L’Iran a traversé sa pire situation économique au cours du siècle dernier. La nouvelle administration d’Ebrahim Raïssi a promis de résoudre la crise économique en Iran. La question est de savoir si ce gouvernement des pasdaran corrompus sera capable de résoudre les problèmes complexes et imbriqués de l’Iran ?
« Un problème qui inquiète beaucoup les gens est l’expansion des monopoles au sein de l’économie de notre pays, ce qui est visible dans le gouvernement de Raïssi « , a écrit Jahan-e Sanat, faisant allusion à une corruption croissante au sein du régime. « En d’autres termes, au lieu de rendre notre environnement économique plus compétitif, nous assistons à la montée des monopoles, ce qui inquiète beaucoup les acteurs économiques pour leur avenir« , ajoute le quotidien économique dans son édition du 19 octobre.
L’économie iranienne a longtemps été monopolisée par les fondations liées à Khamenei et les gardiens de la révolution (IRGC). L’administration de Raïssi est pleine de commandants du CGRI et d’hommes proches de Khamenei dont la tâche principale est de piller la richesse nationale de l’Iran pour prolonger la survie du régime.
Lorsque Raïssi a nommé son cabinet, Maryam Radjavi, présidente élue de l’opposition iranienne, l’a décrit comme « l’incarnation de quatre décennies de dictature religieuse et terroriste des mollahs, dont la mission est de contrer les soulèvements populaires, de piller les richesses et les ressources nationales, d’intensifier le terrorisme et le bellicisme, et étendre les projets nucléaires et balistiques antipatriotiques. »
La dérive économique du régime iranien
Les antécédents de Raïssi et de ses ministres témoignent du fait qu’en ce qui concerne l’économie iranienne, la véritable tâche de ces voyous a été de piller la population.
Le vice-président de Raïssi est Mohammad Mokhber. Il est un parent de Khamenei et chef de la fondation « QG pour l’exécution de l’ordre de l’imam Khomeini (EIKO). L’organisation est un énorme cartel de pillage depuis juillet 2007. Auparavant, il était directeur adjoint du commerce et des transports de la Fondation Mostazafan, un autre grand conglomérat.
Le 17 juin 2013, Sadegh Amoli Larijani, le chef du pouvoir judiciaire du régime à l’époque, a rendu une ordonnance basée sur la décision de Khomeini, dans laquelle il a nommé EIKO comme « le seul organisme autorisé à s’occuper des propriétés du guide suprême », et a ordonné à tous les tribunaux dans le pays d’« enquêter sur les biens non déclarés (biens confisqués)… qui n’ont pas encore été identifiés, enregistrés et possédés, et rendre des décisions complémentaires en faveur d’EIKO ».
Raïssi lui-même était le gardien d’Astan-e Quds Razavi, l’une des fondations financières et religieuses les plus importantes d’Iran. En septembre 2019, Behzad Nabavi, un ancien ministre du gouvernement qui a servi dans différentes administrations, a souligné qu’en Iran « il y a quatre institutions qui contrôlent 60 % de la richesse nationale. Cela comprend le EIKO, la (congloméra) Khatam-ol-Anbiya, la (fondation) Astan-e Quds et la Fondation des opprimés et des handicapés.
« Aucune de ces institutions n’est en relation avec le gouvernement et le parlement« , a-t-il ajouté.
Khamenei a également trié sur le volet le parlement du régime et nommé l’un de ses plus proches affidés, Mohammad Bagher Ghalibaf, comme président du parlement. En tant que maire de Téhéran, Ghalibaf est accusé d’avoir volé des milliards de dollars.
Selon Majid Farahani, chef de la commission du budget de la municipalité de Téhéran et sur la base des rapports soumis par le commissaire aux comptes en 2016, les dépenses municipales s’élevaient à 196 72 000 milliards de Rials, tandis que dans les rapports du maire, les dépenses sont évaluées à 198 58 500 milliards de Rials. « Il y a une contradiction de 10 000 milliards de Rials entre les rapports, et la question est, pourquoi ? A demandé Farahani (agence de presse ISNA le 15 janvier 2018).
