Avec Ebrahim Raïssi, c’est un criminel international qui sera le prochain président de l’État iranien. Les Nations unies devront faire face au fait que l’un de leurs États membres est dirigé par un sinistre criminel international. Il est maintenant temps que l’ONU mette fin à l’impunité du régime iranien et demande à ses criminels de rendre compte de leur horrible conduite contre l’humanité.
Selon les rapports détaillés d’organisations de défense des Droits de l’Homme de premier plan, dont Amnesty International, Raïssi est coupable de crimes contre l’humanité commis en 1988, notamment le massacre de milliers de prisonniers politiques. Dans un récent discours, Geoffrey Robertson, juge d’appel au tribunal des Nations unies pour les crimes de guerre en Sierra Leone, qui a rédigé un rapport détaillé sur le massacre de 1988, est allé encore plus loin en déclarant que ces massacres devraient être qualifiés de génocide parce que les prisonniers exécutés étaient des membres ou des sympathisants de l’OMPI, un groupe musulman qui rejetait l’interprétation fondamentaliste de l’islam de l’ayatollah Khomeini.
L’élection de Raïssi à la présidence devrait attirer l’attention sur un moment barbare de l’histoire mondiale qui a été négligé de manière injustifiée, notamment par l’ONU.
En tant que défenseur des Droits de l’Homme, j’ai eu ma part d’expériences de défense des Droits de l’Homme contre des dictateurs et des criminels de guerre.
Le massacre s’est produit il y a 33 ans, à la fin du mois de juillet 1988, alors que la guerre avec l’Irak se terminait par une trêve pacifique. Par vengeance et par rage, le Guide Suprême de l’époque, Khomeini, a émis une fatwa selon laquelle tous ceux qui s’opposaient à sa théocratie et qui étaient en prison devaient être rapidement anéantis. Ce décret religieux a été exécuté par un « Commission de la mort« , dont Ebrahim Raïssi était une figure de proue.
Les prisons iraniennes, qui regorgeaient d’opposants au régime à l’époque, se sont soudainement verrouillées. Toutes les visites familiales ont été annulées. La seule visite autorisée était celle d’une délégation, enturbannée et barbue, qui se rendait dans les prisons périphériques à bord de BMW noires du gouvernement.
La délégation comprenait un juge religieux, un procureur général et un chef des services de renseignements. Avant eux ont défilé des milliers de prisonniers politiques, qui avaient été emprisonnés depuis le début des années 1980, et la plupart étaient des militants e l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI).
La délégation n’avait qu’une seule question à poser à ces jeunes hommes et femmes sans défense, dont la plupart étaient détenus depuis 1981 pour avoir simplement participé à des manifestations de rue. Beaucoup d’entre eux ont déjà purgé leur peine. Ceux qui ont répondu qu’ils avaient une affiliation continue avec l’OMPI ont eu les yeux bandés et ont reçu l’ordre de rejoindre une conga-line qui menait directement à la potence.
Ils ont été suspendus à des grues, par peloton de 12, à des cordes situées sur la scène de la salle de réunion de la prison, appelée Hosseiniyeh. Leurs corps ont été emballés dans des camions réfrigérés et enterrés de nuit dans des fosses communes.
Des mois plus tard, leurs familles, qui cherchaient désespérément à obtenir des informations sur leurs proches, se voyaient remettre un sac en plastique contenant leurs quelques biens. On leur refusait toute information sur l’emplacement des tombes et on leur ordonnait de ne jamais pleurer leurs proches en public.
À la mi-août 1988, des milliers de prisonniers avaient été tués de cette manière par l’État, sans procès, sans appel et sans aucune pitié.
Les Nations unies ont essentiellement fermé les yeux, même si leur propre rapporteur sur la situation des Droits de l’Homme en Iran, Reynaldo Galindo Pol, avait mentionné l’exécution d’au moins 860 prisonniers à l’été 1998, après s’être rendu en Iran un an plus tard. En septembre 1988, Amnesty International avait publié un télégramme d’action urgente à ce sujet.
Malheureusement, l’ONU a manqué à son devoir de demander des comptes à ces criminels contre l’humanité. Raïssi a depuis agi en toute impunité, ordonnant l’exécution d’autres manifestants, notamment lors des soulèvements de novembre 2019. Et ce, alors qu’en septembre dernier, sept grands experts des Droits de l’Homme de l’ONU ont à nouveau fait la lumière sur le massacre de 1988 et ont demandé instamment une enquête internationale.
Maintenant, avec l’ascension de Raïssi à la présidence, la communauté internationale ne devrait pas hésiter à agir rapidement. Le monde et l’ONU doivent rapidement demander des comptes à Raisi et aux autres criminels du régime. L’ONU a le devoir de mettre en place une enquête appropriée sur les actes barbares de 1988.
Le peuple iranien réécrira l’histoire de l’Iran avec la vérité, la vérité de la barbarie que les générations futures voudront effacer tout comme le peuple allemand a pu condamner et effacer les nazis et leurs horreurs. La Grande-Bretagne, le Canada, l’Amérique, l’Australie et les pays qui ont ciblé les sanctions et les lois, notamment les sanctions Magnitsky, devraient cibler les cerveaux survivants des barbaries de 1988, en particulier Raïssi.
Les nommer, leur faire honte et les blâmer, car, de cette façon, nous pourrons passer à l’offensive contre les auteurs de l’un des pires crimes depuis la Seconde Guerre mondiale, l’un des pires crimes contre l’humanité, le massacre de 1988.
R. Bruce McColm, ancien directeur exécutif de la Freedom House, est le président de l’Institute for Democratic Strategies.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire