Plus de 30 000 prisonniers politiques auraient été exécutés en l’espace d’environ trois mois cette année-là, et près de 90 % des victimes étaient des membres ou des sympathisants du principal groupe d’opposition pro-démocratique, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI).
Le Conseil national de la Résistance iranienne a organisé plusieurs conférences et de rassemblements au cours des derniers mois pour mettre en lumière le massacre de 1988, le passé criminel de Raïssi et son impact probable sur la conduite future de son administration. En tant que l’un des quatre membres d’un panel durant le massacre de 1988, connu sous le nom de « commission de la mort« , Raïssi était l’un des principaux auteurs de ce massacre. Il en est également resté l’un des principaux défenseurs ces dernières années, allant jusqu’à qualifier la fatwa sous-jacente du Guide Suprême de l’époque, Ruhollah Khomeini, de transmission incontestable de la volonté de Dieu.
Cette fatwa déclarait que le soutien à l’OMPI constituait une « inimitié contre Dieu » et faisait d’un individu un apostat, digne de mort. Lors d’au moins une des récentes conférences du CNRI, des juristes européens ont fait valoir que le langage de la fatwa communique l’intention du régime d’éliminer des communautés entières de musulmans modérés dont l’idéologie constitue une menace pour celle des mollahs. Cela semble faire du massacre de 1988 un exemple de génocide, et de Raïssi un auteur éminent de ce crime.
Cette évaluation souligne la viabilité juridique des appels continus des militants iraniens à l’arrestation de Raïssi. Le principe de la compétence universelle permet à tout pays de poursuivre des crimes tels que le génocide sur son territoire, même si ces crimes ont été commis ailleurs par des individus qui ne relèvent pas de cette compétence. Il ne devrait y avoir aucun doute sur la pertinence de ce principe dans des cas où un génocide est resté impuni pendant plus de 30 ans, surtout lorsque les auteurs de ce génocide ont été récompensés par leur gouvernement en occupant des postes, y compris la présidence.
L’accusation spécifique de génocide n’est, cependant, pas nécessaire pour l’application de la compétence universelle. C’est ce qui ressort clairement du fait qu’un participant au massacre a déjà été arrêté en dehors de son pays d’origine, et que son cas ne mentionne pas le génocide. Hamid Noury est, en effet, accusé de crimes de guerre et de meurtres de masse par un tribunal suédois, en raison des actes qu’il a commis en tant que fonctionnaire de la prison vers 1988. Des dizaines de survivants du massacre ont témoigné contre lui, et nombre d’entre eux ont depuis rejoint les appels à l’arrestation de Raïssi.
Ces appels se sont intensifiés ces derniers jours lorsqu’il a été signalé que le président du régime iranien se rendrait probablement en Écosse pour la conférence sur le changement climatique COP26, début novembre. Cet événement offre aux autorités locales une excellente occasion d’exécuter un mandat d’arrêt, que ce soit pour génocide ou pour d’autres crimes contre l’humanité. Mais en l’absence d’une telle arrestation, la présence de Raïssi à l’événement lui conférerait une légitimité internationale indue et enverrait le message que les puissances occidentales ne sont pas intéressées à demander des comptes pour les crimes du régime des mollahs contre son propre peuple, tant historiques que récents.
Tragiquement, les nations occidentales ont déjà envoyé ce message à au moins deux reprises : une fois lorsque l’Union européenne a envoyé une délégation pour assister à l’investiture de Raïssi en août et une fois lorsque l’Assemblée générale des Nations Unies a permis à Raïssi de s’adresser à l’assemblée internationale avec des propos préenregistrées. Dans les deux cas, les expatriés iraniens ont organisé des manifestations en Europe et en Amérique du Nord pour condamner la nouvelle administration et exiger un changement affirmé des politiques occidentales à l’égard du régime des mollahs.
La position du Royaume-Uni à l’approche de la COP26 montrera en partie si ces appels ont trouvé une audience substantielle dans les cercles politiques occidentaux, ou s’ils sont tombés dans l’oreille d’un sourd une fois de plus. Cela renvoie à une observation faite par la présidente élue du CNRI, Mme Maryam Radjavi, lors d’un sommet virtuel mondial organisé par le CNRI en juillet. « En ce qui concerne la communauté internationale, a-t-elle déclaré à propos de l’investiture de Raïssi en tant que président, c’est le test décisif pour savoir si elle va s’engager et traiter avec ce régime génocidaire ou se tenir aux côtés du peuple iranien. »
Lors du même événement, Mme Radjavi a prédit que les mois à venir seraient marqués par une intensificcation des conflits entre les autorités iraniennes et la société civile. Si cette prédiction s’avère exacte mais que la légitimité de Mme Rajavi reste incontestée au niveau international, le résultat sera très probablement désastreux pour la communauté militante iranienne.
En novembre 2019, environ 1 500 manifestants pacifiques ont été tués en quelques jours après le déclenchement d’un soulèvement antigouvernemental à l’échelle nationale. À l’époque, Raïssi était à la tête du pouvoir judiciaire et a donc joué un rôle clé dans la répression. Il est certain que son rôle répressif va s’étendre maintenant qu’il contrôle le pouvoir exécutif, à moins qu’il ne soit obligé de rendre des comptes de manière imminente pour la répression violente qui a défini son héritage mais qui est restée impunie pendant plus de trois décennies.
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