Ghalibaf a également été l’un des principaux commandants des pasdarans. Il a été remplacé par Alireza Zakani, un autre commandant du CGRI et une figure proche de Khamenei. Le CGRI pille depuis longtemps les richesses du pays à travers ses sociétés écrans. L’une des principales organisations corrompues du CGRI est le siège de Khatam al-Anbiya.
« Notre effort est de terminer les projets semi-finis et de fournir le financement nécessaire. Compte tenu de la capacité du siège de Khatam al-Anbiya à mettre en œuvre des projets et des mégaprojets, la municipalité de Téhéran souhaite vivement transférer ces projets au Siège de Khatam », a déclaré Mehdi Chamran, chef du conseil municipal de Téhéran le 3 octobre.
Le Siège de Khatam a commencé en tant qu’entrepreneur de projets industriels et de construction en 1989. Dans sa charte, l’objectif le plus important du complexe est « d’utiliser efficacement les ressources de construction et économiques disponibles, les capacités et les talents du CGRI pour poursuivre la révolution islamique« .
Les services de passation de marchés du siège de Khatam agissent comme un énorme intermédiaire entre le gouvernement et les petites entreprises d’ingénierie et techniques, dont une grande partie de leurs revenus est raflée par Khatam. Khatam a également des activités étendues dans les secteurs du pétrole et du gaz et de la pétrochimie. Par exemple, elle est responsable du développement des phases 15 et 16 du champ pétrolier et gazier de Pars Sud.
En 2015, l’agence de presse IRNA a cité le directeur de la National Iranian Oil Company, affirmant que les contrats pétroliers du siège de Khatam avaient dépassé les 25 milliards de dollars.
Il convient de noter que l’actuel ministre du Développement urbain et routier de Raïssi, Rostam Ghasemi, a été le commandant de Khatam al-Anbiya de 2007 à 2011. D’août 2011 à 2013, il a été ministre du Pétrole dans l’administration de Mahmoud Ahmadinejad.
Au cours de son mandat, des irrégularités financières astronomiques, des détournements de fonds, des pots-de-vin et autres crimes financiers se sont produits. Y compris l’achat de 30 plates-formes pétrolières sans « formalités d’appel d’offres », d’autres violations dans l’achat de 25 autres plates-formes pétrolières ainsi que la « disparition » d’un certain nombre de plates-formes pétrolières.
La situation de l’économie iranienne n’a pas changé avec Raïssi
Ces faits soulignent une fois de plus qu’Ebrahim Raïssi et ses semblables ne résoudront pas les problèmes économiques de l’Iran. Les médias d’État iraniens ont également partagé cet avis.
« Trois mois après l’inauguration de Raïssi, la situation de l’économie iranienne n’a pas changé. Dans certains cas, la situation semble encore plus dangereuse », a écrit le 19 octobre le quotidien Hamdeli. L’un de ces problèmes dangereux est la hausse du taux d’inflation qui affecte directement la population. »
« La dernière situation des indicateurs macroéconomiques montre que l’inflation sur 12 mois a atteint près de 60 pour cent, et l’inflation des aliments et boissons a atteint plus de 73 pour cent. L’inflation croissante est sans précédent en quatre décennies après la révolution islamique. Le résultat de ces conditions compliquées est le rétrécissement du panier des foyers et les conditions de vie désastreuses des pauvres et de la classe moyenne », a écrit le quotidien Farhikhtegan.
La crise économique en cours en Iran a transformé la société en une poudrière. Il y a des manifestations quotidiennes de personnes de tous horizons. La corruption du régime et ses effets dévastateurs sur la vie des gens ont en effet créé une situation dangereuse pour le régime même.
« Nous devrions trouver un moyen de contrôler le flot de [colère] qui pourrait ruiner [l’ensemble du système]. Jamais la situation n’a été aussi dangereuse. Nous sommes dans une conjoncture économique difficile. Si cette situation se conjugue avec les demandes des gens et de réels facteurs économiques, nous allons être sur une voie dangereuse », a prévenu lundi le quotidien Hamdeli.
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