mardi 6 août 2013

Iran: Rohani défend le «droit inaliénable» du régime à enrichir l'uranium

AFP: L’Iran est prêt à des «négociations sérieuses sans perte de temps» avec les grandes puissances pour résoudre la crise du nucléaire iranien, a déclaré mardi le nouveau président Hassan Rohani lors de sa première conférence de presse.
«Nous sommes prêts à des négociations sérieuses sans perte de temps» avec les puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne), a déclaré Rohani se disant «certain que si l’autre partie est prête, les inquiétudes (des Occidentaux, ndlr) seront levées rapidement.»
«Le programme nucléaire est une question nationale. Le gouvernement insiste sur les droits nucléaires conformes aux règles internationales. Nous ne céderons pas sur les droits de notre nation mais nous sommes partisans de dialogue et d’entente», a ajouté Rohani.
«En tant que président je déclaré que la République islamique a une volonté politique sérieuse pour régler la question (nucléaire) en préservant les droits de l’Iran et dans le même temps répondre aux inquiétudes de l’autre partie», a-t-il dit encore. Rohani a également critiqué les dirigeants américains qui «comprennent mal» l’Iran. «Le récent communiqué de la Maison Blanche montre que certains dirigeants américains comprennent mal les réalités de l’Iran et des récentes élections», a déclaré Rohani. Il a par ailleurs affirmé que l’enrichissement d’uranium était le «droit indéniable» de l’Iran.
«Personne n’a dit en Iran qu’on cessera l’enrichissement d’uranium. Personne et à aucun moment. C’est clair que c’est le droit indéniable de l’Iran», a déclaré M. Rohani.
Il a aussi critiqué les lois votées par la chambre des représentants et les appels de sénateurs américains à un durcissement des sanctions contre l’Iran. «Malheureusement aux Etats-Unis, il y a des groupes de pression, des va-t-en guerre hostiles à un dialogue constructif, qui cherchent à assurer les intérêts d’un pays étranger (Israël, ndlr) et y prennent leurs ordres», a ajouté Rohani en faisant référence au vote récent par la chambre des représentants d’une loi qui vise à empêcher toutes les exportations pétrolières de l’Iran.
«Les intérêts d’un pays étranger (Israël, ndlr) et d’un groupe ont été imposés aux députés américains et nous disons que cela ne répond pas aux intérêts des Etats-Unis», a-t-il ajouté.
Le nouveau président iranien, qui a été chef des négociateurs sur le dossier nucléaire au début des années 2000 et avait accepté à l’époque la suspension de l’enrichissement d’uranium, s’est prononcé mardi pour «des négociations gagnant-gagnant», précisant qu’il allait nommer une nouvelle «équipe de négociateurs» pour reprendre les discussions.
Les Etats-Unis veulent des «discussions significatives»
La représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a écrit directement au nouveau président iranien Hassan Rohani, souhaitant des «discussions significatives» sur le nucléaire.
«Le peuple iranien vous a donné un mandat fort pour engager le dialogue et la coopération avec la communauté internationale afin de rechercher une solution rapide à ses sérieuses préoccupations sur les activités nucléaires de l’Iran», écrit Ashton dans cette courte lettre rendue publique mardi par ses services.
«Je vous écris pour vous dire que, avec les 5+1, je me tiens prête à continuer les pourparlers pour trouver une solution aussi rapidement que possible. J’espère que nous allons pouvoir programmer des discussions significatives avec votre équipe de négociateurs dès que possible», poursuit Ashton, qui négocie depuis des années avec Téhéran au nom des grandes puissances.
A la mi-mai, Ashton avait une nouvelle fois rencontré le négociateur iranien Saïd Jalili à Istanbul pour discuter du programme nucléaire de Téhéran. Jalili avait indiqué que les entretiens avaient été «longs et utiles», et que les parties avaient décidé de poursuivre leurs négociations, après une réunion infructueuse en avril au Kazakhstan.
«L’Union européenne espère que sous votre direction, il y aura de nouvelles possibilités de travailler ensemble afin de réduire les tensions régionales et de promouvoir le respect des droits de l’Homme», conclut Ashton dans son courrier.
La Russie condamne l'idée de nouvelles sanctions
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a quant à lui estimé qu’imposer de nouvelles sanctions à l’Iran, alors qu’un nouveau président vient d’être investi, allait à l’encontre des intérêts de la communauté internationale et de ses objectifs de non-prolifération nucléaire.
«Alors que le nouveau président iranien prend ses fonctions, qu’un nouveau gouvernement se forme, il est proposé de prendre de nouvelles sanctions unilatérales pour asphyxier l’Iran sur les plans économiques et financier, je pense que ces idées vont à l’encontre des intérêts fondamentaux de la communauté internationale, de l’objectif de garantir le régime de non-prolifération des armes nucléaires», a déclaré  Lavrov, selon l’agence de presse Interfax.
«Nous sommes absolument d’accord avec ce qu’il a dit. Régler ce problème, comme tout autre problème, ne doit pas se faire via des ultimatums, mais sur la base d’un respect du partenaire, et cette base existe dans le cadre des négociations» au sein du groupe 5+1, a souligné Lavrov.

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