Le 11 octobre marque la Journée internationale de la Fille en mettant l’accent sur les objectifs visant à améliorer leurs conditions de vie à travers le monde. C’est également l’occasion de sensibiliser le public aux inégalités auxquelles sont confrontées les filles du monde entier en raison de leur sexe. Cette inégalité concerne notamment l’accès à l’éducation, la nutrition, les soins médicaux, la protection contre la discrimination, la violence à l’égard des femmes et le mariage forcé des enfants.
Le thème principal de cette journée en 2021 est “Génération numérique, notre génération” ; un souci de répondre aux besoins des petites filles pendant la pandémie. La petite fille iranienne est cependant privée des équipements les plus élémentaires pour l’éducation digitale. L’accès à un ordinateur, une tablette, un smartphone, au net, est un luxe pour la plupart des filles en Iran.
La journée internationale a pour vocation de contribuer à l’émergence réussie des filles et des jeunes femmes en tant que partie intégrante de la société. Malheureusement, sous le régime misogyne, la plupart des informations concernant les petites filles iraniennes se focalisent sur la violence, le suicide, les mariages forcés, les abandons de la scolarité, la malnutrition et le manque de soins médicaux.
D’autre part, la précarité endémique de la société iranienne a entraîné une augmentation du nombre des mariages d’enfants, d’abandons scolaires, d’enfants sur le marché du travail, de fugues, d’adolescents toxicomanes et du fléau de la prostitution enfantine commençant dès l’âge de 13 et 14 ans.
Le régime clérical ne tient pas compte des objectifs de développement durable (ODD) de l’UNESCO
L’une des premières mesures déclarées par Ebrahim Raisi dès entrée en fonction a été le rejet de la Déclaration “Education 2030” de l’UNESCO.
“À partir de maintenant, la base du respect des droits des enfants (en Iran) est le Document national sur les droits des enfants et des adolescents”, a souligné Zahra Ayatollahi, un membre du Conseil socioculturel des femmes au Conseil suprême de la révolution culturelle. (Interview avec la 2e chaîne de télévision publique – 20 septembre 2021)
Le Document national sur les droits des enfants et des adolescents soutient explicitement le mariage des enfants de moins de 13 ans, et souligne que ce phénomène “n’est pas illégal”.
“Si les enfants sont forcés au mariage par leurs parents, il s’agit d’un délit passible de poursuites. En même temps, conformément à la loi, si une fille de moins de 13 ans et un garçon de moins de 15 ans souhaitent se marier, que le mariage est dans leur meilleur intérêt, que les parents reconnaissent cet intérêt et que le tribunal l’approuve, le mariage peut avoir lieu et n’est pas illégal.”
La précarité projette brutalement la petite fille iranienne de l’enfance à l’âge adulte
La pandémie de coronavirus a durement affecté la vie de la grande majorité des familles iraniennes qui vivaient déjà sous le seuil de pauvreté. En conséquence, de nombreuses familles finissent par vendre leurs filles pour échapper à l’extrême précarité.
La pauvreté est la principale cause de nombreux maux sociaux, notamment l’analphabétisme, le travail des enfants et les mariages forcés précoces pour les petites filles iraniennes.
“Certaines familles marient leurs filles avant l’âge de 13 ans sans enregistrement officiel, et ce n’est qu’ensuite qu’elles vont au tribunal pour obtenir une licence de mariage”, révèle Mahmoud Abbassi, secrétaire de l’Autorité nationale pour la Convention relative aux droits de l’enfant. “En raison de la pauvreté noire, ces familles marient leurs filles en échange d’un million de tomans (36 dollars)”. (Le journal économique jahanesanat.ir – 30 août 2021)
A partir de 2019, les prêts de l’Etat pour le mariage ont multiplié par quatre les mariages d’enfants en Iran. “C’est une sonnette d’alarme annonçant le danger d’une grande précarité en Iran”, reconnaît Mohammad Mehdi Tondgouyan, l’ancien vice-ministre des Sports et de la Jeunesse.
De nombreux militants sociaux ont insisté sur la nécessité de contrecarrer les mariages d’enfants. Mais le régime iranien n’a jamais adopté de loi interdisant les mariages précoces. Le nombre de mariages d’enfants en Iran est “environ 30% plus élevé que la moyenne mondiale”.
