Mère de deux jeunes enfants, Fatemeh pensait avec amour. Elle a été l’une des femmes à l’origine de l’Association des enseignants de Chiraz. Son humanisme remarquable lui valut d’être désignée comme candidate de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) aux premières élections législatives après la révolution de 1979 à Chiraz. Les réactionnaires misogynes n’ont pas pu le tolérer cette et ont frauduleusement empêché son élection.
Dans les mois qui ont précédé le 20 juin 1981, date à laquelle Khomeiny a donné l’ordre d’ouvrir le feu sur 500.000 manifestants pacifiques à Téhéran, des manifestations massives ont eu lieu dans tout l’Iran contre le meurtre de membres et de partisans de l’OMPI.
L’une de ces manifestations a eu lieu à Chiraz le 17 juin 1981. Ce jour-là, de nombreuses femmes partisanes de l’OMPI/MEK se sont rassemblées dans le Bazar Vakil de la ville pour protester contre la façon dont les agents du régime traitaient les gens. Fatemeh Zarei était l’une des organisatrices de cette grande manifestation. Les agents du régime, qui connaissaient Fatemeh et son rôle actif dans cette manifestation, l’ont arrêtée.
Fatemeh Zarei a été emprisonnée le 20 juin 1981, au début du déclenchement de la juste résistance nationale contre la dictature religieuse. Fatemeh a été sauvagement torturée mais a résisté avec force pour devenir un symbole national.
Un témoin de la bravoure de Fatemeh en prison a écrit : “Fatemeh était en très mauvaise santé à cause des tortures qu’elle avait subies. Ils [les gardiens de prison] l’avaient tellement battue qu’elle avait contracté des maladies infectieuses. Pour empêcher quiconque de l’aider, [les autorités pénitentiaires] l’ont maintenue à l’isolement. Personne n’était autorisé à avoir le moindre contact avec elle”.
Les bourreaux, vaincus par sa force d’âme, ont tenté de capitaliser sur son instinct maternel pour la faire plier. Mais ils n’ont pas réalisé à quel point Fatemeh était résistante, ni à quel point elle était déterminée à défendre la cause de la liberté en tant que membre de l’OMPI.
Une de ses codétenues a écrit : “Les pasdarans ont essayé d’amener ses enfants au parloir pour la briser. Mais à chaque fois, elle a tenu bon. La scène de sa visite avec ses deux enfants, nommés Chora et Masrour, âgés de 3 à 4 ans, a vraiment été une leçon pour tout le monde. C’était une scène d’amour pur d’une mère, malgré les graves séquelles des tortures et son corps meurtri par les coups de fouet des bourreaux.”
Les membres et les partisans de l’OMPI étaient organisés à l’intérieur de la prison, et Fatemeh faisait également partie de cette hiérarchie. Elle était un symbole de résistance à la torture et aux autres pressions. Dans les circonstances les plus dures, elle n’oubliait pas deux choses : maintenir des relations avec les autres détenues, et étudier et suivre les questions politiques et idéologiques. Elle a tissé des liens avec d’autres résistantes et s’est efforcée de remonter le moral des nouvelles détenues qui arrivaient. Elle se sentait responsable d’elles. Elle avait un esprit si élevé et était si vive que toute nouvelle détenue la reconnaissait et lui faisait confiance immédiatement.
Dans une lettre envoyée de la prison de Chiraz, on peut lire : “Nous avons tiré des leçons de son sérieux et des sacrifices qu’elle a faits dans la lutte, et cela nous a ouvert de nouvelles voies. Toutes celles d’entre nous qui ont vu Fatemeh à cette époque se sont demandé d’où venait toute cette sincérité et comment pouvait-elle faire autant de sacrifices, jusqu’au jour où l’une des sœurs (détenues) a été emmenée à un interrogatoire. Quand elle est revenue, elle nous a dit que le régime voulait répandre des rumeurs contre Massoud Radjavi parmi les prisonnières pour briser leur résistance et attaquer leur moral. Fatemeh, très vigilante, nous a toutes rassemblées et a dit : “L’ennemi ne vise pas Massoud de cette manière, car il ne peut pas l’atteindre. L’objectif de l’ennemi est de nous séparer de lui. C’est avant tout un test pour nous, pour voir comment nous réagissons face à l’ennemi et quelle est notre foi en Massoud”. C’est alors que nous avons réalisé la profondeur du lien entre Fatemeh et le chef de la résistance ; c’est pourquoi elle était si résistante.”
Dans leurs préparations du terrain pour le massacre des prisonniers politiques de 1988, les gardiens de prison ont réduit le droit de visite de Fatemeh. Les gardiens n’acceptaient aucun vêtement, aucune nourriture ni aucun argent pour elle. Aux questions de sa famille, ils répondaient : “Nous ne savons pas. Nous n’avons personne avec ce nom emprisonné ici”. Lorsque sa famille a persisté à poser des questions sur Fatemeh, elle a été renvoyée au bureau du procureur. Ce jeu cruel s’est poursuivi jusqu’à la fin de l’automne 1988.
Finalement, le 4 décembre 1988, il est apparu clairement que Fatemeh avait fait partie des victimes du massacre. Les employés du cimetière ont annoncé à sa famille qu’elle avait été exécutée avec 300 autres personnes.
La sœur de Fatemeh, Fattaneh Zarei, avait déjà été exécutée par le régime de Khomeiny.
Fatemeh et Fattaneh faisaient partie de la génération de femmes qui ont sacrifié leur vie pour la liberté de leur peuple. Leur souvenir est éternel et leurs noms seront un phare qui éclaire le chemin de la lutte pour la liberté et l’égalité.
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