mercredi 1 septembre 2021

Des experts demandent que les dirigeants du régime iranien rendent des comptes sur le massacre de 1988.

 CNRI Femmes – Des experts ont demandé des comptes aux dirigeants du régime iranien sur le massacre de 1988.

Plus d’un millier de témoins du massacre de 1988 en Iran se sont réunis lors d’une conférence en ligne le vendredi 27 août 2021. Des dizaines de juristes et d’experts en droit international ont participé à cet événement, ainsi que la présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, Mme Maryam Radjavi, figure de proue du mouvement iranien pour la justice.

Mme Radjavi a souligné que « le massacre de 1988 est un exemple clair de génocide. En janvier 2010, Ebrahim Raïssi, l’actuel président du régime, a déclaré que “tous les Moudjahidines sont des ennemis de Dieu et sont condamnés à mort”. »

Elle a appelé les gouvernements européens et américains à reconnaître le massacre de 1988 comme un génocide et un crime contre l’humanité. “Ils ne doivent pas accepter Raïssi dans leur pays. Ils doivent le poursuivre et lui demander des comptes”, a-t-elle ajouté.

Mme Radjavi a également réitéré son appel au Secrétaire général de l’ONU, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU et à sa Haut-Commissaire, aux rapporteurs spéciaux de l’ONU et aux organisations internationales à visiter les prisons du régime iranien pour y rencontrer les détenus, en particulier les prisonniers politiques. Elle a ajouté que le dossier des violations des droits humains en Iran, notamment la conduite du régime dans les prisons, devrait être soumis au Conseil de sécurité de l’ONU.

Me Dominique Attias figurait au nombre des intervenantes à la conférence qui marquait le 33e anniversaire du massacre de 1988. Mme Attias est à la tête de la Fédération des Barreaux d’Europe, qui regroupe plus d’un million d’avocats. Elle a été vice-bâtonnière de Paris, la première femme à occuper ce poste.  

Dominique Attias a tenu à marquer son soutien : «Mme Radjavi, vous êtes l’étoile qui brillait dans l’obscurité. Aujourd’hui est un jour grave. Nous savons ce qui se passe dans un pays à côté de l’Iran. La lumière viendra des femmes, des Iraniennes, grâce à vous, grâce à ces femmes qui sont à vos côtés, grâce à ces hommes qui sont à vos côtés.

Toutes ces femmes, toutes ces jeunes femmes martyres. Oh ! Elles seront vengées, oui, vengées. Car ces bourreaux ont semé la mort, ont semé la tristesse, ont semé la désolation, ont arraché des vies. Des mères, des veuves, des enfants pleurent encore. Oui, c’est un génocide. Oui, c’est un crime contre l’humanité. Stop à cette lâcheté qui fait qu’on nous Européens et même le monde entier se détournent.

Aujourd’hui, un bourreau aux mains pleines de sang règne sur l’Iran. J’ai vu le parlement qui l’a adoubé. Mais vous, mais nous, nous ne l’accepterons jamais. Les Iraniennes ne l’accepteront jamais. Car la place de la femme est fondamentale et elles ont été éradiquées en 1988. Si peu de survivantes. Tant de massacres. Si l’on ferme les yeux, c’est chez nous que ça se fera également. Les femmes sont ces étoiles du monde qui éclairent, et qui toujours, toujours, montreront le chemin de la justice.

Je serai toujours à vos côtés, les barreaux européens seront toujours à vos côtés. Nous sommes cinquante-deux pour cent de l’humanité, nous les femmes, majoritaires dans les pays, dans les barreaux. Nous sommes partout et pourtant, on n’entend pas nos voix. Et vous, Madame Radjavi, vous êtes là pour la porter si haut, si clairement, si courageusement. Vous êtes la présidente de l’Iran. Et nous serons avec vous jusqu’à la fin, portant des roses rouges, en faveur de toutes ces femmes qui ne sont plus parmi nous. Merci de m’avoir donné la parole. Je serais toujours à vos côtés, toujours aux côtés des iraniennes et des Iraniens de bonne volonté. »

Gulnara Shahinian

Une autre intervenante à cet événement était la juriste arménienne Gulnara Shahinian. Mme Shahinian a été rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage (2008-2014).

Dans son discours, elle a déclaré notamment : “Et j’ai été très intéressée d’écouter les voix des victimes L’année dernière, je faisais partie des 154 signataires de la lettre adressée à l’ONU demandant la création d’une commission d’enquête sur les exécutions extrajudiciaires de milliers de prisonniers politiques en Iran en 1988. Cet appel indique que les familles des victimes, les survivants et les défenseurs des droits humains font aujourd’hui l’objet de menaces persistantes, de harcèlement, d’intimidation et d’attaques en raison de leur tentative de recherche d’informations et de vérité. Amnesty International et d’autres organisations, dans des rapports récents, ainsi que le rapporteur spécial sur les exécutions sommaires et arbitraires, ont exprimé leurs préoccupations quant aux tentatives signalées des autorités iraniennes de poursuivre et de détruire les preuves de violations passées, notamment les exécutions extrajudiciaires massives de dissidents politiques de 1988, de détruire les fosses commune contenant les restes de victimes de disparitions forcées et d’exécutions sommaires perpétrées en 1988. Cette ordonnance est la dernière en date des tentatives d’interférence avec les preuves des exécutions, qui comprennent la destruction des pierres tombales au bulldozer et le harcèlement des proches, comme Maryam Akbari Monfared, qui cherche à connaître la vérité et demande des comptes… Nous devons demander des comptes. Nous ne pouvons pas permettre que cela se reproduise dans aucun pays du monde. »

Les autres orateurs de la conférence étaient Guy Verhofstadt, Premier ministre de Belgique (1999-2008) ; Franco Frattini, ministre italien des Affaires étrangères (2008-2011) ; Giulio Maria Terzi, ministre italien des Affaires étrangères (2011-2013) ; John Baird, ministre canadien des Affaires étrangères ( 2011-2015) ; Audronius Ažubalis, ministre lituanien des Affaires étrangères (2010-2012) ; Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty International (2018-2020) ; Geoffrey Robertson, premier président du Tribunal spécial des Nations unies pour les crimes de guerre en Sierra Leone ; Eric David, professeur de droit international ; et Valeriu M. Ciuca, ancien juge de la Cour européenne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire