Lundi, les violations continues des Droits de l’Homme en Iran ont de nouveau été mises en lumière lors de la réunion de la Commission des Droits de l’Homme de l’Assemblée générale des Nations unies. Javaid Rehman, Rapporteur spécial des Nations unies sur les Droits de l’Homme en Iran, a exprimé son inquiétude face à l’augmentation des violations des Droits de l’Homme en Iran, soulignant que « la situation des Droits de l’Homme en Iran reste sombre ».
Dans son discours, M. Rehman a une fois de plus fait mention à la crise de l’impunité en Iran sous le régime des mollahs et à la façon dont les auteurs de violations des Droits humains occupent les postes les plus élevés du régime. M. Rehman a souligné que la situation déplorable des Droits de l’Homme en Iran « est aggravée par le fait que des individus qui font face à des allégations d’implication dans la commission de graves violations des Droits de l’Homme restent dans des positions puissantes, y compris au plus haut niveau de la fonction publique. »
La crise de l’impunité en Iran a atteint son apogée en juin, lorsque Ebrahim Raïssi a été choisi comme président du régime. Raïssi est l’un des principaux responsables impliqués dans le massacre de plus de 30 000 prisonniers politiques en 1988.
Lorsqu’il a été annoncé que Raïssi serait le prochain président du régime, la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a déclaré : « Le fait qu’Ebrahim Raïssi se soit hissé à la présidence au lieu de faire l’objet d’une enquête pour les crimes contre l’humanité que sont les meurtres, les disparitions forcées et les actes de torture, est un sinistre rappel que l’impunité règne en maître en Iran. »
De nombreuses organisations de défense des Droits de l’Homme, dont Amnesty et la Résistance iranienne, ont souligné que la présidence de Raïssi aggraverait immédiatement la situation générale des Droits de l’Homme en Iran.
La Résistance iranienne a rapporté le 24 octobre qu' »au moins 31 prisonniers ont été pendus dans diverses villes iraniennes au cours des 30 derniers jours seulement, portant à au moins 141 le nombre d’exécutions après qu’Ebrahim Raïssi et Gholam Hossein Mohseni Ejei soient devenus respectivement président et chef du pouvoir judiciaire. »
M. Rehman a également évoqué l’augmentation du nombre d’exécutions en Iran, qu’il a qualifiée de « taux alarmant », ajoutant que « l’absence de statistiques officielles et le manque de transparence autour des exécutions signifient que cette pratique échappe à tout contrôle, ce qui entraîne de graves abus et empêche toute responsabilisation. »
M. Rehman a souligné ce manque de responsabilité à plusieurs reprises, critiquant l’impunité dont jouissent les auteurs de violations des Droits de l’Homme en Iran sous le régime des mollahs.
M. Rehman a déclaré : « Je reste profondément préoccupé par l’absence de tout progrès ou de toute volonté politique de mener des enquêtes, et encore moins de garantir l’obligation de rendre des comptes, pour les graves violations des Droits de l’Homme en Iran.
Comme je l’ai décrit dans mon rapport, il existe une impunité généralisée et systémique dans le pays pour les violations flagrantes des Droits de l’Homme ; tant les cas passés de violations graves et substantielles des Droits de l’Homme, y compris les disparitions forcées et les exécutions sommaires en 1988, que les cas récents, notamment le recours à une force excessive et létale par les forces de sécurité de l’État lors des manifestations de novembre 2019. »
De nombreux pays ont partagé les préoccupations de M. Rehman concernant la dégradation de la situation des Droits de l’Homme en Iran. Le représentant du Canada a particulièrement condamné le massacre des prisonniers politiques en 1988. « Nous partageons également les préoccupations concernant les tentatives signalées des autorités iraniennes de continuer à détruire les preuves de violations passées, notamment les exécutions massives et extrajudiciaires de dissidents politiques en 1988 », a déclaré le représentant canadien, ajoutant : « Le Canada condamne le massacre de prisonniers politiques en Iran en 1988. »
Le régime iranien a exécuté plus de 30 000 prisonniers politiques au cours de l’été 1988. La plupart des victimes étaient des membres et des partisans de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI), le principal groupe d’opposition iranien. Malgré les appels incessants à l’établissement des responsabilités concernant le massacre de 1988 en Iran et à l’étranger, le Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei, a choisi Raïssi comme président de son régime.
En 1988, la communauté internationale a ignoré les appels répétés de la Résistance iranienne à enquêter sur le massacre en cours. Cette inaction s’est malheureusement poursuivie jusqu’à ce jour. Dans une lettre publiée en décembre 2020, sept experts de l’ONU ont souligné que cette inaction « a eu un impact dévastateur sur les survivants et les familles ainsi que sur la situation générale des Droits de l’Homme en Iran et a enhardi l’Iran à continuer de dissimuler le sort des victimes et à maintenir une stratégie de déviation et de déni qui se poursuit à ce jour. »
La violente répression des manifestants en novembre 2019, le nombre élevé d’exécutions et la présidence de Raïssi sont quelques exemples de l’impact dévastateur de l’inaction de la communauté internationale au cours des trois dernières décennies.
La communauté mondiale doit demander des comptes à Téhéran pour ses crimes contre l’humanité. Les puissances mondiales pourraient commencer par poursuivre Raïssi et d’autres hauts responsables impliqués dans le massacre de 1988, qui, selon de nombreux experts juridiques, constitue un génocide.
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