Front Line Defenders - Le 25 juillet 2020, Bahareh Hedayat, une étudiante et défenseuse des droits humains, a été condamnée à quatre ans et huit mois de prison pour avoir protesté pacifiquement à la suite de l’aveu de l’abattage, par le Corps des gardiens de la révolution islamique (les pasdarans) d'Iran, du vol 752 d'Ukraine International Airlines, tuant les 176 civils qui se trouvaient à bord en janvier 2020.
Bahareh Hedayat est une défenseuse des droits des étudiants et une militante des droits des femmes. En lui décernant son prix en 2012, le Prix Edelstam a souligné que « Mme Bahareh Hedayat, par son courage et son engagement remarquables envers la justice, a activement lutté contre la violation des droits humains en Iran ». Elle est actuellement étudiante en troisième cycle d'études politiques à l'université de Téhéran et membre de « United Students Associations », qui regroupe 35 associations d'étudiants iraniens. Cette association a annoncé sa création en octobre 2019 en tant qu' « association étudiante indépendante, pluraliste et démocratique » défendant les droits syndicaux des étudiants et les droits sociaux et politiques. Elle n'a pas encore été reconnue par les autorités iraniennes.
Le 25 juillet, Bahareh Hedayat a été informée par la branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran qu'elle avait été condamnée à quatre ans et huit mois de prison pour « rassemblement et collusion avec l'intention de commettre des crimes contre la sécurité nationale » pendant quatre ans en raison de sa participation aux manifestations condamnant le meurtre de civils à bord du vol 752 d'Ukraine International Airlines et pour « propagande contre l'État » durant huit mois pour ses tweets sur l'incident. Si la sentence est confirmée, Bahareh Hedayat purgera la peine la plus longue, soit quatre ans d'emprisonnement selon l'article 134 du code pénal islamique, qui permet aux accusés de ne purger que la peine la plus longue dans les cas de condamnations multiples. Le défenseur fera appel de la décision qui comporte également une interdiction de deux ans de participer à toute activité sociale et politique ainsi que trois mois de travaux d'intérêt général.
En réponse à la sentence, Bahareh Hedayat a tweeté : « Cette décision n'est valable que pour quelques années derrière les barreaux et quelques autres restrictions. Mais ces 176 personnes (qui sont mortes dans l'accident d'avion) sont parties et ne reviendront pas, tout comme celles qui ont été tuées en novembre 2019 », faisant référence aux centaines de personnes tuées par les forces de sécurité officielles lors des manifestations de masse qui ont balayé le pays en novembre 2019.
Le 9 février 2020, la défenseuse des droits humains a été arrêtée et détenue pendant neuf jours en raison de ce qu’on a qualifié d’ « incitation à protester contre le crash de l'avion via différents tweets » qu'elle avait postés le 11 janvier 2020. Elle a ensuite été libérée sous caution.
Bahareh Hedayat a été arrêtée et emprisonnée à plusieurs reprises et elle a fait l'objet d'un harcèlement judiciaire de la part des autorités en raison de son travail de défense des droits humains en Iran. Elle a passé plus de six ans (2010-2016) en prison pour ses activités pacifiques de défense des droits humains, notamment pour avoir fait campagne pour les droits des femmes dans le cadre de la « Campagne d'un million de signatures pour le changement de la loi discriminatoire à l'égard des femmes en Iran. » Elle a été libérée de prison en septembre 2016, à la suite d’un appel du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire qui a demandé sa libération immédiate en mai 2016.
Front Line Defenders est très préoccupée par la condamnation de la défenseuse des droits humains Bahareh Hedayat, qui semble avoir été prononcée en représailles à son travail pacifique et légitime de défense des droits humains en Iran.
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