avoir ordonné aux forces de sécurité de tirer sur les manifestants qui tentaient de pénétrer dans le complexe du gouvernorat à l'ouest de Téhéran. Dans le sillage des efforts de répression sans précédent entrepris par le gouvernement, elle a estimé nécessaire de pousser jusqu'au bout la démonstration de force.
Elle a donc déclaré qu'avant l'entrée des manifestants dans l'enceinte, elle avait également averti la population par de nombreux SMS que les forces de sécurité avaient l'ordre de les tuer de sang-froid, s’ils osaient descendre dans la rue. 
Contrairement à la croyance des autorités, la population n’a pas eu peur de garder le silence. Une pluie de messages sur les réseaux sociaux a commencé contre les massacres de masse commis par le gouvernement, et les auteurs ont commencé à être nommés et identifiés sur les réseaux afin que la population en colère soit informée.
Compte tenu de la propagation des manifestations qui se sont étendues dans un peu moins de 200 villes à travers le pays, les forces de sécurité ne se sentaient pas vraiment en sécurité dans le pays. Un bon nombre d'entre eux ont affirmé qu'ils n'avaient « exécuté que des ordres » et qu'au fond de leur cœur, ils étaient du côté des manifestants.
Le Guide suprême, Ali Khamenei, a donné l'ordre d'apaiser les familles des personnes tuées par ses forces de sécurité et a désigné certaines autorités pour suivre cet ordre. Les familles ont néanmoins refusé d'accepter même des appels téléphoniques de la part des personnes qui ont été chargées de tuer leurs proches. La peur changeait clairement de camp. Alors Leyla Vaseghi a soudain réalisé qu'elle n'était pas du bon côté des événements.
Aussi stupidement qu’elle s’était vantée de son ordre inhumain et répressif de tirer sur les manifestants, elle a essayé de se repentir de ce qu’elle avait dit. Le 10 décembre, elle a publié une page « histoire » sur son compte Instagram qui disait ceci : « J'ai décidé de répéter cette page histoire pendant une semaine, afin de calmer ma conscience et de supplier mon peuple de comprendre, pour que je puisse être pardonnée. »
Elle a expliqué plus loin sur le même compte : « Je salue le brave peuple iranien. Hier, ma page a été publiée à cause de la colère populaire contre moi ! Veuillez ne pas juger mon action avant de vous mettre à ma place. Je me sens cependant obligée de demander pardon au brave peuple iranien pour ce qui s'est passé !!! »
Rien ne pouvait mieux montrer à quel point le moral et l'état d'esprit du régime en Iran sont au plus bas. Plus d'un millier de manifestants tués et plusieurs milliers de blessés ont peut-être éteint les flammes du soulèvement, mais la vitesse de récupération en si peu de temps est incroyable. Les demi-mesures prises par les autorités pour les calmer ne peuvent pas les aider.
Source : Iran Focus

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