“Actuellement, 100 mariages de moins de 15 ans sont enregistrés en Iran toutes les 24 heures”, dévoile un expert des maux sociaux, Mohammad Reza Mahboubfar (Le journal officiel Arman-e Melli – 27 juillet 2021)
Augmentation des mariages d’enfants en 2020
Le Centre national des statistiques d’Iran ne publie que les statistiques sur les mariages enregistrés. De nombreux mariages dans les familles traditionnelles ne sont jamais enregistrés. Par conséquent, il faut se rappeler que les statistiques publiées par le régime iranien sont toujours un minimum et jamais transparentes.
Pendant neuf mois, de mars 2020 à décembre 2020, les mariages de 23 698 filles âgées de 10 à 14 ans ont été enregistrés en Iran. Toutes les 24 heures, 100 mariages de moins de 15 ans sont enregistrés en Iran. (L’agence de presse officielle ISNA – 5 février 2021)
En 2020, le dernier rapport du Centre national des statistiques a indiqué que le nombre de mariages de filles âgées de 10 à 14 ans était de 31 379. Le rapport a également enregistré 364 accouchements de mères âgées de moins de 15 ans au cours de l’été 2020. (Le journal officiel Hamdeli – 24 août 2021)
“Chaque jour, nous assistons à l’accouchement de jeunes filles âgées de 12 à 17 ans, dont les parents sont généralement pauvres” dit une infirmière travaillant dans un hôpital de la banlieue de Téhéran (Le journal d’État jahanesanat.ir – 30 août 2021)
Ali Kazemi, conseiller juridique du pouvoir judiciaire du régime clérical, avait précédemment reconnu qu'”une moyenne de 500 000 à 600 000 filles iraniennes de moins de 14 ans se marient chaque année.” (Le journal officiel Entekhab.ir – 4 mars 2019)
La traite des blanches et l’augmentation du nombre d’enfants veufs
Le mariage forcé a des conséquences désastreuses, notamment la traite des blanches et les enfants veufs.
“Outre la pauvreté, la prévalence d’une culture de la violence, le mariage et les préjugés injustifiés sont parmi les raisons de la traite des blanches. Comme la fille est mariée de force et sans consentement, elle veut se débarrasser des conditions de vie intenables par tous les moyens”, affirme Mohammad Baqer Moghaddasi, un avocat de la ville de Bojnourd (nord-est). (Le journal officiel Sobh-e Iran – 3 juillet 2021)
Un autre préjudice social causé par les mariages précoces est le divorce. 70 % des mariages d’enfants conduisent au divorce. (Agence de presse officielle ROKNA – 27 juillet 2021)
Certaines filles se marient à l’âge de 9 ans, divorcent après trois ans et retournent chez leur père avec trois enfants. (Agence officielle khabaronline.ir – 29 août 2021)
Les suicides dus aux mariages forcés
Les mariages précoces et forcés font partie des raisons du suicide des jeunes femmes et des filles en Iran.
Le mariage d’enfants est synonyme de viol. Lorsqu’un homme épouse un enfant, il abuse de cet enfant. Le mariage doit avoir lieu après la puberté, sinon, il ne peut avoir d’autre sens que le viol. Tels sont les propos de Sima Ferdowsipour, psychologue et professeur d’université à Téhéran. Elle estime que le meilleur âge pour le mariage des filles est de 21 ans et plus. (Le site officiel khabarfori – 29 juillet 2021)
Voici quelques exemples de suicides dus à des mariages forcés :
Anahita Shahidi, 18 ans, s’est pendue chez elle dans le village de Sepidar à Boyer-Ahmad (sud-ouest), en février 2021, parce qu’elle ne voulait pas épouser son cousin.
Ala Ebrahimi, 16 ans, s’est suicidée en mars 2021 dans l’un des villages de Saqqez, dans la province du Kurdistan (nord-ouest).
En mars 2021, une jeune fille de 15 ans s’est suicidée à Taybad, dans la province de Khorasan Razavi (nord-est), en prenant des pilules de riz. La jeune fille était victime d’un mariage d’enfants. (L’agence de presse officielle ISNA – 24 mars 2021)
Le 15 avril 2021, à Gonbad Kavous, Behnaz G. s’est suicidé par immolation. Behnaz s’est mariée quand elle avait 15 ans. Elle a souffert de dépression après avoir perdu deux bébés en deux ans. Après la mort de son deuxième bébé, elle s’est suicidée à l’âge de 17 ans.
