L’arrestation de critiques et de dissidents, les peines de prison prononcées contre des militants des droits humains, la répression des manifestants, la censure sévère des médias sociaux et de la presse, et la répression de toute dissidence ne sont qu’une partie de la répression de la liberté d’expression en Iran.
L’ampleur de la répression de la liberté d’expression en Iran est considérable. Ses victimes ne sont pas seulement des militants des médias, des dissidents ou des critiques.
En proie à toute une série de crises économiques, sociales et politiques, le régime clérical tente de contenir le mécontentement social qui couve en réprimant toute forme de dissidence.
Des écrivains, des artistes, des militants de la société civile, des avocats et des activistes des médias sociaux de tous horizons comptent parmi les victimes de la répression de la liberté d’expression en Iran.
Le régime prend pour cible ceux qui osent critiquer ses politiques. Il les emprisonne sous l’accusation de « propagande contre l’État ».
La loi iranienne stipule que les individus ne doivent pas être ciblés pour leurs croyances. L’article 23 de la Constitution stipule explicitement que : » L’enquête sur les croyances des individus est interdite. Personne ne peut être molesté ou pris à partie simplement à cause de leur croyance. «
Dans l’article 8, le principe islamique « d’ordonner le bien et d’interdire le mal » est prescrit comme « un devoir universel et réciproque qui doit être accompli par les gens les uns envers les autres, par le gouvernement envers le peuple, et par le peuple envers le gouvernement ». Il accorde aux gens le droit de critiquer sans crainte de représailles de l’État.
L’article 24 garantit quant à lui la liberté de la presse « sauf si elle porte atteinte aux principes fondamentaux de l’islam ou aux droits du public ».
Cependant, de nombreux dissidents et critiques sont accusés de « propagande contre le régime » simplement pour avoir exprimé leurs opinions ou critiqué le régime.
Les journalistes
Des dizaines de journalistes ont été arrêtés et jugés ces dernières années. Nombre d’entre eux ont été condamnés à la prison et à la flagellation par des décisions du Tribunal révolutionnaire.
Dans une affaire récente, les forces de sécurité ont arrêté deux journalistes d’Ahar, une ville de la province de l’Azerbaïdjan oriental, dans le nord de l’Iran. On leur reproche d’avoir signalé les viols, agressions sexuelles ou harcèlements sexuels de plusieurs enfants âgés de 7 à 11 ans par un enseignant membre des pasdarans.
Le reporter Abolfazal Pourhossien Qoli et le photographe Arash Shadmand, qui travaillent pour Sehrama, un média local, ont été arrêtés par des pasdarans respectivement le 30 septembre et le 1er octobre. Les pasdarans les ont transférés dans une de leurs prisons à Téhéran. Et ils n’ont pas informé leurs familles du lieu et du motif de leur détention. Le bureau du procureur d’Ahar avait demandé aux médias de ne pas couvrir cette histoire. Pourtant, les familles de deux des enfants ont porté plainte auprès des autorités judiciaires locales.
Les écrivains et critiques
Le maintien en détention de Baktash Abtin et Reza Khandan Mahabadi, membres du conseil d’administration de l’Association des écrivains iraniens (IWA), ainsi que de Keyvan Bajan, ancien membre du conseil d’administration, emprisonnés depuis septembre de l’année dernière pour » propagande contre le régime et atteinte à la sécurité nationale « , est un exemple clair de la répression de la liberté d’expression en Iran.
Les trois membres principaux de l’IWA ont commencé à purger des peines de prison en octobre 2020 pour dissidence pacifique et opposition à la censure.
La justice iranienne les a condamnés en mai 2019 à six ans de prison chacun pour « propagande contre le régime » (un an) et « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » (cinq ans), pour leurs actions pacifiques, notamment la publication de documents sur l’histoire de l’IWA et de déclarations contre la censure, et l’organisation de cérémonies commémoratives pour les membres de l’IWA, tués par des agents du régime dans les années 1990.
Les avocats et les militants des droits humains
Le maintien en détention des avocats iraniens Mostafa Nili et Arash Keykhosravi, ainsi que du militant des droits civils Mehdi Mahmoudian, est un autre exemple de la violation de la liberté d’expression en Iran.
En août, les forces de sécurité ont arrêté ces trois personnes, à Téhéran, parce qu’elles s’apprêtaient à poursuivre en justice des représentants du régime pour leur réponse inefficace et mortelle à la pandémie de la COVID-19.
Amnesty International a déclaré le 28 août qu’ils étaient détenus de manière arbitraire parce qu’ils avaient organisé une réunion pour discuter d’une éventuelle action en justice visant à défendre le droit de la population à recevoir les vaccins de la COVID-19, qui peuvent leur sauver la vie, et qu’ils devaient être libérés immédiatement.
Les artistes et les militants des médias sociaux
Le régime iranien a l’habitude de réprimer les artistes et de violer leur liberté d’expression.
Le 12 septembre, les forces de sécurité ont arrêté le rappeur dissident Toomaj Salehi pour ses récentes chansons qui critiquent la situation politique et économique actuelle du pays. Elles l’ont libéré le 21 septembre après l’avoir accusé de « propagande contre l’État ».
Dans une affaire récente, le pouvoir judiciaire iranien a condamné un activiste Internet à sept mois de prison pour « diffusion de propagande contre la République islamique en publiant des images et du contenu dans le cyberespace » à Saqqez, dans l’ouest de l’Iran. L’activiste s’appelait Ebrahim Shouryani. Le procès d’Ebrahim a eu lieu le 12 octobre et sa condamnation a été prononcée par contumace. Il a 20 jours pour faire appel de la décision du tribunal.
Ebrahim est l’administrateur d’un canal Telegram. Il déjà été arrêté en décembre 2020. Mais, on l’a ensuite libéré sous caution.
Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Le régime iranien est réputé pour ses arrestations demilitants d’internet sous prétexte de trouble de l’esprit du public et diffusion de propagande contre l’État.
Dans une nouvelle loi adoptée en février, le Conseil suprême du cyberespace iranien a déclaré que les sites web et les comptes de médias sociaux comptant plus de 5 000 spectateurs ou membres seront surveillés par des agences judiciaires et gouvernementales.
Selon IT Iran, un site web qui couvre l’actualité technologique, la loi stipule que les propriétaires de comptes doivent immédiatement retirer les informations, les nouvelles ou tout autre contenu « irréel », dès qu’ils en sont informés et doivent publier une explication, puis en informer les autorités compétentes.
Les comptes surveillés seront les chaines de médias sociaux, les pages, les sites Web et les applications qui comptent plus de 5 000 spectateurs ou membres.
Source : Iran HRM
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