La maltraitance des petites filles
Le plus grand nombre de contacts avec la ligne d’urgence sociale concerne la maltraitance des enfants, a déclaré l’un des responsables des urgences sociales de l’Organisation nationale de la protection sociale. (Le site officiel Khabarfori.ir – 16 juin 2021)
Fatemeh Ghasemzadeh, psychologue pour enfants, a mis en garde contre une augmentation de la maltraitance des enfants en Iran. Un pourcentage élevé des cas de maltraitance des enfants en Iran cible les filles, a-t-elle déclaré. (L’agence de presse officiel PANA – 25 avril 2021)
Les filles sont plus maltraitées que les garçons. 52% des enfants maltraités sont des filles, et 57% des auteurs sont les pères. (L’agence de presse officiel salamatnews.com – 4 octobre 2018)
Le chef du département de la protection sociale de Fardis, Ahmad Mohammadzadeh, a annoncé l’enregistrement de 101 cas de maltraitance des enfants au cours de l’année 2020 dans la seule ville de Fardis (centre). (L’agence de presse officielle IRNA – 25 mars 2021)
Le directeur général du département de la protection sociale de la province de Khorasan Razavi (nord-est) a annoncé l’enregistrement de 1 866 contacts avec l’urgence sociale de cette province en six mois, de mars à septembre 2021, signalant des cas de maltraitance des enfants. (La télévision d’état – 5 septembre 2021)
Les filles abandonnent l’école plus souvent que les garçons
Les petites filles iraniennes sont les premières victimes de la pauvreté omniprésente dans la société iranienne. Elles sont obligées d’abandonner l’école parce que l’enseignement n’est pas gratuit sous le régime des mollahs.
Il y a 7 millions d’écolières en Iran. (L’agence de presse officielle ISNA – 3 mai 2021)
Les filles abandonnent souvent l’école secondaire parce qu’il n’y a pas d’établissement secondaire dans les zones défavorisées et rurales, ou que les écoles sont trop éloignées. (Site Web du Club des jeunes journalistes – 3 mars 2021)
De plus, les filles des familles à faible revenu sont obligées de se marier très tôt et ne peuvent pas poursuivre leurs études. (L’agence de presse officielle ROKNA – 24 juillet 2021)
Entre 3,5 millions et 5 millions d’élèves ont abandonné l’école au cours de l’année scolaire 2020-2021. Ce décrochage massif catastrophique est dû au manque de moyens de communication pour se connecter aux cours en ligne. En raison de la négligence du gouvernement et de l’absence de planification adéquate de l’éducation, plus d’un tiers des écoliers iraniens ont été contraints à l’abandon de la scolarité. (Le site officiel Rassekhoon.net – 15 juin 2021)
Mohammad Reza Seifi, directeur général de l’éducation des nomades au ministère de l’Éducation, a admis que de nombreuses écolières nomades de la province d’Azerbaïdjan occidental ne s’inscrivaient pas à l’école parce qu’elles n’avaient pas les moyens d’acheter des manuels scolaires. (L’agence de presse officielle ILNA – 30 août 2021)
Les filles représentent la moitié de la population des enfants au travail
Le phénomène du travail des enfants est l’un des fléaux qui, comme toutes les autres crises sous le régime clérical, non seulement n’est pas résolu mais s’étend chaque année.
Plus de sept millions d’enfants se trouvent sur le marché du travail en Iran. Au moins la moitié de ces enfants sont des filles. (L’agence de presse officielle Tasnim – 27 septembre 2019).
En plus de vendre des noix, des fleurs et des chewing-gums aux carrefours ou de nettoyer les vitres des voitures, les filles travaillent aussi dans les décharges en passant au crible les ordures.
La mafia des ordures à Téhéran utilise des enfants sans abri, des femmes et des toxicomanes pour faire le tri dans les ordures. Un membre du parlement du régime a reconnu que sur les quelque 15 000 personnes qui font le tri dans les ordures de Téhéran, 5 000 sont des enfants. Quarante pour cent de ces enfants ont entre 10 et 15 ans et sont le seul soutien de leur famille. (Le site officiel Khane-e-Mellat – 18 octobre 2019)
Dans ce travail, Les filles sont plus vulnérables que les garçons. Elles sont exposées à un plus grand nombre de maladies. Leurs cheveux sont longs et pleins de poux. Elles n’ont pas assez d’eau pour se laver, et l’eau est contaminée. (Le site internet officiel Khane-e-Mellat – 20 octobre 2019)
Ajoutez à ces conditions la pandémie de Covid-19 qui sévit dans tout l’Iran. Les jeunes filles démunies sont obligées de travailler dans cette situation pour survivre.
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